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Histoire

1914, le destin du monde, Max Gallo

Ecrit par Vincent Robin , le Vendredi, 11 Octobre 2013. , dans Histoire, Les Livres, Critiques, La Une Livres

1914, le destin du monde, XO Editions, février 2013, 368 pages, 19,90 € . Ecrivain(s): Max Gallo

Dérèglements climatiques, éruptions volcaniques, tsunamis, tremblements de terre, calamités naturelles… Face à ces phénomènes déconcertants, toujours l’humain chercha d’abord des explications puis imagina les moyens de réduire son immense vulnérabilité. Du chinois Zhang Heng – génial inventeur du premier sismographe au second siècle de notre ère – jusqu’à nos jours, la science et les théories de ceux qui la mettent en lumière initièrent en effet progressivement des dispositions sensiblement préventives, notamment face aux imprévisibles accidents de la géophysique, à la fois catastrophiques pour le monde du vivant et d’une arrogante fatalité pour les esprits. Au fil du temps alors, grâce à la conjugaison des approches et des analyses, des examens rapprochés et des expérimentations resserrées, les infimes petits pas gagnés par le scientifique sur la compréhension générale des lois naturelles se commuèrent peu à peu en bonds fructueux vers certaines résolutions salutaires. L’amélioration des moyens de sauvegarde s’exprima dès lors dans l’élaboration de relatives parades (constructions antisismiques / réflexes éduqués des populations) ainsi que dans le perfectionnement constant de leur technicité. Rien qui ne permette encore à l’heure actuelle de maîtriser vraiment les humeurs soudainement furibondes et dévastatrices de la planète, certes. Mais, à l’instar du sismographe originel constamment amélioré, tout de même de quoi parfois crier gare et même souvent d’anticiper pour le salut des populations ni plus ni moins qu’exposées à de collectifs et inopinés dangers d’extermination…

Mémoire et image. Regards sur la Catastrophe arménienne, Marie-Aude Baronian

Ecrit par Arnaud Genon , le Vendredi, 04 Octobre 2013. , dans Histoire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, L'Âge d'Homme

Mémoire et image. Regards sur la Catastrophe arménienne, 2013, 180 p. 19 € . Ecrivain(s): Marie-Aude Baronian Edition: L'Âge d'Homme

 

 

Le génocide arménien de 1915, le premier du XXe siècle, « se distingue à la fois par sa fonction inauguratrice et par sa non-reconnaissance qui n’en est pas moins son accomplissement et sa “réussite” » note Marie-Aude Baronian, dès les premières pages de son essai. L’oubli dont il souffre et l’impunité dont il a bénéficié fit de lui un « mode d’emploi à l’usage du parti nazi ». Mais penser la mémoire du génocide aujourd’hui amène à distinguer cette Catastrophe de celle qui lui succèdera. Il est vrai, en ce qui concerne la Shoah, que les images ont participé à la prise de conscience visuelle de l’horreur et à la transmission mémorielle alors que le génocide arménien se confronte, lui, à une perte de mémoire, due justement à l’absence de la circulation d’images. C’est sur cet aspect particulier que le présent ouvrage se penche. Comment se transmet la Mémoire d’un génocide sans images ? Que dire « de la traduction et des représentations visuelles de la Catastrophe » proposées par des artistes arméniens contemporains tels que Atom Egoyan, Gariné Torossian ou Mekhitar Garabedian ?

La milice française, Michèle Cointet

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 27 Septembre 2013. , dans Histoire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Fayard

La milice française, août 2013, 341 pages, 23 € . Ecrivain(s): Michèle Cointet Edition: Fayard

 

Les Français ont eu, longtemps, du mal à regarder en face l’histoire de l’Occupation, du régime de Vichy, considérés comme des révélateurs désagréables de certains pans de l’histoire de France, de l’existence de courants d’idées contraires à nos valeurs républicaines. Michèle Cointet, historienne spécialisée dans l’histoire de la Collaboration, de la Résistance, et du gaullisme, énonce dans son livre La Milice française un terrible constat : la Milice, par ses crimes et ses exactions, s’est hissée au même niveau de barbarie que les SS, confirmant ainsi le caractère décisif, et douloureux, d’un réexamen de cette période de l’Histoire de notre pays, dramatique à plus d’un titre.

Ce qui frappe, dès les premiers paragraphes, c’est le malentendu originel sur lequel est fondée la création de la Milice le 31 janvier 1943. Laval, en confiant le commandement de ce corps à Joseph Darnand, pense que « ses hommes l’aideront sans trop l’engager. Sur cette erreur commence l’aventure de la Milice française ».

Morat (1476) L'indépendance des cantons suisses, Pierre Streit

Ecrit par Vincent Robin , le Samedi, 07 Septembre 2013. , dans Histoire, Les Livres, Livres décortiqués, La Une Livres

Morat (1476), L’indépendance des cantons suisses, Editions Economica, 2013, 104 pages, 23 € . Ecrivain(s): Pierre Streit

 

Saint-Claude (Franche-Comté et territoire de Bourgogne), le 25 juin 1476 : « … les ennemis étaient déjà dans le camp, où ils massacraient tout ; presque toute l’infanterie est détruite, de même que les archers ; il ne pouvait en être autrement. J’en ai vu plusieurs qui se jetaient à terre, enlevaient leur casque et attendaient la mort les bras étendus. On peut compter qu’environ dix mille fantassins, fournisseurs de l’armée (et hommes du train) sont restés sur le carreau, ainsi que beaucoup de cavaliers… » (p.86).

Dressant le compte des pertes subies en Suisse par le duc de Bourgogne trois jours auparavant, ces quelques lignes sont celles que l’Italien Jean-Pierre Panigarola adressait à son maître, le duc de Milan. Détaché auprès de la cour de Dijon, cet ambassadeur avait alors suivi son hôte, Charles le Téméraire, sur le terrain de ce qui devint pour ce souverain éminent de l’ouest européen, sinon le plus grave, sans doute le plus conséquent échec militaire de sa carrière. Sûrement alors, un tel sévère et décisif revers stratégique (le second en une courte période) essuyé par le cousin honni de Louis XI (« l’invincible araigne »), annonçait au diplomate lombard le début de la fin et même la perdition prochaine de son accueillant protecteur.

Le temps des Capétiens (une histoire personnelle de la France), Claude Gauvard

Ecrit par Vincent Robin , le Vendredi, 21 Juin 2013. , dans Histoire, Les Livres, Livres décortiqués, La Une Livres

Le temps des Capétiens (Une histoire personnelle de la France), PUF, 2013, 200 pages, 14 € . Ecrivain(s): Claude Gauvard

 

Dans la présentation de son ouvrage intitulé Le Moyen Âge (1987), le charismatique professeur au Collège de France Georges Duby prévenait : « Ma tâche est d’écrire le début d’une histoire de France ». Il interrogeait aussitôt : « Quand commence-t-elle ? ». L’académicien avouait alors humblement « prendre l’histoire en marche ». Ce pourquoi il restreignait son champ d’exploration à la « tranche du passé » la plus connue de lui. Elle se situait depuis la charnière de l’an mil jusqu’au XIIIe siècle en se limitant aussi à l’espace occidental européen.

Vingt-cinq ans après lui, la médiéviste Claude Gauvard aborde ce même cadre historique sous une manière de revendication originale. Mais après le Temps des cathédrales du même Duby paru en 1976, le présent livre de l’érudite, annoncé sous le titre Le Temps des Capétiens, ne saurait cependant détourner d’un immédiat soupçon d’emprunt ou même de réemploi. L’historienne éclaire ainsi de son intention : « Ces trois siècles ont façonné le paysage de la France. Je vais en rendre compte à l’aide d’une chronologie respectant à la fois le temps long de ces transformations, et le moment précis des scansions politiques » (p.7).