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Fantastique

Le Silmarillion, J.R.R. Tolkien (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 01 Février 2023. , dans Fantastique, Les Livres, Critiques, Science-fiction, La Une Livres, Iles britanniques, Christian Bourgois

Le Silmarillion, J.R.R. Tolkien, Christian Bourgois, septembre 2022, trad. anglais, Daniel Lauzon, ill. Ted Nasmith, 480 pages, 24,90 € . Ecrivain(s): J. R. R. Tolkien Edition: Christian Bourgois

 

L’histoire veut que lorsque Tolkien, fort du succès de librairie du Hobbit en 1937, présenta à son éditeur, Allen & Unwin, mais aussi à Collins, Le Silmarillion, un lecteur d’un des comités de lecture rendit une note indiquant que le récit était fort mais trop teinté de mythologie pour être publié en même temps que Le Seigneur des Anneaux au mitan des années cinquante. Cette raison est doublée d’une autre, plus pragmatique : les frais d’impression étaient alors toujours très élevés en Angleterre, et ajouter un quatrième volume, à la destinée moins certaine, à ceux du Seigneur des Anneaux, était prendre un risque inconsidéré. Tolkien reprit son manuscrit mais n’arrêta pas pour autant de s’atteler à son œuvre, son grand œuvre probablement, entamé vingt ans avant la publication du Hobbit et poursuivi jusqu’à sa mort en 1973 – c’est son fils Christopher qui, à la demande de son père, organisa en un volume cohérent un ensemble d’histoires dispersées sur des milliers de pages manuscrites mais pas disparates en 1977. Et naquit la légende.

La Maison hantée, Shirley Jackson (par Jacques Desrosiers)

Ecrit par Jacques Desrosiers , le Mercredi, 23 Septembre 2020. , dans Fantastique, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Rivages/noir

La Maison hantée, Shirley Jackson, trad. anglais (USA) Dominique Mols, Fabienne Duvigneau, 270 pages, 8,20 € Edition: Rivages/noir

 

La Maison hantée (1959) de Shirley Jackson, tout comme sa plus célèbre nouvelle, La Loterie, est fait pour vous maintenir sur la corde raide du début jusqu’au-delà de la fin, parce que Jackson ne cherche pas à résoudre une énigme ou dénouer une situation, mais à révéler, à travers l’horreur ordinaire, de sombres vérités humaines. Les humains en question avaient d’ailleurs réagi violemment à la parution de La Loterie dans le New Yorker en 1948 : déluge de plaintes à la revue, désabonnements massifs, on lui demanda de s’excuser d’avoir écrit une telle histoire, et les gens du village de la côte Est où elle vivait, même le facteur, cessèrent de lui adresser la parole. Des crédules voulaient savoir où pouvait bien se dérouler ce genre de tombola aux États-Unis. Jackson a bravement ignoré toutes les demandes, n’a jamais accepté d’expliquer cette histoire à glacer le sang. Si une barbarie sauvage pouvait faire irruption dans de tranquilles villages une fois l’an par fidélité à une ancienne coutume, c’est qu’elle était incrustée à l’intérieur des familles, entre les parents, les enfants, les voisins, les amis.

Anatomie de l’horreur, Stephen King (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 03 Février 2020. , dans Fantastique, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, USA, Albin Michel

Anatomie de l’horreur, 2018, trad. anglais (USA) Jean-Daniel Brèque, 620 pages, 24,90 € . Ecrivain(s): Stephen King Edition: Albin Michel

 

Adulé par le public, mais longtemps boudé par les critiques qui écrivent dans les suppléments littéraires des quotidiens, Stephen King a consacré sa carrière à un sous-genre considéré (à tort) comme mineur, voire infréquentable : le roman d’horreur. Il s’intéressa également au cinéma, à la fois comme spectateur de films et lorsque le 7ème art vint frapper à la porte de son bureau pour transposer ses livres (King semble un des rares écrivains satisfaits des adaptations cinématographiques de leurs œuvres. Il est vrai que John Carpenter, Brian De Palma et surtout Stanley Kubrick ne sont pas les premiers venus).

Anatomie de l’horreur fournit une occasion privilégiée d’ouvrir la porte de ce bureau et d’y jeter un long regard. King y présente le bilan d’une vie de lecture et d’écriture, à travers les œuvres qui l’ont marqué et non sans insister sur les différences radicales entre la littérature et le cinéma (les œuvres les plus « littéraires » étant les moins « cinématographiques », comme l’ont montré les échecs répétés – quand on a seulement tenté l’entreprise – des adaptations de Cervantès, Proust, Borges ou Joyce).

Petite sœur la mort, William Gay (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 02 Mars 2017. , dans Fantastique, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Seuil

Petite sœur la mort (Little Sister Death), trad. américain Jean-Paul Gratias, mars 2017, 270 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): William Gay Edition: Seuil

Et l’arbre couleur de feuilles de mille couleurs différentes

Parla, et toutes les feuilles voltigèrent en l’air

Et tournoyèrent autour du tronc ; et l’arbre était un

Vieillard à la barbe blanche resplendissante comme

Une cuirasse d’argent, et les feuilles étaient des oiseaux.

« Que dis-tu, bon saint François ?

Petite Sœur la Mort » dit le bon saint François

William Faulkner, Mayday

(Extrait de l’épigraphe du roman)

 

Le titre français, et le titre original (Little Sister Death), sont donc une référence à un texte peu connu de Faulkner.

Le cocher, Selma Lagerlöf

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mercredi, 07 Décembre 2016. , dans Fantastique, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays nordiques, Récits, Babel (Actes Sud)

Le cocher (Körkalen, 1912), trad. suédois Marc de Gouvenain, Lena Grumbach, 152 pages . Ecrivain(s): Selma Lagerlöf Edition: Babel (Actes Sud)

 

 

Ce récit publié peu avant la « grande guerre » est sans doute de ceux qui témoignent des derniers éclats du romantisme et du post-romantisme avant la grande bascule. Il peut aujourd’hui nous sembler vraiment appartenir à un autre temps qui serait si révolu qu’il en deviendrait pour nous exotique, quasiment incompréhensible. C’est qu’il y a quelque chose dans ce récit des danses macabres, celles mises en images par nombres de peintres au cours des siècles (de Jérôme Bosch à Holbein, pour n’en citer que deux), par des musiciens au cours des grandes années du romantisme (Saint-Saëns ou Franz Liszt, par exemple). S’y ajoute la touche moraliste propre à cette époque, que l’on peut aussi trouver désuète et bien mélodramatique, et qui n’est pas sans rappeler le ton d’une autre grande plume scandinave, celle d’Andersen.