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Espaces 34

 

Les Éditions Espaces 34 : théâtre contemporain, théâtre du XVIIIe, traductions et théâtre jeunesse.

 

Un Batman dans ta tête, David Léon

Ecrit par Marie du Crest , le Jeudi, 24 Octobre 2013. , dans Espaces 34, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Théâtre

Un Batman dans ta tête, 2011, 64 pages, 11,50 € . Ecrivain(s): David Léon Edition: Espaces 34

Les deux derniers mots


Le monologue tient une place particulière dans la longue histoire du théâtre, au point de s’émanciper pour devenir un genre, une œuvre, et ne plus être seulement un moment de la parole comique ou tragique, sans doute parce qu’il peut sonder l’âme humaine avec une acuité, une puissance langagière hors norme. La pièce de David Léon s’inscrit dans cette perspective contemporaine de la parole interdite, déréglée. Faire entendre cette voix-là, c’est justement ce que donne le texte de Un Batman dans sa tête.

Toutefois il faut aller un peu plus loin dans cette approche. En effet, il ne s’agit pas ici de monologue mais d’un « soliloque masculin ». David Léon fait soliloquer le jeune Matthieu, c’est-à-dire, à en croire la définition de ce verbe, le faire parler à soi-même, mais aussi lui faire répondre à une interrogation qu’il se pose à lui-même. L’architecture de la pièce repose sur cette binarité : lancer la machine de la parole sans continuum et trouver enfin le moyen de prononcer les deux derniers mots du texte. Le soliloque est verbe fou ?

Buffles, une fable urbaine, Pau Mirò

Ecrit par Marie du Crest , le Lundi, 30 Septembre 2013. , dans Espaces 34, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Espagne, Théâtre

Buffles, une fable urbaine, traduit du catalan par Clarice Plasteig Dit Cassou, 2013, Collection théâtre contemporain en traduction avec le soutien de la maison Antoine Vitez, 65 p. 12,50 € . Ecrivain(s): Pau Mirò Edition: Espaces 34

Le pouvoir des fables


Comme souvent, les trilogies littéraires, musicales, théâtrales nous invitent à découvrir les œuvres à la fois comme uniques et chorales. L’œuvre de Pau Mirò n’échappe pas à ces découvertes subtiles, à ce va-et-vient du sens. Buffles est le commencement. Le commencement de la fable urbaine, celle de l’incertitude entre la figure animale, promise par le titre et la figure humaine, que le premier mot « Max » entérine. La voix qui nous parle, réunie aux autres personnages (« nous » p.11) se dit animale à la fin du premier moment du récit, p.12 :

Les herbes et les branches qu’on mâchait

paraissaient plus dures,

les feuilles paraissaient plus amères aussi.

Les invisibles, Claudine Galea

Ecrit par Marie du Crest , le Lundi, 24 Juin 2013. , dans Espaces 34, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Théâtre

Les invisibles, 2013, 73 pages, 12,80 € . Ecrivain(s): Claudine Galea Edition: Espaces 34

 

Théâtre aux Editions Espace 34 :

 

L’été où le ciel  s’est renversé, 2012

Au bord, 2010

Les chants du silence rouge, 2008

Les idiots, 2004

Je reviens de loin, 2003

 

La parole des invisibles


Qui sont les INVISIBLES ? CEUX QUE L’ON NE VOIT PAS.

Guérillères ordinaires, poèmes dramatiques

Ecrit par Marie du Crest , le Mardi, 16 Avril 2013. , dans Espaces 34, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Théâtre

Guerillères ordinaires, poèmes dramatiques, 2013, 75 pages, 12,80 € . Ecrivain(s): Magali Mougel Edition: Espaces 34

 

Les guérillères ordinaires ou les trois guerrières tragiques


Les éditions espaces 34 ont réuni trois poèmes dramatiques de Magali Mougel : Les guerrillères ordinaires forment une trilogie fondée sur le destin de trois femmes dont nous entendons le monologue. Elles ont face à elles trois figures masculines qui leur font violence, Georg, le mari, Egon Framm le patron et enfin le père chasseur dans le dernier texte. Elles choisissent toutes les trois la violence de la mort pour se libérer. La mère à l’existence rangée dans le quartier français de Séoul ; Lilith est une mère infanticide : ses « deux petits princes » reposent dans des tiroirs du congélateur familial. Son histoire rappelle à grands traits l’affaire Véronique Courjault qui avait bouleversé l’opinion publique en 2009. Sa sœur de souffrance, Léda Burdy, pour garder son emploi d’hôtesse d’accueil, détruit son corps pour porter du 34 répondant aux exigences de son patron, Egon, Zeus ordinaire et implacable. Enfin la jeune lesbienne trahit son amie que les chasseurs tueront comme du gibier. Elles portent la mort, comme des combattantes des guerres dans la folie des jungles.

Oswald de nuit, triptyque, Samuel Gallet

Ecrit par Marie du Crest , le Vendredi, 01 Février 2013. , dans Espaces 34, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Théâtre

Oswald de nuit, triptyque, 2012, 50 p. 11 € . Ecrivain(s): Samuel Gallet Edition: Espaces 34

Le Rock est poème - le rock est théâtre

 

Au fond, le théâtre n’a jamais cessé d’être poétique, en vers ou en prose : Racine, Claudel… Il est poésie dans son verbe et poésie en acte : visions de Wilson, Living theatre… Samuel Gallet pense son texte à la fois comme musique, rythme, sons et voix ; il dédie son texte aux musiciens Baptiste Tanné et Melissa Acchiardi. La musique et la poésie sont sœurs. Oswald de nuit sonne comme un écho au si beau Gaspard de la nuit de Bertrand. Et Samuel Gallet se place sous l’ombre tutélaire de Rilke dans son épigraphe.

Oswald, l’être plutôt que le personnage, porte un nom qui claque comme celui d’un assassin américain, bien loin de la douceur du fiancé de Zénaïde de Tardieu. Oswald est au centre du premier volet du triptyque, l’Ennemi sera le second, et peut-être Rosa le panneau central. Vocabulaire de peinture, pourquoi pas puisque le texte ne s’enferme pas dans les conventions dramatiques. Par exemple, le nom des personnages en didascalies n’apparaît qu’une fois lors d’un dialogue Lucie/Oswald (5-pp.22-23), de longs passages en italiques décrivent le personnage dans une logique strophique et incantatoire avec des retours réguliers à la ligne à la façon d’un leitmotiv :