L’enlèvement d’Europe
Pour la première fois, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, 90 députés de l’AFD (alternative pour l’Allemagne) font leur entrée au Bundestag. Ce parti récent, d’abord anti-Europe, s’est affirmé peu à peu comme hostile aux entrées de migrants sur le territoire fédéral, à la suite de la politique « ouverte » de la Chancelière, réaffirmant aussi des valeurs « germaniques ». D’une certaine manière, la pièce de Christophe Tostain, L’homme brûlé, témoigne du climat mortifère qui s’étend sur le Vieux Continent et des électorats favorables au rejet des « étrangers ». En ce domaine, il s’agit non seulement du cas allemand mais aussi des politiques menées en Hongrie, en Pologne ou de la percée d’organisations proches du néo-nazisme comme Aube dorée en Grèce. Les personnages de la pièce d’ailleurs ont des prénoms qui ne s’inscrivent pas dans un seul territoire onomastique : la famille avec le père Anton, son épouse Léna, et leur fils Boris pourraient être russes tandis que l’amoureuse de Boris s’appelle Alice. Nous sommes seulement quelque part en Europe, dans un « Petit village » relié par autocar à « une Grande Ville », parfois les personnages entre eux usent de mots anglais pour s’adresser à l’autre : « mother, Johnnie ».