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Critiques

Une vie entière, Robert Seethaler

Ecrit par Stéphane Bret , le Jeudi, 15 Octobre 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Langue allemande, Roman, Sabine Wespieser

Une vie entière, octobre 2015, traduit de l’allemand (Autriche) par Élisabeth Landes, 157 pages, 18 € . Ecrivain(s): Robert Seethaler Edition: Sabine Wespieser

 

La vie peut-elle être désespérante ? Et dans ce cas, pourquoi s’accrocher à elle ? Ces questions trouvent des réponses dans le roman, saisissant, de Robert Seethaler, Une vie entière. Il s’agit de la vie d’Andreas Egger, jeune paysan né – peut-être ? – le 15 août 1898, dans un village des alpes autrichiennes. Il naît orphelin, battu par l’homme qui l’a recueilli chez lui, un certain Kranzstocker, au point de le rendre boiteux. Le roman débute par la découverte faite par Andreas Egger de Jean des Cornes. Ce dernier agonise sur sa paillasse, Andreas Egger le porte jusqu’au village sur un sentier de montagne long de plus de trois kilomètres. Premières souffrances, douleurs préliminaires de la vie.

Il tombe amoureux de Marie, jeune femme embauchée à la ferme où il travaille, parvient à la rejoindre clandestinement dans le village, mais ne parvient pas à entamer une relation pleine avec cette femme, ne peut lui exprimer son amour, faute de maîtrise suffisante du langage, et ne peut consommer cette relation jusqu’à son terme naturel…

Comment va la douleur ?, Pascal Garnier

Ecrit par Guy Donikian , le Jeudi, 15 Octobre 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Zulma

Comment va la douleur, octobre 2015, 188 pages, 8,95 € . Ecrivain(s): Pascal Garnier Edition: Zulma

Les éditions Zulma éditèrent pour la première fois Comment va la douleur de Pascal Garnier en 2006. Et en 2015 le même éditeur publie à nouveau ce petit roman qu’on pourrait classer et dans la littérature française et dans les romans policiers. Cet auteur qui choisit l’Ardèche pour écrire disparaît en 2010 et laisse derrière lui un œuvre relativement abondante et diverse puisqu’il aura écrit des polars, des textes littéraires et des livres pour la jeunesse. On se souvient du bonheur de lecture que fut Cartons, écrit dans cette maison ardéchoise où il s’installa pour écrire.

C’est à ce même plaisir que nous convie Comment va la douleur, un plaisir de lecture dont on ne perçoit les raisons qu’a posteriori. Il y a comme une délicatesse dans l’écriture, non pas pour le choix des mots mais pour leur emploi ; Pascal Garnier avait cette aisance qui fait que tout semble aller de soi dans ses textes, et particulièrement dans celui-ci. Et cette écriture « facile » n’est pas au service de grandes idées mais sert les descriptions les plus banales, descriptions de lieux et de personnages dans lesquelles l’auteur a le don de la critique de nos sociétés en quelques mots. Exit les grandes déclarations, un mot ici ou là suffit à nous faire saisir l’absurdité d’un monde. « Tous les abords de ville se ressemblent, partout dans le monde. Zones aléatoires, industrielles et commerciales, des non lieux, terra incognita de sigles lumineux promettant le bonheur éternel et absolu à tout acheteur de ceci ou de cela. Tant que l’on peut consommer on est en vie ».

Petite Histoire de la Caricature de Presse en 40 Images, Dominique Moncond’huy

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 14 Octobre 2015. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Folio (Gallimard)

Petite Histoire de la Caricature de Presse en 40 Images, juin 2015, 192 pages, 6,40 € . Ecrivain(s): Dominique Moncond’huy Edition: Folio (Gallimard)

 

La collection FolioPlus, comme chacun le sait, est avant tout destinée à un public scolaire ; mais comme chacun le sait aussi, on peut apprendre à tout âge et nul n’a jamais perdu son temps à feuilleter voire lire un FolioPlus, d’autant que, pour celui-ci, l’actualité s’en mêle quelque peu, puisqu’il propose une Petite Histoire de la Caricature de Presse en 40 Images, conçue par Dominique Moncond’huy.

Le lien à l’actualité est évident : le 7 janvier 2015, le journal satirique Charlie Hebdo subissait un attentat, événement qui a suscité nombre de questions relatives à la liberté d’expression. Pour autant, Moncond’huy a l’intelligence de ne pas évoquer directement cet attentat, évitant ainsi à son anthologie de devenir une thèse à charge ou à décharge ; non, elle présente un phénomène éditorial, la « caricature de presse », et ne prend pas position, ainsi qu’elle l’annonce dans une brève introduction :

Profession du père, Sorj Chalandon

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mardi, 13 Octobre 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Grasset, La rentrée littéraire

Profession du père, août 2015, 320 pages, 19 € . Ecrivain(s): Sorj Chalandon Edition: Grasset

Lors d’une soirée de présentation de son dernier roman, Profession du père, Sorj Chalandon souligne que dans chacun de ses romans, la figure du père, qu’il soit réel ou rêvé, occupe une dimension très forte. Dans celui-ci le père tient le rôle principal dans un huis clos familial intense. Face à lui, gravitent le fils aîné qui tient la place du narrateur, le cadet qui sert de contrepoint, la mère et des silhouettes extérieures au clan qui à leur tour interviennent dans le cours du récit, un ami d’école du fils, un américain énigmatique. Dans ce scénario improbable, l’intrigue va se dérouler avec un crescendo inexorable, depuis l’enfance du fils aîné jusqu’à sa maturité.

Le roman Profession du père de Sorj Chalandon débute le jour de la crémation du père André Choulans, un nom banal, une crémation qui fera disparaître toute trace de cet homme à jamais. La scène est cruelle puisque le fils aîné, Émile, est seul avec sa mère pour assister à la cérémonie. Peu à peu, il va remonter à rebours les étapes de sa vie familiale en essayant d’en décrypter les ressorts. On le suit pas à pas dans sa quête. Tout commence à la fin de la guerre d’Algérie en 1961 et se boucle en 2010, au moment où le fils devenu « restaurateur de tableaux » et père à son tour, écoute une bande enregistrée à son adresse par le père où celui-ci va dévoiler « sa vérité », « des révélations sur moi, sur ta mère, sur toi. Je veux juste que tu saches qui je suis vraiment ».

Ton père pour la vie, Antoine Silber

Ecrit par Arnaud Genon , le Mardi, 13 Octobre 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Arléa

Ton père pour la vie, août 2015, 152 pages, 18 € . Ecrivain(s): Antoine Silber Edition: Arléa

 

Au nom du père

On gardait du premier livre d’Antoine Silber un souvenir ému. Dans Le silence de ma mère, qui paraît ces jours-ci en édition de poche (1), l’écrivain avait brossé le portrait tendre de cet être mystérieux et fragile qu’était sa mère. Après nous avoir emmenés sur l’île de Patmos qui lui est chère (2), il offre dans son troisième livre un magnifique et bouleversant récit autofictionnel qu’il consacre cette fois-ci à son père.

Ton père pour la vie, c’est un peu le livre que chacun d’entre nous voudrait écrire sur son propre père, pour peu qu’on l’ait aimé. C’est un livre sur Michel Chrestien – Jacques Silberfeld de son vrai nom –, le père du narrateur-auteur, mais aussi le roman des amours filial et paternel réunis, de ce qui se joue au cœur de cette relation, de ce qu’elle implique dans la construction de soi. C’est un roman sur la famille, sur les racines, qu’elles soient géographiques ou religieuses. Sur ce qu’il reste de l’histoire des autres dans notre propre histoire.