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Asie

Dernières lettres de Montmartre, Qiu Miaojin (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 23 Janvier 2019. , dans Asie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Editions Noir sur Blanc

Dernières lettres de Montmartre, octobre 2018, trad. chinois de Taïwan, Emmanuelle Péchenart, 262 pages, 17 € . Ecrivain(s): Qiu Miaojin Edition: Editions Noir sur Blanc

Le roman épistolaire est un exercice complexe puisqu’il consiste à faire apparaître le fil continu d’une intrigue romanesque dans la juxtaposition/succession de fragments narratifs discontinus rapportés dans une collection de lettres. Depuis les Héroïdes d’Ovide jusqu’à l’apogée du genre au XVIIIe siècle, le roman par lettres a connu des succès retentissants dont, entre autres, les Liaisons dangereuses, les Lettres Persanes, les Lettres portugaisesLa Nouvelle-Héloïse

Qiu Miaojin renouvelle le genre.

L’intrigue est simple :

Le personnage principal est Zoé. Chinoise, elle séjourne à Paris pour approfondir sur place sa connaissance de la littérature française dont elle est une amatrice inconditionnelle, tout en s’adonnant parallèlement à l’écriture. Elle y vit une liaison passionnelle avec Xu, une jeune femme taïwanaise, durant trois ans. L’ensemble des lettres constitue, par l’accumulation de détails épars, un tableau en puzzle de cette relation et en exprime l’atmosphère par touches intermittentes, le sujet principal du roman étant toutefois la rupture de cette union que Zoé nomme elle-même « mariage ».

Hymnes à Shiva, Outpala Déva (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Vendredi, 09 Novembre 2018. , dans Asie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Arfuyen

Hymnes à Shiva, Outpala Déva, septembre 2018, trad. sanskrit David Dubois, 168 pages, 16 € Edition: Arfuyen

 

« Égaré par l’ivresse de ton amour,

je veux voir tout ceci :

le monde entier

comme étant Dieu

à travers mon corps, ma parole et mon esprit.

Et aussi, que toutes mes actions

soient une adoration ! » (7-8)

Le shivaïsme distingue, au sein du Principe suprême – Shiva, c’est-à-dire Dieu – trois aspects complémentaires, comme des « sortes d’archanges délégués » de Shiva – Brahma, principe de création ; Vishnou, principe de conservation ; Roudra, principe de destruction – voués à « des tâches subalternes au plan de la dualité (mâyâ) ».

La Somme de nos folies, Shih-Li Kow

Ecrit par Fanny Guyomard , le Mercredi, 22 Août 2018. , dans Asie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire, Zulma

La Somme de nos folies, août 2018, trad. anglais (Malaisie) Frédéric Grellier, 384 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Shih-Li Kow Edition: Zulma

 

« Il se passe des choses ici, il s’en passe ailleurs. C’est toujours pareil ». Mais il y a différentes manières de les raconter. Un art dans lequel Shih-Li Kow excelle.

L’auteur nous entraîne dans la Malaisie actuelle, entre la frémissante capitale Kuala Lumpur et un paisible village. Paisible ? Seulement en apparence. Car lorsqu’on y regarde de plus près, la vie campagnarde, loin d’être monotone, est rythmée par le caractère mordant des habitants. Aussi ravageurs que la pluie torrentielle qui ouvre le récit.

La grand-mère au fort caractère, la cinglée éleveuse de sangsues, la sentimentale et faussement dévote directrice d’un orphelinat, l’adorable transsexuel engagé… Cette panoplie de personnages fait monde commun, mais chacun défend sa cause, sa part d’irrationnel, sa petite folie personnelle.

Le Ministère du Bonheur Suprême, Arundhati Roy

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 12 Juin 2018. , dans Asie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard

Le Ministère du Bonheur Suprême, janvier 2018, trad. anglais (Inde) Irène Margit, 536 pages, 24 € . Ecrivain(s): Arundhati Roy Edition: Gallimard

 

Qui se laissera emporter par ce roman torrentueux de l’amont à l’aval se souviendra longtemps, peut-être à jamais, d’Anjum, dont la vie mouvementée, depuis le jour de sa naissance, est le fil de trame sur lequel va courir une immense chaîne narrative.

Anjum est née Aftab.

« La nuit où Jahanara Bégum lui donna naissance fut la plus heureuse de sa vie. Le lendemain matin, au soleil déjà haut, dans la douce chaleur de la chambre, elle démaillota le petit Aftab. Elle explora son corps minuscule […]. C’est à ce moment qu’elle découvrit, niché sous ses parties masculines, un petit organe, à peine formé, mais indubitablement féminin ».

Jahanara Bégum cache cette particularité hermaphrodite à son mari Mulaqat Ali, lequel, bien que descendant « en droite ligne de l’empereur moghol Gengis Khan », exerce le modeste métier de hakim (soigneur par les plantes), jusqu’au jour où Aftab est contraint de quitter, à l’âge de neuf ans, l’école de musique, ne supportant plus les railleries des autres enfants :

Le Foyer des mères heureuses, Amulya Malladi

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 25 Mai 2018. , dans Asie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Mercure de France

Le Foyer des mères heureuses, février 2018, trad. anglais (Inde) Josette Chicheportiche, 350 pages, 24,50 € . Ecrivain(s): Amulya Malladi Edition: Mercure de France

 

Amulya Malladi traite en ce roman un sujet actuel qui donne lieu à de multiples réactions, d’opposition ou d’adhésion, et qui incite nos sociétés à une réflexion d’ordre scientifique, moral, religieux, éthique : celui des mères porteuses.

Après plusieurs fausses couches, Priya, une Américaine fille d’un couple mixte américano-indien, se résout à avoir un enfant par le procédé de la Gestation Pour Autrui. Elle réussit, au prix de maintes disputes et discussions, à rallier à sa décision son époux Madhu, informaticien indien qu’elle a connu pendant qu’il poursuivait sa formation universitaire aux Etats-Unis, où il s’est installé après ses études.

Le couple prend contact avec un organisme indien spécialisé, dont la directrice, le docteur Swati, accueille dans une clinique ad hoc de jeunes femmes indiennes nécessiteuses, recrutées pour porter par insémination les futurs enfants de couples occidentaux stériles.