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Articles taggés avec: Wetzel Marc

Le Plein Silence, Marion Muller-Colard (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Vendredi, 12 Octobre 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Le Plein Silence, Marion Muller-Colard, Editions Labor et Fides (Genève), mars 2018, Aquarelles de Francine Carrillo, 88 pages, 16 €

 

Tout ici, dans ce recueil, est fin, utile et juste :

 

« Dans le silence et la douce ivresse du jeûne

il semble que ma vie

petit hérisson farouche

que je n’avais plus vu apparaître depuis si longtemps

trottine gaiement vers moi

et c’est une fête de retrouvailles » (p.46)

Ainsi parlait (Thus spoke) Herman Melville, Dits et maximes de vie, Thierry Gillybœuf (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mardi, 02 Octobre 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Ainsi parlait (Thus spoke) Herman Melville, Dits et maximes de vie, Thierry Gillybœuf, Édition bilingue, Arfuyen août 2018, trad. américain Thierry Gillybœuf, 176 pages, 14 €

 

A nouveau, un volume de cette petite collection (florilège chronologique de courts extraits d’un auteur) est une bénédiction. Je ne connaissais de Melville (1819-1891), comme presque tout le monde, que Achab et Bartleby, qu’un jeune marin orphelin, déserteur, évadé et mutin, un quadragénaire – romancier reconnu – qui d’un coup tombe dans l’oubli, la poésie, la dépression et l’alcool, et le tardif petit inspecteur des douanes enfin qui, le soir, dort à son bureau. Cette nette et sobre anthologie (parfaitement présentée, calibrée et traduite par Thierry Gillybœuf) révèle, derrière le génie littéraire, un penseur particulièrement inquiet et subtil.

C’est que Herman Melville a la tête spontanément métaphysique – voyons-le sur trois exemples – car il ne généralise pas ses observations, il universalise (sous l’égide d’être et néant, de vie et mort) ses intuitions. Ainsi, parlant banalement des insomnies du vieillard, il décide aussitôt du point le plus profond :

Ours, Olivier Deschizeaux, par Marc Wetzel

Ecrit par Marc Wetzel , le Vendredi, 13 Juillet 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

Ours, Olivier Deschizeaux, éditions Rougerie, avril 2018, 64 pages, 12 €

 

Ours, c’est, semble-t-il, un surnom d’orphelin. La fin de ce recueil dit très nettement pourquoi et comment :

« Avec ses yeux d’amour battu, avec son salut bafoué, et son corps épais comme les cieux, je la pleure en toutes mes nuits, en toutes mes enfances, puisque maman est un rêve devenu rive de spectres, une chambre d’hôpital d’où je m’enfuis la gorge nouée… » (p.58).

« Maman n’est plus là, la mort peut-être, l’amour sans doute, elle n’est plus dedans ni dehors, brisée par la démence, elle nous a quittés en claquant la porte d’un revers de la raison, elle est loin maintenant, assise en pleurant quelque part dans une grande maison aux murs blancs, gueulant dans les ténèbres avec pour seul souvenir cette étrange violence, maman est partie sans même nous adresser un regard, le visage défait par la folie, elle qui nous aimait tant. Je ne suis plus qu’errance et solitude, orphelin de tes bougies saintes, de tes mots cousus dans l’arbre noir qui s’enroule en moi » (p.59).

Avènement d’un rivage, Jacques Guigou

Ecrit par Marc Wetzel , le Jeudi, 31 Mai 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, L'Harmattan

Avènement d’un rivage, mars 2018, 66 pages, 10 € . Ecrivain(s): Jacques Guigou Edition: L'Harmattan

 

« Déplacé par les courants du Rhône

le rivage revient

chargées ou lestes

les saisons de son passé

signent ses lignes à venir

altérés insatisfaits

les sables de Petite Camargue

n’en finissent jamais

de faire des avances à la mer » (p.11)

Zé, Gus Sauzay

Ecrit par Marc Wetzel , le Vendredi, 18 Mai 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Nouvelles

Zé, Éditions Trente-trois morceaux, octobre 2017, 72 pages, 12 € . Ecrivain(s): Gus Sauzay

 

Zé a cinquante-deux sœurs, qu’il a le mérite d’assez bien connaître. On ne saura de lui que le destin congru que lui laissent leurs aventures successives.

Voici neuf d’entre elles, pour donner idée du monde (c’est son premier livre) de l’écrivain (36 ans) Gus (Guillaume ?) Sauzay :

« June, la deuxième sœur de Zé, a toujours refusé de devenir majorette, parce que les majorettes finissent toutes sous un tas de bûches ou dans une bétonneuse ».

« Belina, six ans, la sixième sœur de Zé, fait remarquer à sa mère que les oiseaux devraient voler sur le dos sous la pluie, s’ils voulaient se laver sous les bras ».

« La septième sœur de Zé est culturiste. Zé aime les énormes veines qu’elle a aux poignets, comme des racines de banyan sortant de terre ».