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Articles taggés avec: Mahdi Yasmina

Sous les branches de l’udala, Chinelo Okparanta, par Yasmina Mahdi

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 24 Août 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques, La rentrée littéraire, Les Livres

Sous les branches de l’udala, Chinelo Okparanta, Belfond, août 2018, trad. anglais (Nigéria) Carine Chichereau, 384 pages, 22 €

 

Dans le roman, Sous les branches de l’udala de la jeune auteure Chinelo Okparanta (née en 1981), le récit est campé à Ojoto (état d’Anambra au Nigéria). On y découvre des espèces rares de minuscules fleurs d’ixora en formes d’étoiles, de bois d’iroko et d’udalad’anacardiers de palmiers à huile, la nourriture locale de garide pois de terre, d’akamu et de feuilles d’oka ; une belle région, où « les arbres et les buissons devenaient alors aussi irréels qu’un mirage, et le soleil une tache indéfinie dans le ciel. (…) C’était le cycle normal des choses la saison des pluies, suivie par la saison sèche, et l’harmattan qui se repliait sur lui-même ».

D’emblée, je suis pénétrée par une sorte d’écriture messianique, entrecoupée de paraboles, d’exemples bibliques, refuge contre la violence d’hommes en armes qui abolissent la tranquillité de ces paysages paradisiaques. Ainsi, la toute jeune fille igbo, prénommée Ijeoma, se remémore l’image du père disparu, une image venue d’avant la guerre fratricide du Biafra, son « odeur de la pommade Morgan », celle du « fumet doux et épicé des akara ».

La Joie du matin, Betty Smith, par Yasmina Mahdi

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 13 Juillet 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

La Joie du matin (Joy in the morning), Belfond, juin 2018, trad. américain Gisèle Bernier, 17,50 €

1927 ou Les gens de Brooklyn

L’histoire de La Joie du matin se déroule en 1927 dans le Middle-West. À cette époque, le tabac et le chewing-gum envahissent déjà la consommation courante tout en côtoyant le crachoir, objet d’utilité publique pour la prévention de la tuberculose, présent dans tous les lieux publics jusque dans le saloon (nettoyer les crachoirs était une tâche infâme). Le dollar de 1927 équivalait à 0,225 francs (0,50782 euros) et les honoraires d’un médecin s’élevaient à 50 dollars. D’une manière très serrée, le roman commence par une course pour l’obtention de la fameuse licence (payante) pour le mariage civil, signifiant soit la pauvreté, le désaccord parental, la fuite ou un début de grossesse. Peut-être est-ce le début d’une liberté individuelle, d’une unité réduite au couple hors de la famille communautaire… L’on pourrait imaginer La Joie du matin comme le récit des descendants de migrants qui quittent Brooklyn, s’émancipant afin de tenter des études supérieures dans une ville moyenne de la région des Appalaches et des Rocheuses. L’entrée dans la société des jeunes mariés s’effectue avec peu d’argent, peu d’accessoires, à peine le strict minimum. Mais vivre sa vie est le mot-clé, incluant plaisir et douleur – trouver un travail pour pouvoir se loger, fumer, aller au cinéma, manger, joint à la crainte des obstacles à surmonter, du chômage, du manque d’argent.

Meryem sous le dattier - À propos du roman de Sinan Antoon, Ave Maria, par Yasmina Mahdi

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mardi, 03 Juillet 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

Sinan Antoon, Ave Maria, Sindbad Actes Sud, mai 2018, trad. arabe (Irak) Philippe Vigreux, 192 pages, 21 €

 

« À côté du Christ, Marie est la plus grande gloire du peuple juif »

Cardinal Francis Arinze

 

L’originalité du titre de ce roman de Sinan Antoon, Ave Maria indique l’orientation spirituelle de l’ouvrage, sous-entend les problématiques multiconfessionnelles entre les communautés religieuses orientales, remettant en question les préjugés qui induisent l’adage simpliste, arabe égal musulman. Néanmoins, Meryem/Marie est largement mentionnée dans le Coran (trad. Jean Grosjean) dans la Sourate XIX, Marie, de l’Annonciation et de l’enfantement de Jésus, et à la Sourate IV des femmes, « Oui, parce qu’ils n’ont pas cru – qu’ils ont horriblement calomnié Marie », et fait partie du culte musulman. Traité émouvant de rites catholiques distincts selon les églises syriaque ou chaldéenne.

Vinegar Girl, Anne Tyler, par Yasmina Mahdi

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 27 Juin 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

Vinegar Girl, Anne Tyler, Phébus, mai 2018, 224 pages, 19 €

La dernière musaraigne

Vinegar associé à d’autres termes comme piss and vinegar est la transcription familière de « désagréable, arrogante, aigre », et nous pouvons traduire vinegar girl comme fille à mauvais caractère. En quelques phrases, le décor est planté, et là est tout l’art de ce roman. Ainsi, dès les premières lignes de Vinegar Girl, l’on part de la partie traditionnellement réservée aux femmes, la maison, le jardin, la cuisine – l’espace domestique –, et plus tard, la petite école. Anne Tyler, l’auteure, détaille les occupations humaines et les relations interpersonnelles et met en perspective les rapports père-fille tranchants, leurs rangs sociaux inégaux : un spécialiste des maladies auto-immunes et une simple assistante maternelle ; anatomie d’un ratage ? Je cite ce passage touchant qui me semble partagé par toutes les écoles du monde : L’école occupait le sous-sol (…) les salles étaient ensoleillées et agréables, dotées de doubles portes donnant directement sur la cour. Tout au fond du bâtiment, à l’opposé des portes, une cloison avait été montée pour créer une salle des professeurs où les vieilles dames passaient de longs moments à siroter des tisanes en échangeant sur la diminution de leurs capacités physiques. Les assistants s’aventuraient parfois dans cette salle pour s’autoriser eux-mêmes une tasse de thé ou utiliser les toilettes réservées au corps enseignant, avec leurs lavabos et leurs sièges à hauteur d’adulte.

Sud, Didier Ben Loulou

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 20 Juin 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arts, Voyages, La Table Ronde

Sud, mai 2018, 96 pages, 24 € . Ecrivain(s): Didier Ben Loulou Edition: La Table Ronde

 

Sous les latitudes du soleil

Ce beau livre de photographies, sans texte ni commentaire, a pour seuls référents des dates, des lieux, des localités ou des portraits. Il s’agit peut-être de perpétuation de mythes plutôt que d’images artificielles prises de l’objectif d’un appareil quelconque. Les êtres y sont partie prenante car nés de pierres qui s’effritent, corrodées par le soleil, le sel et le temps. Chez Didier Ben Loulou, la couleur porte en elle sa signification propre. La source lumineuse, irrégulière, vient de l’émission de plusieurs spectres, et il en résulte de fortes concentrations ombrées. La température des saisons se lit comme un paysage, celui du sud de notre planète. Le jaune en est la teinte-relais mais n’est pas non plus le chromatisme dominant ; cette couleur phare laisse la place à l’ambré, au blond, au safrané, à l’ocre, au fauve, au terreux et au rouge sang.