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Articles taggés avec: Mahdi Yasmina

Expo "le Maître Fou" : Une peinture d’amour et de mort, Andrew Gilbert

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 21 Août 2013. , dans La Une CED, Documents, Les Dossiers

 

Une peinture d’amour et de mort, Andrew Gilbert, le Blanc et le Noir, Galerie Polad-Hardouin, 86 rue Quimcampoix 75003 Paris

 

« Et quand il se réveillait, tout était à recommencer. Cela n’aurait jamais de fin. Cela ne finirait jamais. C’était peut-être cela que ces chants avaient toujours voulu signifier ; peut-être ces chants ne menaient-ils pas les Noirs au ciel, mais poussaient plutôt les Blancs en enfer » (James Baldwin, Face à l’homme blanc)

Il y a presque une tendresse de la part d’Andrew Gilbert à évoquer, à travers le médium des arts plastiques, un pan de l’histoire coloniale la plus honteuse ; celle d’avoir pensé une hégémonie occidentale au nom d’une civilisation unique, réduisant l’Afrique, entre autre, en l’infériorisant, à sa part la plus petite, celle de femmes et d’hommes sous le joug, reniés, opprimés, massacrés. J’ai eu un choc en découvrant chez Polad-Hardouin, grande galerie du 3ème arrondissement de Paris, les peintures colorées, sur papier beige, d’un jeune artiste écossais né en 1980, qui a fréquenté les écoles d’art d’Edimbourg.

Bollywood : l'or indien

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 05 Décembre 2012. , dans La Une CED, Les Chroniques, Côté écrans

1) Bollywood : l’or indien

 

Devdas, le star-système indien

 

Devdas fait partie du cinéma dit populaire, à grand succès commercial, néanmoins de qualité, parvenu à la reconnaissance mondiale. C’est le film le plus coûteux de toute l’histoire du cinéma indien, avec la création originale de tous les décors. Devdas est à la fois le titre du film et le nom du héros.

Ce trompe-l’œil oriental doré, aux brillantes couleurs bollywoodiennes, est une œuvre qui a été sélectionnée à Cannes en 2002, et mise en scène par Sanjay Leela Bhansali, nommé meilleur réalisateur en 2003. Aïshwarya Rai Bachchan qui interprète Parvati, a été en 2003 la première actrice indienne membre du jury à Cannes. Shabukh Khan s’immisce intimement dans la peau de Devdas – Roméo indien –, éperdu d’amour pour Paro (Parvati) Radha – la pureté et Juliette… Le générique commence sur la maison de production Mega Bollywood, en lettrage doré, ce qui est explicite de la démesure de Devdas. Puis vient la dédicace « à mon père » sur fond rouge sang où les lettres et les noms s’inscrivent comme des tatouages, éclosent comme des signatures sur les images de la déesse Kali, entourée de femmes florales. Le premier mot prononcé est celui de « mère ».

Torn curtain (Le rideau déchiré), Alfred Hitchcock

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Lundi, 10 Septembre 2012. , dans La Une CED, Les Dossiers, Côté écrans

côté écrans

Le rideau de fer :

Après La Mort aux trousses (North by Northwest), en 1959, Alfred Hitchcock surenchérit avec un autre film d’espionnage, Le Rideau déchiré (Torn Curtain) en 1966. C’est la poursuite du genre, le suspense, en tant que tel, mais d’une facture peut-être plus artistique – détails sophistiqués, camaïeux de couleurs, soins apportés aux costumes, aux accessoires… C’est une œuvre sans doute moins connue, moins adoptée par le public et les cinéphiles comme référence absolue. Le titre, énigmatique aujourd’hui, est sûrement perceptible pour les spectateurs des années 60, renvoyant à la séparation Est/Ouest, à la guerre froide et à une terreur historique.

Les glissements de scénario, les changements d’attitudes, de lieux, les brusques revirements affectifs, les faux-semblants amicaux sont à la fois plus tranchés, plus radicaux et plus troubles. Par exemple, entre l’espion américain passé à l’Est, le professeur Armstrong (incarné par le beau Paul Newman, un symbole masculin américain fort), et le garde du corps passé à l’Ouest, Gromek, (joué par Wolfgang Kieling), ayant séjourné dans un lieu précis des Etats-Unis qui cite avec nostalgie des souvenirs culinaires, campe un décor, tout un lien de connivences se tisse. Ces échanges humains scandent le parcours des deux hommes, de l’étroite surveillance diplomatique jusqu’au crime le plus odieux.

L'étranger dans l'art (3)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 09 Mai 2012. , dans La Une CED, Etudes, Les Dossiers

 

Les nations européennes se vautrent dans l'opulence la plus ostentatoire. Cette opulence européenne est littéralement scandaleuse car elle a été bâtie sur le dos des esclaves, elle s'est nourrie du sang des esclaves, elle vient en droite ligne du sol et du sous-sol de ce monde sous-développé. Le bien-être et le progrès de l'Europe ont été bâtis avec la sueur et les cadavres des Nègres, des Arabes, des Indiens et des Jaunes. Cela nous décidons de ne plus l'oublier.

"Les Damnés de la Terre", Frantz Fanon

 

Deux dates cadrent étrangement: la mort de Matisse le 3 novembre 1954 et le début de l'insurrection algérienne le 1er novembre 1954. Les poncifs de la "grande nuit orientale", de ses "mystères impénétrables" sapent les traces de l'histoire et la violence de ses rencontres, d'"une nuit sans fin qui met à l'abri" [le sujet] "des réveils de l'histoire". (P. Vaudray) Les arts d'Afrique, d'Asie et d'Océanie, sont exposés dans différents musées, objets éparpillés, privés de leur sens initial, méconnaissables, fragmentaires. Ils survivent comme trophées vêtus de la domination occidentale.

L'étranger dans l'art (2)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mardi, 24 Avril 2012. , dans La Une CED, Etudes, Les Dossiers

« … le père travaille péniblement ce sucre que le Négrillon boit dans la même tasse avec sa riante maîtresse… ces négrillons et négrillonnes, empanachés et parfumés, on les achète… les reçoit en cadeau… Gouverneurs, intendants, grands colons, armateurs en offrent à tous ceux à qui ils veulent témoigner leur gratitude… Ainsi, les épouses des princes, des ministres, bref des grands de ce monde accueillent-elles dans leurs hôtels ces offrandes tropicales, comme de simples particuliers rangent dans leurs placards des citrons confits, quelques formes de sucre et une barrique de grains de café… On aime à les peindre auprès de grandes dames dont ils font ressortir l’éclat et la blancheur… »

 

L.-S. Mercier

 

Pendant des siècles, l’on fut persuadé que le beau en art était synonyme de blancheur immaculée. Au nom d’un idéal de noblesse et de pureté, – mouvement instauré à la fin du 18ème siècle –, on refusa la polychromie, jugée triviale. La sensibilité romantique et la naissance du courant orientaliste marquèrent, certes, un pas nouveau vers une reconsidération de différents types humains, mais accompagné d’un pittoresque colonialiste.