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Aimer sans savoir, être sans comprendre, Frederika Amalia Finkelstein (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 21 Décembre 2023. , dans La Une Livres, L'Arpenteur (Gallimard), Les Livres, Critiques, Roman

Aimer sans savoir, être sans comprendre, Frederika Amalia Finkelstein, Gallimard, Coll. L’Arpenteur, octobre 2023, 136 pages, 16 € Edition: L'Arpenteur (Gallimard)

« Cette chambre était celle de ma mère et c’est maintenant la mienne. Les chambres contiennent des strates de mémoire : elles sont comme les contes que l’on narre le soir aux enfants. Leur matière, leurs trésors se transmettent comme un flambeau, d’une mémoire à une autre, avec la tendresse et la fragilité d’un récit fantasque où tout est à peu près possible ».

Aimer sans savoir, être sans comprendre, est le troisième roman de Frederika Amalia Finkelstein, après L’Oubli, et Survivre, un roman de l’enfance et des origines, de l’Argentine où elles se cristallisent, roman de la perte et des disparitions. La narratrice revient dans l’appartement familial à Buenos Aires, d’où elle visualise sa maison d’enfance à Miramar, qui condense en un mot le désir de regarder la mer et d’avoir son regard qui s’y perd, ce roman est aussi celui du désir et du regard. L’appartement, cet îlot de vie et de résistance, a gardé toutes les traces vibrantes du passé, de ceux qui l’ont habité, sa mère, ses grands-parents, les murs l’ont protégé des atteintes du Temps et de l’oubli, pour sauvegarder la présence du défunt.

Hommage à Philippe Sollers, Collectif (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 07 Décembre 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Hommage à Philippe Sollers, Collectif, Gallimard, novembre 2023, 144 pages, 12 €

 

« C’est dans le village d’Ars que je serai enterré, près du carré des aviateurs anglais, australiens et néo-zélandais, tombés ici pendant la Seconde Guerre mondiale. Ils ont 22, 23 ans, ils sont pilotes ou mitrailleurs. Personne n’a réclamé leurs corps. Ce voisinage me plaît » (Navigation, Un Vrai Roman, Mémoires, Philippe Sollers, Plon, 2007).

« Que la promesse des “oiseaux nés libres”, comme ceux que tu aimais observer en Ré, te soie tenue, mon cher Philippe : “Où que nous allions, tout devient libre et ensoleillé autour de nous !”. Nous ne pouvons en douter » (Antoine Gallimard, Sollers à l’infini).

« Au fil du temps, dans des carnets, j’ai noté des phrases. Parfois je ne sais plus d’où elles viennent. Peu importe puisqu’il s’agit d’un unique livre, dont Sollers délivrait, régulièrement, des fragments » (Josyane Savigneau, Sollers et Lui).

« Vous le lisez et il est aussitôt présent, il marche avec vous, au milieu du désert comme au fond de la vallée verte, sur la plage comme le long des façades classiques de Bordeaux ou Venise » (Marc Pautrel, Le vrai corps est un texte).

Misericordia, Lídia Jorge (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 30 Novembre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Langue portugaise, Roman, Métailié

Misericordia, Lídia Jorge, Métailié, Bibliothèque portugaise, août 2023, trad. portugais, Elisabeth Monteiro Rodrigues, 416 pages, 22,50 € . Ecrivain(s): Lidia Jorge Edition: Métailié

 

« Avant j’avais l’habitude de demander qu’on me lise les informations, mais maintenant je ne veux plus. Dans la vie, naturellement, le bien succède au mal, dans les journaux, au contraire, on ne fait qu’ajouter du mal au mal, j’ai dit. J’ai précisé cependant que j’aimais toujours écouter lire, à présent que je n’arrivais plus par moi-même ».

« Oh ! Joie, conduis-moi à travers la rue tortueuse – la mort dort à la porte. Je la chasse avec ton bâton ».

Elle se nomme Maria Alberta Nunes Amado, et on l’appelle Dona Alberti. Misericordia est son journal, le journal de sa vie en maison de retraite, transformé en roman par sa fille Lídia Jorge. Un journal enregistré entre le 18 avril 2019 et le 19 avril 2020 dans sa chambre de l’Hôtel Paradis devenu maison de retraite. S’y ajoutent des notes manuscrites que l’auteur a glissées en fin de chaque chapitre, qui sont comme des éclats de vie et de joie. Elle s’enregistre car elle a du mal à écrire, à former les lettres. Les mots et les phrases offerts ainsi par la mère deviennent un roman sous la plume de sa fille.

Hommage à Bernard Manciet (sous la direction de Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 23 Novembre 2023. , dans La Une CED, Entretiens, Les Dossiers

 

Le romancier et poète gascon aurait eu cent ans le 27 septembre 2023, s'il ne nous avait quitté le 3 juin 2005, son œuvre exceptionnelle est toujours vivante, et vivifiante.

On lui doit trois romans parus entre 1964 et 1976 : Le Jeune homme de novembre (Lo Gojat de noveme), La pluie et Le chemin de terre (Editions In8 2018), et deux regards sur ses terres : Le Triangle des Landes et Le Golfe de Gascogne (Editions In8 2005).

L’œuvre la plus dense, riche, onirique et unique, est son œuvre poétique, dont le socle est L’Enterrement à Sabres (L’Enterrament a Sabres) - Mollat 1996 et Poésie Gallimard 2010.

Bernard Manciet était tout sauf un écrivain régional et encore moins régionaliste, il était écrivain, au sens qu’il embrassait et embrasait le monde dans ses romans et ses recueils de poésie, sa langue tellurique était le gascon, sa langue de sang et d’amitiés.

Les petits farceurs, Louis-Henri de La Rochefoucauld (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 17 Novembre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Robert Laffont

Les petits farceurs, Louis-Henri de La Rochefoucauld, éd. Robert Laffont, août 2023, 226 pages, 20 € Edition: Robert Laffont

 

« Les maudits, pourtant, ne mènent pas la grande vie. On ne peut pas avoir le spleen et l’argent du spleen. J’ai compris à son contact que je ne serais jamais quelqu’un. Je n’étais pas animé par la même énergie, ni par cette envie d’en découdre. Avoir eu des ancêtres bien placées à la Cour m’avait appris qu’il faut fuir une lumière trop éclatante, la disgrâce n’est jamais loin ».

Les petits farceurs est le roman d’un moraliste qui s’immerge armé de l’art du roman dans une nouvelle Cour, celle des maisons d’édition. Les petits farceurs trouve sa source au cœur de l’amitié entre deux jeunes étudiants, Henri qui devient le narrateur de ce roman, et Paul qui rêve de célébrité romanesque et qui y perdra son talent, ses rêves et sa vie. Henri va un rien gâcher sa carrière universitaire, préférant écrire dans Avant-Garde, un magazine qui « ne parlait que d’artistes louches dont je ne savais rien et de phénomènes générationnels encore plus improbables », il ne va pas y faire fortune mais bien s’y amuser, comme dans une comédie des Marx Brothers.