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Articles taggés avec: Chauché Philippe

Julien Gracq, Nora, une passion surréaliste, Roger Aïm (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 03 Avril 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais

Julien Gracq, Nora, une passion surréaliste, Roger Aïm, Editions Infimes, janvier 2024, Préface Irène Frain, 90 pages, 12 €

 

« À l’heure de l’apaisement du monde, Nora occupe l’intime de son être. Ancré dans sa timidité, il ne pouvait aimer qu’avec une passion retenue à l’écart de tous, son étoile Bulgare au regard doux, au sourire léger, à la démarche enjouée, née un 29 septembre 1921 à Sofia ».

« N’appartenant qu’à elle-même, volant toujours de ses propres ailes et dans les directions qu’elle assumera toujours de choisir, Nora, femme libre, sans fards, façonne sa liberté et construit, jour après jour, sa vision du bonheur ».

En lisant Julien Gracq, Nora, une passion surréaliste, on ne peut que rappeler que tout exercice d’admiration qui n’est pas porté par celui de la langue, est vain. Roger Aïm est l’un des grands lecteurs de Julien Gracq, fidèle à l’art romanesque et poétique de l’ermite de Saint-Florent-le-Vieil ; et les petits livres qu’il lui a consacrés (1) sont tous ambrés d’une même passion littéraire, nourris d’un exceptionnel savoir savoureux de l’œuvre de Julien Gracq.

Philippe Sollers entre les lignes, Pascal Louvrier (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 13 Mars 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Le Passeur

Philippe Sollers entre les lignes, Pascal Louvrier, Le Passeur Éditeur, février 2024, 260 pages, 18 € . Ecrivain(s): Pascal Louvrier Edition: Le Passeur

 

« On est à la Closerie des Lilas, dans cette partie tranquille de la brasserie qu’on appelle « Le Daumier ». Sollers y a sa petite table réservée en permanence. Endroit un peu sombre. Pas d’oreilles indiscrètes. À l’écart de l’agitation stérile. Deux bloody mary chacun. Ses traditionnels œufs- mayonnaise. Eau minérale. Pas de vin. La tête fraîche, les idées nettes. Pour pouvoir écrire deux ou trois pages durant l’après-midi ».

« L’existence se présente sous la forme de petits romans métaphysiques, où chaque instant compte. Jean a bien vu ce qu’il a vu, le tombeau est vide (Philippe Sollers, Graal, Gallimard, 2022).

Cet essai de Pascal Louvrier possède deux vies, la première en 1996 (Editions du Rocher), la seconde aujourd’hui (Le Passeur Éditeur), entre-temps, Philippe Sollers n’a cessé d’écrire des petits romans métaphysiques avant de se retirer dans son île, loin des propos et des regards malveillants, et si proche du « carré des aviateurs Anglais » du cimetière d’Ars-en-Ré.

Robinson des improbables, Gilles Lapouge (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 01 Mars 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits, Le Passeur

Robinson des improbables, Gilles Lapouge, textes établis et présentés par Éric Poindron, Le Passeur Éditeur, 2023, 242 pages, 15 € Edition: Le Passeur

 

« Chaque jour, j’écrivais et nous confrontions cette vie imagée. Gilles reprenait le stylo, précisait, ajoutait une anecdote et me rendait le texte. Comme une amitié à quatre mains. À la fin de cette aventure, Gilles me confia en lisant le manuscrit : “Quand tu racontes ma vie, c’est encore plus beau que si c’était ma vie”. Ce qui n’était pas très compliqué avec une telle vie » (Éric Poindron, Préface).

« À force de fréquenter mes timbres, leurs fruits, leurs oiseaux-mouches, leurs capitales, et les tampons appliqués des facteurs du Congo belge ou du Balouchistan, je m’étais confectionné un projet de carrière. Je serais exotique ».

Gilles Lapouge fit donc carrière dans l’exotisme, sa vie s’y conjugua, de Digne à Dellys et Oran en Algérie, de Marseille à Aix-en-Provence, puis de Paris à São-Paulo, et de São-Paulo à Paris, auxquels on peut ajouter mille autres destinations pour ce « voyageur étonné » et qui n’a cessé de nous surprendre et de nous étonner par ses romans et ses récits.

Nietzsche au piano, Frédéric Pajak (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 06 Février 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arts, Récits, Editions Noir sur Blanc

Nietzsche au piano, Frédéric Pajak, Les Editions Noir sur Blanc, janvier 2024, 96 pages, 15 € Edition: Editions Noir sur Blanc

 

« À le lire et à le relire, on s’aperçoit que la musique imprègne son écriture : ses phrases sont toujours musicales, ses livres sont des symphonies. Nietzsche est musicien avant tout ; la musique ne l’a jamais quitté. Sa vie se lit à livre ouvert dans les quelques partitions qu’il nous a laissées, et qu’il faut entendre pour ce qu’elles sont : des promesses ».

« Paris, la Provence, Florence, Jérusalem, Athènes, ces noms-là prouvent une chose : c’est que le génie ne saurait vivre sans un air sec et un ciel pur, c’est-à-dire sans échanges rapides, sans la possibilité de se ravitailler continuellement en énergie par énormes quantités » (Friedrich Nietzsche, Ecce Homo, traduction d’Alexandre Vialatte, 10/18).

Un Galgo ne vaut pas une Cartouche, Jean-François Fournier (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 25 Janvier 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Olivier Morattel éditeur

Un Galgo ne vaut pas une Cartouche, Jean-François Fournier, Olivier Morattel Éditeur, octobre 2023, 168 pages, 16,50 € Edition: Olivier Morattel éditeur

« Alors, il est prêt dans son habit goyesque sans paillettes. Le peuple va tout oublier. L’ennui, les impôts, le bureau, les baises minables, Dieu qui a déserté le Nou Camp, ses bouquins à lui, les gribouillis de l’Autrichien comme les beuveries et les combats sur toiles de son alter ego Francisco de Goya y Lucientes. Il monte le son. Le galgo siffle et pointe sa truffe sur le duo de commentateurs qui déborde du téléviseur ».

Mais qui est donc ce galgo qui donne son titre à ce roman ? et que signifie cette phrase, qui sonne comme une sentence ? Et cela en est une ! Le galgo est un lévrier qu’adoptent en Espagne les chasseurs pour traquer les lièvres, et qui risque sa vie s’il ne répond pas aux attentes de son maître. Et l’adage veut qu’une cartouche de fusil est une mort trop douce pour le chien qui ne traque pas bien les lièvres, il sera donc, pour certains, torturé et pendu. Grâce à Dieu, le galgo du roman de Jean-François Fournier est en de bonnes mains et sous haute et étonnante protection romanesque, celle des personnages du roman, tous plus touchants les uns que les autres, et pour l’animal gracieux, traverser ce roman sera une partie de plaisir, après avoir, nous le saurons plus tard, frôlé la mort.