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Articles taggés avec: Chauché Philippe

Un Galgo ne vaut pas une Cartouche, Jean-François Fournier (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 25 Janvier 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Olivier Morattel éditeur

Un Galgo ne vaut pas une Cartouche, Jean-François Fournier, Olivier Morattel Éditeur, octobre 2023, 168 pages, 16,50 € Edition: Olivier Morattel éditeur

« Alors, il est prêt dans son habit goyesque sans paillettes. Le peuple va tout oublier. L’ennui, les impôts, le bureau, les baises minables, Dieu qui a déserté le Nou Camp, ses bouquins à lui, les gribouillis de l’Autrichien comme les beuveries et les combats sur toiles de son alter ego Francisco de Goya y Lucientes. Il monte le son. Le galgo siffle et pointe sa truffe sur le duo de commentateurs qui déborde du téléviseur ».

Mais qui est donc ce galgo qui donne son titre à ce roman ? et que signifie cette phrase, qui sonne comme une sentence ? Et cela en est une ! Le galgo est un lévrier qu’adoptent en Espagne les chasseurs pour traquer les lièvres, et qui risque sa vie s’il ne répond pas aux attentes de son maître. Et l’adage veut qu’une cartouche de fusil est une mort trop douce pour le chien qui ne traque pas bien les lièvres, il sera donc, pour certains, torturé et pendu. Grâce à Dieu, le galgo du roman de Jean-François Fournier est en de bonnes mains et sous haute et étonnante protection romanesque, celle des personnages du roman, tous plus touchants les uns que les autres, et pour l’animal gracieux, traverser ce roman sera une partie de plaisir, après avoir, nous le saurons plus tard, frôlé la mort.

L’Ambition, Les trafiquants d’éternité, Amélie de Bourbon Parme (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 18 Janvier 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard

L’Ambition, Les trafiquants d’éternité, Amélie de Bourbon Parme, Gallimard, juin 2023, 512 pages, 23 € Edition: Gallimard

 

« Je n’ai renoncé à rien. Ni au pouvoir ni à la richesse ni au savoir, ni à la beauté. Ni à l’amour, ni à ma charge. J’ai laissé à d’autres le soin d’être irréprochables et la folie des regrets » (Novembre 1549).

« Chaque semaine, Laurent payant sa pension au philosophe. En échange, Laurent recevait de lui un manuscrit rare. Voyant ce troc s’effectuer sous ses yeux, Alessandro était convaincu d’assister au véritable marchandage qui faisait le succès des Médicis : celui de la pensée contre l’argent, des idées contre le pouvoir, de la connaissance contre l’autorité » (Fin de l’hiver 1486-1487).

L’Ambition est celle d’Alessandro Farnese, une ambition chevillée au corps et à l’âme, il deviendra cardinal, puis Paul III, le 220e Pape de l’Histoire de la Chrétienté. Mais ne brûlons pas les étapes, donnons le Temps au roman d’Amélie de Bourbon Parme, pour qu’il se déploie, et il se déploie avec force, finesse et justesse.

Aimer sans savoir, être sans comprendre, Frederika Amalia Finkelstein (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 21 Décembre 2023. , dans La Une Livres, L'Arpenteur (Gallimard), Les Livres, Critiques, Roman

Aimer sans savoir, être sans comprendre, Frederika Amalia Finkelstein, Gallimard, Coll. L’Arpenteur, octobre 2023, 136 pages, 16 € Edition: L'Arpenteur (Gallimard)

« Cette chambre était celle de ma mère et c’est maintenant la mienne. Les chambres contiennent des strates de mémoire : elles sont comme les contes que l’on narre le soir aux enfants. Leur matière, leurs trésors se transmettent comme un flambeau, d’une mémoire à une autre, avec la tendresse et la fragilité d’un récit fantasque où tout est à peu près possible ».

Aimer sans savoir, être sans comprendre, est le troisième roman de Frederika Amalia Finkelstein, après L’Oubli, et Survivre, un roman de l’enfance et des origines, de l’Argentine où elles se cristallisent, roman de la perte et des disparitions. La narratrice revient dans l’appartement familial à Buenos Aires, d’où elle visualise sa maison d’enfance à Miramar, qui condense en un mot le désir de regarder la mer et d’avoir son regard qui s’y perd, ce roman est aussi celui du désir et du regard. L’appartement, cet îlot de vie et de résistance, a gardé toutes les traces vibrantes du passé, de ceux qui l’ont habité, sa mère, ses grands-parents, les murs l’ont protégé des atteintes du Temps et de l’oubli, pour sauvegarder la présence du défunt.

Hommage à Philippe Sollers, Collectif (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 07 Décembre 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Hommage à Philippe Sollers, Collectif, Gallimard, novembre 2023, 144 pages, 12 €

 

« C’est dans le village d’Ars que je serai enterré, près du carré des aviateurs anglais, australiens et néo-zélandais, tombés ici pendant la Seconde Guerre mondiale. Ils ont 22, 23 ans, ils sont pilotes ou mitrailleurs. Personne n’a réclamé leurs corps. Ce voisinage me plaît » (Navigation, Un Vrai Roman, Mémoires, Philippe Sollers, Plon, 2007).

« Que la promesse des “oiseaux nés libres”, comme ceux que tu aimais observer en Ré, te soie tenue, mon cher Philippe : “Où que nous allions, tout devient libre et ensoleillé autour de nous !”. Nous ne pouvons en douter » (Antoine Gallimard, Sollers à l’infini).

« Au fil du temps, dans des carnets, j’ai noté des phrases. Parfois je ne sais plus d’où elles viennent. Peu importe puisqu’il s’agit d’un unique livre, dont Sollers délivrait, régulièrement, des fragments » (Josyane Savigneau, Sollers et Lui).

« Vous le lisez et il est aussitôt présent, il marche avec vous, au milieu du désert comme au fond de la vallée verte, sur la plage comme le long des façades classiques de Bordeaux ou Venise » (Marc Pautrel, Le vrai corps est un texte).

Misericordia, Lídia Jorge (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 30 Novembre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Langue portugaise, Roman, Métailié

Misericordia, Lídia Jorge, Métailié, Bibliothèque portugaise, août 2023, trad. portugais, Elisabeth Monteiro Rodrigues, 416 pages, 22,50 € . Ecrivain(s): Lidia Jorge Edition: Métailié

 

« Avant j’avais l’habitude de demander qu’on me lise les informations, mais maintenant je ne veux plus. Dans la vie, naturellement, le bien succède au mal, dans les journaux, au contraire, on ne fait qu’ajouter du mal au mal, j’ai dit. J’ai précisé cependant que j’aimais toujours écouter lire, à présent que je n’arrivais plus par moi-même ».

« Oh ! Joie, conduis-moi à travers la rue tortueuse – la mort dort à la porte. Je la chasse avec ton bâton ».

Elle se nomme Maria Alberta Nunes Amado, et on l’appelle Dona Alberti. Misericordia est son journal, le journal de sa vie en maison de retraite, transformé en roman par sa fille Lídia Jorge. Un journal enregistré entre le 18 avril 2019 et le 19 avril 2020 dans sa chambre de l’Hôtel Paradis devenu maison de retraite. S’y ajoutent des notes manuscrites que l’auteur a glissées en fin de chaque chapitre, qui sont comme des éclats de vie et de joie. Elle s’enregistre car elle a du mal à écrire, à former les lettres. Les mots et les phrases offerts ainsi par la mère deviennent un roman sous la plume de sa fille.