Identification

Articles taggés avec: Chauché Philippe

Le Bon Sens, Michel Bernard (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 31 Janvier 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, La Table Ronde

Le Bon Sens, janvier 2020, 208 pages, 20 € . Ecrivain(s): Michel Bernard Edition: La Table Ronde

 

« La parole de Jeanne s’enlaçait comme une liane vigoureuse, verdoyante, au questionnement sec et abstrait des prêtres, professeurs et maîtres qui la jugeaient, et montait plus haut. Il comprenait mieux comment elle avait pu séduire et entraîner seigneurs et soldats. Et puis elle était morte, encore une enfant, horriblement ».

Le Bon Sens poursuit ce chemin littéraire et historique ouvert avec Le Bon Cœur par Michel Bernard, écrivain de passions et de raisons. Jeanne d’Arc a été condamnée et mise à mort, Charles VII s’emploie à rendre la France à la France et à en chasser les anglais, fidèle à la mission que s’était fixée la Pucelle. Le Bon Sens est le livre de cette reconquête, celui du pardon royal pour ceux qui ont fait alliance avec les envahisseurs, mais aussi celui du procès en vérité de Jeanne, et la proclamation de l’arrêt annulant sa condamnation, le 7 juillet 1456. Michel Bernard s’attache et nous attache à ces hommes de Bon Sens qui vont participer à la mise au jour de la vérité, à la conquête d’une parole juste, à la mise en lumière des accusations et du jugement du tribunal qui l’a condamnée au bûcher pour sorcellerie.

Un coup de dés, Claude Minière (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 24 Janvier 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Tinbad

Un coup de dés, novembre 2019, 51 pages, 11,50 € . Ecrivain(s): Claude Minière Edition: Tinbad

 

« Pourquoi écrit-il sous le manteau ? Parce qu’il craint que ses pensées lui échappent. Pensée échappée, je la voulais écrire : j’écris au lieu qu’elle m’est échappée. Quand il écrit, sa pensée ne lui échappe pas ».

« Quiconque n’ayant plus que huit jours à vivre ne jugerait pas que le parti de croire que tout cela n’est pas un coup de hasard, aurait entièrement perdu l’esprit. Or si les passions ne nous tenaient point, huit jours et cent ans sont une même chose », Pensées, Blaise Pascal (1).

Pour saisir la force qui se dégage d’un livre, son pouvoir de séduction, il convient parfois de reprendre à son compte ses premières phrases. « Celui qui écrit pose la main sur un grand son. Cette simple feuille de papier est déjà traversée de roulements sonores, de batailles passées et d’appels insoupçonnés », c’est ainsi qu’un Un coup de dès s’ouvre à nous. Comme pour un opéra, ou un standard de jazz, les premières mesures dévoilent les lignes et les couleurs qui vont ensuite se développer, s’épanouir.

Bâiller devant Dieu, Journal, 1999-2010, Iñaki Uriarte (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 17 Janvier 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Espagne, Essais, Séguier

Bâiller devant Dieu, Journal, 1999-2010, Iñaki Uriarte, octobre 2019, préface Frédéric Schiffter, trad. espagnol Carlos Pardo, 292 pages, 21 € Edition: Séguier

 

« L’autre soir, au dîner, j’ai semé le trouble. En affirmant que la grossièreté et l’incompétence de nombre de journalistes des pages culture ne seraient jamais admises au sein de la rubrique sportive du journal. Personne ne peut faire un papier sur un match de football sans y avoir assisté. Il serait immédiatement démasqué ».

Bâiller devant Dieu est le journal grinçant et amusé d’un moraliste qui ne prend rien très au sérieux, sauf Borges, son chat, et les plages de Benidorm. Iñaki Uriarte est un expert en étude de lui-même, qui sait que pour bien écrire, il faut bien se connaître. Il se fréquente, s’examine, se traque, de sa plage, de son lit ou d’un fauteuil où il sommeille, explore ses réactions et ses humeurs. Il n’est donc pas surprenant qu’il fréquente avec assiduité Montaigne, son maître en introspection : « Toute la gloire, que je prétends de ma vie, c’est de l’avoir vécue tranquille ».

Sus la Talvera, En Marge, Carles Diaz (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 08 Janvier 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Sus la Talvera, En Marge, Carles Diaz, Editions Abordo, juillet 2019, Préface, trad. occitan Joan-Pèire Tardiu, 64 pages, 14 €

 

« Je suis sur le papier un croquis. La paille en désordre qui flambe. Le foin que les fermiers ont brûlé. La cendre dispersée qui retient la Hauteur captive. Cette bordure des champs qu’on ne cultive pas et qui en Occitanie s’appelle : la talvera ».

« Soi sul papièr un escapol. La palha escampilhada que flamba. Lo fen que los bordiers l’an cremat. Lo cendre espargit que reten la Nautor captiva. Aquel bòrd de las pèças que se laura pas e que’n Païs d’Òc se ditz : la talvera ».

La poésie, cet éclat musical est une affaire de langue. Ici elles sont deux, la langue d’Oc et la langue de France. Deux langues qui s’accordent, et se répondent, l’une enfante l’autre, l’autre fait entendre la première, « Une langue unique ne suffit jamais pour habiter le monde… ». Carles Diaz en possède au moins deux, celle de son origine, l’espagnol du Chili, « j’ai traversé le mutisme des Andes », et celle de son adoption littéraire et géographique, le français.

Jacques Cauda : Profession de foi / Vita Nova (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 18 Décembre 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

. Ecrivain(s): Jacques Cauda

 

Profession de foi, Tinbad, octobre 2019, 144 pages, 18 €

Vita Nova, Editions Unicité, mai 2018, 108 pages, 14 €

 

« Au delà de l’expression “manger des yeux”, la peinture a beaucoup à voir avec le corps bu et le corps mangé. Boire ses paroles, dit-on, car les images sont des paroles silencieuses qui s’échangent de l’un à l’autre » (Profession de foi).

« Pédaler n’est-il pas ajouter du sien à la réalité du paysage, de la même façon qu’écrire distingue la réalité du monde d’avec l’acte qui en même temps le dépose ? Mémoire des mains pour mémoire des jambes… » (Vita Nova).