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Articles taggés avec: Chauché Philippe

Retour à Philadelphie (promenade analytique et amoureuse avec Rocky et Stallone), Quentin Victory Leydier (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 11 Février 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais

Retour à Philadelphie (promenade analytique et amoureuse avec Rocky et Stallone), Quentin Victory Leydier, éditions LettMotif, juillet 2020, 200 pages, 18 €

 

« Rocky n’a que ça : sa capacité à résister, sur un ring comme il le fait dans la rue, dans la vie. Et c’est cette manière d’être, tout en humilité, qu’il va inculquer aux spectateurs d’une part, et à ceux qu’il va côtoyer par la suite, d’autre part. Ce n’est pas innocent si beaucoup de répliques du boxeur dans les différents films sonnent comme des aphorismes et une d’elles est assez magistrale, il faut le reconnaître, elle vient du dernier : L’important n’est pas d’être cogneur, mais d’être cogné et d’avancer quand même. D’encaisser et de continuer. C’est comme ça qu’on gagne ».

Voilà un beau pari fou, le pari d’un cinéphile curieux, pari d’écrire un livre sur Rocky/Stallone, pari de miser sur un plaisir partagé et une mémoire commune. Diable ! Stallone, peut-être le plus honni, ou tout au moins le cinéaste et le comédien, le plus ignoré d’une grande partie de la critique cinématographique, qui n’y voit qu’une machine de guerre impérialiste, marqué au fer rouge, si je puis dire, par les années Reagan.

Les Cahiers de Tinbad, Littérature/Art, Automne 2020 et Tolstoï vivant, André Suarès (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 03 Février 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Revues

Les Cahiers de Tinbad, Littérature/Art, Automne 2020, 127 pages, 16 € Tolstoï vivant, André Suarès, octobre 2020, 178 pages, 18 €

 

« J’aime à penser que le monde que j’ai créé est une sorte de clé de voûte de l’univers ; que, si petite soit-elle, si on la retirait, l’univers s’effondrerait (William Faulkner, Entretien avec la Paris Review).

« Il ne faut surtout pas oublier que pour le poète des Sonnets l’amour a le pouvoir d’entendre avec les yeux (To hear with eyes belongs to love’s fine wit). Shakespeare dialogue avec son art, débat de sa poésie, commente son double métier de dramaturge et de poète (“mon nom a été marqué par le métier comme le sont les mains du teinturier”), (Claude Minière, Vents capricieux Shake-Speare).

S’il nous fallait retenir qu’un seul mot pour définir le contenu de la nouvelle livraison des Cahiers de Tinbad nous pourrions choisir : étourdissant, au sens de stupéfaction admirative. Admiratif des Sonnets de William Shakespeare et du regard que leur porte Claude Minière (1), saisissant ce qu’il y a de désir chez le poète dramaturge, ce don dans le chant, dans l’art de la composition poétique.

Œuvres complètes, II et III, Roberto Bolaño (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 29 Janvier 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Amérique Latine, L'Olivier (Seuil), Roman

Œuvres complètes, II et III, trad. Roberto Amutio, Jean-Marie Saint-Lu ; juin 2020, Volume II, 1184 pages, 29 € ; octobre 2020, Volume III, 1008 pages, 29 € . Ecrivain(s): Roberto Bolaño Edition: L'Olivier (Seuil)

 

« La célèbre photo où Hitler tient dans ses bras la petite fille âgée de quelques mois l’accompagne toute sa vie », La Littérature nazie en Amérique, Luz Mendiluce Thompson.

« Ce sont les choses : Mauricio Silva, qu’on appelait l’œil, essaya d’échapper à la violence au risque même d’être pris pour un lâche, mais la violence, à la véritable violence, personne ne peut échapper, du moins pas nous, qui sommes nés en Amérique latine pendant les années cinquante, nous qui avions une vingtaine d’années quand Salvador Allende est mort », Des putains meurtrières, L’œil Silva.

Ouvrir ces deux nouveaux volumes des Œuvres complètes de Roberto Bolaño, c’est faire l’expérience d’une immersion littéraire unique. Celle d’un bonheur littéraire, fait d’étonnements, de surprises, d’étourdissements, et d’éblouissements. Les Editions de l’Olivier nous ouvrent le grand Livre de Bolaño, un vitrail de romans, aux noms plus troublants, les uns que les autres – c’est un savoir d’écrivain que de bien baptiser ses romans :

Lucie d’enfer, Conte noir, Jean-Michel Olivier (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 19 Janvier 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Editions de Fallois

Lucie d’enfer, Conte noir, Jean-Michel Olivier, novembre 2020, 160 pages, 18 € Edition: Editions de Fallois

 

« Avec Lucie, les masques tombent les uns après les autres.

Et sous le dernier masque il n’y a pas de visage ».

Lucie d’enfer est un roman où le narrateur devenu écrivain, est hanté par le souvenir de Lucie, une amie de jeunesse, un amour d’adolescence, une passion singulière, disparue sans laisser d’adresse. Un hasard romanesque conduit le narrateur à retrouver Lucie lors d’un déplacement à Montréal, il doit y parler de Jean-Jacques Rousseau et de ses livres, et c’est dans une librairie que l’apparition a lieu – Ses yeux sont embués de nostalgie. Il y a ensuite l’Île de Skye, où s’est installée Lucie avec son nouvel amour, rencontré lors d’un stage de développement personnel que dispense la chamane. Elle vit dans un manoir hanté, avec ses chiens, les deux fils de son mari, et les photographies des ancêtres, le clan. A son tour le narrateur vient l’y retrouver, répondant à un appel à l’aide, pour déposer une caution servant à libérer Lucie, emprisonnée à la suite de l’étrange chute mortelle d’une falaise de son époux.

Automoribundia (1888-1948), Ramón Gómez De La Serna (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 14 Janvier 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, La Table Ronde

Automoribundia (1888-1948), Ramón Gómez De La Serna, La Table Ronde, Quai Voltaire, octobre 2020, trad. espagnol, Catherine Vasseur, 1040 pages, 34 €

« Tout un océan, biseauté par la lune et les vents, serait nécessaire pour contenir dans ses eaux, comme dans un aquarium, ce monceau d’images vivantes, fraîches, bondissantes, nerveuses et électriques, qui se glissent et brillent – poissons d’or – dans les aquariums magiques de ses livres », Adriano de Valle (1).

« Tout ce que je désire c’est une bonne lampe allumée, beaucoup d’encre rouge et des feuillets réussis et clairvoyants », Ramón Gómez de la Serna

Automoribundia est l’autobiographie imagée, coloriée, élégante, enflammée, rieuse, joueuse, tremblante et réjouissante de Ramón Gómez de la Serna. L’écrivain espagnol n’appartient à aucun courant littéraire, à aucune école, à aucune génération, sauf à celle de Ramón. Écrivain ramónesque, jongleur médiéval (2), qui a inventé le Rastro (3). Sa gloire relative vient des Greguerías (4), ces courtes pensées irréelles, ces éclats poétiques, ces piques ironiques, comiques et intimes, publiées dans la presse, et incrustées dans ses livres. Valery Larbaud qui l’a rencontré, et qui l’a fait découvrir en France, parle de criailleries – la Greguería est spontanée, inarticulée, irrépressible, ineffablement intime.