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Articles taggés avec: Burghelle Rey France

L’Emporte-voix, Bruno Doucey

Ecrit par France Burghelle Rey , le Mercredi, 09 Mai 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

L’Emporte-voix, La Passe du Vent, février 2018, 78 pages, 10 € . Ecrivain(s): Bruno Doucey

 

Depuis toujours Bruno Doucey fait entendre la poésie qui, selon lui, n’existe que si elle est lue car la littérature doit être vivante et n’est pas affaire de solitude. Il est le parrain de l’événement « Mots dits Mots lus » qui organise la journée sidérale de la lecture à haute voix dont la 3° édition a lieu le 30 juin 2018. Ainsi le recueil est-il sorti dans le cadre du Printemps des poètes chez un éditeur à vocation sociale.

L’incipit révèle la double préoccupation de Bruno et, à la fois, son objectif « Ecrire lire ». Ainsi le champ lexical du dire commence-t-il d’emblée à être filé avec, au centre du poème, « une parole vive » et, en sa chute, l’affirmation d’une essentielle amitié :

 

Un fil d’or relie nos vies

comme les étoiles d’une constellation

Par là, Estelle Fenzy

Ecrit par France Burghelle Rey , le Vendredi, 06 Avril 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Editions Lanskine

Par là, février 2018, 72 pages, 12 € . Ecrivain(s): Estelle Fenzy Edition: Editions Lanskine

 

Le titre du nouveau recueil d’Estelle Fenzy, comme ceux des précédents, interpelle le lecteur par sa brièveté et l’amène à suivre le chemin qu’il indique. Dès l’incipit la poète plante les premiers germes d’un conte cruel puisque « les ailes oublient leurs anges » et qu’une enfant peut se transformer en « monstre avide ». La nature, elle aussi, prend part au drame dans un vers éponyme du titre de la première partie : « Le vent sème des grains noirs » quand les saules alors « supplient à genoux la rivière ».

Le texte monte ensuite, tel un cauchemar, en crescendo jusqu’à l’expression oxymorique « les traces féroces de la joie ». Mais, par bonheur, L’enfant-sorcière « libère » aussi de la beauté car elle est poète : elle « écrit dans une langue impossible à comprendre ». Allégorie de toutes les formes de création, elle est en fusion avec la nature. Des parties descriptives et un récit au présent donnent à vivre ce phénomène au lecteur qui lit, le souffle coupé, et découvre que les êtres animés et inanimés se transforment « Par là » sous l’effet de ce miracle :

Les gens comme ça va, Dominique Sorrente

Ecrit par France Burghelle Rey , le Mardi, 16 Janvier 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Cheyne Editeur

Les gens comme ça va, juin 2017, 17 € . Ecrivain(s): Dominique Sorrente Edition: Cheyne Editeur

Né « au lendemain des attentats du 7 janvier 2015 à Paris », comme l’annonce le préambule, le nouveau recueil de Dominique Sorrente est le septième de son auteur aux éditions Cheyne. Le poète, qui vit à Marseille, a reçu de nombreux prix (Antonin Artaud et Georges Perros entre autres), est également passeur de poésie avec le collectif Le Scriptorium qu’il anime dans sa ville depuis 1999 et grâce auquel il veut favoriser la présence de la poésie au cœur de la vie citoyenne.

La première partie du recueil qui en comprend sept s’intitule d’une façon volontairement fautive Ils sont les gens. Cette présentation naïve ainsi que les premières pages ne sont pas sans rappeler aux lecteurs sexagénaires un titre comme Il y a des gens de toutes sortes, qui appartenait à la collection des magiques petits livres d’or. On pouvait y découvrir les gens bons, les gens méchants, les beaux, les laids, etc. Ici les énumérations réalistes, humoristiques ont, mutatis mutandis, le même pittoresque efficace qui mêle l’étrange au banal et qui donne envie de tourner les pages. Ainsi après la description de ces gens « pète-secs, rêvasseurs, pisse-drus », passe-t-on à une écriture narrative où on les voit vivre à tous les âges :

Le sillon des jours, Isabelle Lagny

Ecrit par France Burghelle Rey , le Mercredi, 20 Septembre 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Le sillon des jours, éd. Pippa, mai 2017, 88 pages, 15 € . Ecrivain(s): Isabelle Lagny

 

 

La première partie de cette seconde édition du « sillon des jours » est dédiée par Isabelle Lagny à son compagnon, le poète irakien Salah Al Hamdani.

L’écriture de la poète, comme elle l’a dit elle-même, « tentée par la narration », « est encore hantée par la concision et la simplicité ».

Ainsi l’est le texte incipit qui présente la rencontre amoureuse un jour de juillet. Moment de renaissance pour celle qui écrit, toujours remplie de tristesse, « ce monde m’a fait mal ».

Une suite de textes indépendants tente de définir l’amour et d’en expliquer les mystères :

Les mots du peintre, Emmanuel Merle, peintures de Georges Badin

Ecrit par France Burghelle Rey , le Mardi, 05 Septembre 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arts

Les mots du peintre, Emmanuel Merle, peintures de Georges Badin, éd. Encre et lumière, 2016, 100 pages, 23 €

 

L’élégance simple des mots, voilà ce qui frappe le lecteur d’Emmanuel Merle dès les premiers vers du recueil où s’impose la prégnance de la finitude dans la présence consolante de la couleur (« l’infini du bleu ») qui « apprivoise » la mort. Avec le vert qui tient son identité de l’herbe naît alors la lumière et un feuillage qui couvre le néant, celui du « blanc du papier ».

Mais se pose, malgré tout, la question du lieu du fait que « la toile refuse les couleurs » et que prédomine le rouge, teinte du sang et de la violence. Aussi pour le frère synesthésique du peintre-démiurge, Georges Badin, dont quatre peintures illustrent les textes, viennent les questions et les injonctions qui leur font suite. Au sujet, entre autres, du mystère des mots – jusque dans les derniers vers du livre le poète parle de les « déshabiller » – et du travail orphique du peintre qui donne « une voix aux morts ».