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Récits

L’Ascension, Les Trafiquants d’éternité, Amélie de Bourbon Parme (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 17 Janvier 2025. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Gallimard

L’Ascension, Les Trafiquants d’éternité, Amélie de Bourbon Parme, Gallimard, octobre 2024, 496 pages, 23 € . Ecrivain(s): Amélie de Bourbon Parme Edition: Gallimard

 

« D’un pas tranquille, il longea le Tibre en pensant avec bonheur que la disparition de ceux qui avaient fait sa fortune le laissait désormais tout à fait libre de tracer son chemin vers le sommet de l’Église » (L’Ambition).

« La lumière du jour commence à percer à travers les volets de la chambre. On entend une petite musique venue de la chapelle attenante.

Alors que j’arrive au seuil de mon existence, jamais le passé et le présent ne m’ont semblé si proches, j’ai la sensation physique et morale que tous les moments importants de ma vie s’agrègent comme une nuit se mêlant au jour » (L’Ascension).

L’Ascension est le deuxième volet de la trilogie imaginée avec tant de finesse, de subtilité et de force par Amélie de Bourbon Parme. La trilogie de la vie, de ses revers, ses éclats, ses rencontres, ses paris et stratégies, et de l’amour qui ne cesse d’illuminer Alessandro Farnèse, qui deviendra pape en 1534.

La Passeuse, Michaël Prazan (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 06 Janvier 2025. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Rivages poche

La Passeuse, Michaël Prazan, Rivages Poche, mai 2024, 366 pages, 9,80 € Edition: Rivages poche

Documentariste d’exception (on lui doit des films qui valent largement des ouvrages de vulgarisation dus à des historiens capés), Michaël Prazan, après avoir consacré son existence à décrire la vie des autres, s’est penché dans La Passeuse sur son propre passé ou, plus exactement, sur le passé de son père, qui avait été un « enfant caché » pendant la Seconde Guerre mondiale.

On sait qu’alors que leurs parents partaient pour un voyage sans retour, ce fut le sort de nombreux enfants juifs, envoyés à la campagne (dans une France encore largement rurale) et plus ou moins dissimulés dans des fermes ou présentés comme de vagues neveux. Un exemple parmi d’autres, celui de cette jeune Alsacienne de confession juive, réfugiée dans le Périgord, accueillie chez des paysans et dûment intégrée aux activités de la paroisse locale – sans perspective de conversion : le curé du village, qui savait très bien à quoi s’en tenir, lui avait appris les prières catholiques les plus usuelles, au cas où elle eût été interrogée par une autorité, et la faisait participer aux processions mariales en « enfant de Marie », histoire de parfaire sa « couverture » et d’éteindre d’éventuels soupçons. Ou, plus célèbre, le jeune et futur Serge Gainsbourg.

Échec et mat au paradis, Récit, Sébastien Lapaque (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 13 Décembre 2024. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Actes Sud

Échec et mat au paradis, Récit, Sébastien Lapaque, Actes Sud, septembre 2024, 336 pages, 22,50 € . Ecrivain(s): Sébastien Lapaque Edition: Actes Sud

 

« Au cours de son adolescence passée à Vienne, c’est dans les cafés qu’il a eu la révélation du jeu d’échecs. Il incarnait pour lui un style de vie, fait plutôt de rêveries que de défis mathématiques. Il aimait ses rites, ses codes, sa dramaturgie ».

« Lors de sa rencontre avec Stefan Zweig, quinze mois plus tard, Georges Bernanos lui a peut-être rappelé la leçon de saint Thomas d’Aquin reçue de la bouche d’un père dominicain ou d’un moine bénédictin du temps de sa jeunesse : l’espoir est une passion tournée vers ce qui est difficile ».

Nous sommes au début de l’année 1942 au Brésil dans la ferme de la Croix-des-Âmes à Barbacena, où Georges Bernanos reçoit Stefan Zweig, une longue rencontre, un dialogue sans fin, dont on ne saura rien, mais que Sébastien Lapaque va imaginer ; ce sera le cœur vibrant d’Échec et mat au paradis. Dans ce dialogue lumineusement inventé, on sent poindre la profonde inquiétude de Stefan Zweig, son désarroi d’avoir perdu sa patrie, sa terre, ses amis, et de sentir l’ombre nazi le frôler, même ici au Brésil.

La Part du feu, Norman MacLean (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 10 Décembre 2024. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, En Vitrine, Rivages, Cette semaine

La Part du feu, Norman Maclean, Payot & Rivages, mai 2024, trad. anglais (États-Unis) Jean Guiloineau, Laure Jouanneau-Lopez, 396 pages, 23 € . Ecrivain(s): Norman MacLean Edition: Rivages

 

C’est le genre de catastrophe qui n’est la faute de personne : les circonstances forment un enchevêtrement tellement compliqué que toute responsabilité directe est diluée. Le 5 août 1949, un groupe de pompiers-parachutistes (smokejumpers) fut lancé au cœur d’un feu de forêt, dans le ravin de Mann Gulch, État du Montana. Si l’on se rappelle de leur intervention (il suffit de taper Mann Gulch dans un moteur de recherches), c’est parce que quelque chose a très mal tourné.

Ces pompiers avaient été « projetés » à proximité du feu sans disposer d’eau ou de pompes et sans autre solution pour arrêter l’incendie que de creuser des tranchées à coups de pelle et de pioche. Parachutée séparément, la radio s’était écrasée au sol (cette impossibilité de communiquer n’est pas sans évoquer ce qui se produira le 11 septembre 2001 : la police de New York et les pompiers de New York utilisant des fréquences radio distinctes et incompatibles, les pompiers opérant à l’intérieur des tours en savaient moins que les journalistes à l’extérieur).

Àgua Viva, Clarice Lispector (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 06 Décembre 2024. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, En Vitrine, Cette semaine, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Àgua Viva, Clarice Lispector, éditions des femmes Antoinette Fouque, octobre 2024, trad. portugais (Brésil) Didier Lamaison, Claudia Poncioni, 324 pages, 24 € . Ecrivain(s): Clarice Lispector Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

 

L’être-là est soutenu par un être de l’ailleurs

(Gaston Bachelard, La Poétique de l’espace, 1957)

Maïeutique

Clarice Lispector, née le 10 décembre 1920 à Tchetchelnyk (Ukraine), grande nouvelliste et journaliste de renom, est considérée comme un des auteurs brésiliens les plus importants du vingtième siècle. En 1943, elle épouse Maury Gurgel Valente, un diplomate, ce qui la conduit dans différents pays. Deux fils naissent pendant cette période. Clarice Lispector se sépare de son mari en 1959, et retourne avec ses enfants au Brésil. Elle meurt le 9 décembre 1977, la veille de son 57e anniversaire, et est enterrée au cimetière juif de Caju à Rio de Janeiro.