La poésie, il faut toujours le répéter, ne relève pas du langage usuel, encore moins de la communication au sens courant du terme. Elle est certes un échange, une adresse au lecteur, mais sur un autre plan, et pour une autre fin. Car elle est avant tout porteuse d’une vision, elle traverse les mots et le langage pour s’aventurer parfois très loin. Plus allusive que purement énonciatrice, plus polysémique, fragmentée et détournée qu’un discours fermé sur lui-même. Insaisissable dans son saisissement du réel, voix des profondeurs de l’intime de l’être. Tout ce qui peut se retrouver dans le recueil d’Anne-Cécile Causse, Paysages et intérieur.
Il y a en effet dans cette suite de poèmes en prose, découpés en paragraphes, comme une violence intérieure, du fait d’un empêchement ou d’une impossibilité qu’on sent à l’œuvre et qui conditionne le déploiement même du recueil, le met sous tension. Une poésie exigeante, une poésie pleine et entière.