Identification

Poésie

Tant que le poème n’aura pas dit son dernier mot, Marc Baron (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 05 Septembre 2024. , dans Poésie, Les Livres, Recensions, La Une Livres

Tant que le poème n’aura pas dit son dernier mot, Marc Baron, Le Taillis Pré, mai 2024, 156 pages, 17 €

 

Durant cinq années, le poète de Fougères a tenu un « vrai cadastre » de ses jours, de ses nuits. Ecrire un poème, c’est pour lui entrer dans la nuit de la connaissance et de l’humilité. Ainsi ces nombreux poèmes se sont écrits la nuit, quand silence et profondeur tissent le travail de création.

Le poète ne peut vivre sans : le poème c’est le « labour » intérieur qui s’impose chaque jour, c’est l’exutoire, c’est « la lumière » des mots qui fend l’obscurité.

Les titres disent assez tout le travail de sape du poème, auquel le poète s’adresse sans cesse : confident, interlocuteur du songe, outil existentiel, etc.

Ressasser le mot « poème » convoque ici tous les sens : la nuit délivre la gangue de tous les mots, susceptibles de trouver une voie dans cette « recherche » quotidienne.

Un jour plus loin dans le jour, Thierry Pérémarti (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 02 Septembre 2024. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Carnets du dessert de lune

Un jour plus loin dans le jour, Thierry Pérémarti, éditions Les Carnets du Dessert de Lune, janvier 2024, 60 pages, 7 € Edition: Carnets du dessert de lune

 

Une écriture du flux… celui du souffle existentiel tout à son épure, parcourt ce recueil de Thierry Pérémarti publié aux éditions des Carnets du Dessert de Lune. Écriture du flux au sens où l’onde d’un mouvement semble porter et entraîner ici l’écriture du poète en marche vers l’inconnu au contact des aléas (« l’aléa de l’air / qui veut et va »). Comme un appel d’air parcourt le canevas de chaque poème composé au maximum de 32 mots et de 5 strophes, contrainte formelle dont le cadre augmente la profondeur des paysages entrevus par le lecteur et l’Infini du souffle poétique. « Frayer l’espace / et marchant sur le fil », le poète se tient et tient en équilibre ses mots « rameutant sentences, néant / sous tension », maintenant la mesure entre la contrainte qui emprisonne et l’appel au vif pour sortir du jour « irrespiré » (irrespirable : l’écriture a eu lieu lors du confinement de la crise sanitaire), afin de s’en extraire sans trébucher.

Voix sous les voix, Angèle Paoli (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 30 Août 2024. , dans Poésie, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Al Manar

Voix sous les voix, Angèle Paoli, Al Manar éditions, juin 2024, belles peintures de Marie Herber, 64 pages, 18 € . Ecrivain(s): Angèle Paoli Edition: Al Manar

 

Ce livre est non seulement un beau recueil de poésies et de peintures abstraites très colorées, il est également un hommage soutenu et fervent à l’écriture et au destin de plusieurs poètes et écrivaines, disparues suite à des suicides ou morts violentes.

Se glissant dans la peau de voix aimées, notre chère poète de Canari prend appui sur les textes des défuntes pour en donner une nouvelle lecture, grâce à sa voix personnelle, réussissant à renouveler son « je ».

Parler au nom des autres est un fameux défi que la poète remplit sans problème : sa voix épouse d’autres voix, celles de V. Woolf, de Marina Tsvetaïeva, de S. Plath, d’A. Pizarnik, d’Amelia Rosselli, d’I. Bachmann.

Il s’agit d’épouser aussi la douleur constante que ces écrivaines ont sans cesse ressentie lors de leurs parcours, souvent fulgurants : une vraie difficulté de vivre, avec soi, avec les autres, avec le tourment infernal du mal être dans un monde trop grand pour elles.

On n’en taire pas les fantômes, Marine Leconte (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 27 Août 2024. , dans Poésie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

On n’en taire pas les fantômes, Marine Leconte, L’Ire de l’Ours Éditions, février 2024, 86 pages, dessins Agathe Lievens, 10 €

 

L’aire de jeux maudite acidulée de sachets de bonbons et « remplie de poudre acide » dans laquelle Marine Leconte nous attire (un peu à la façon de Marlène Tissot, Sous les fleurs de la tapisserie, publiée chez Maltaverne, l’éditeur du Citron Gare et du fanzine Traction-Brabant alias T-B), nous sidère, nous retourne comme ses poèmes nous renversent face contre terre ou nous arrachant la face après le masque, là où ça fait mal, à l’envers écorché des choses. Ça balance des mots en éclats, les fracasse en éclairs qui crèvent des « peaux d’hostie » ; ça pulvérise de petits êtres qui s’essaient à la chose fatale et chutent comme cette petite fille dans une situation titubante où passe de travers la vie courante, où, là, la vie ordinaire passe « de l’autre côté du texte »… Langage poétique à l’humour qui percute et catapulte les codes, langue blanche clinique des mots : et si c’était (f)utile parade à la pesanteur des choses ?

Garder la terre en joie, Pascal Commère (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 22 Août 2024. , dans Poésie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Garder la terre en joie, Pascal Commère, Tarabuste Editeur, mars 2024, 162 pages, 16 €

 

Garder la terre en joie, garder la terre en vie, garder en joie la terre de sa vie… Et si l’écrire/en écrire, en retraçant ainsi le territoire/terroir existentiel d’une vie, permettait, en somme, d’en mieux restituer ce qui coule de source malgré la tâche affairée de poser des mots justes sur des passages, des paysages éphémères vécus, sur des voyages plus ou moins longs ou lointains (ici Stockholm, l’Allemagne, l’Italie, un jardin, …)… Étapes éphémères mais décisives, jalonnant le cours d’une vie. Cendrars titrait l’un de ses recueils Au cœur du monde entier et écrivit, en bourlingueur, les mots aux dents comme on mord la pulpe, la chair d’un fruit dont l’arbre se déplacerait au gré de nos aventures entre ciel et terre, tout en se nourrissant d’un même sol nourricier, celui de la terre, en y ajoutant l’encre du Langage pour en grandir encore les racines et les nuancer par la transfiguration roborative que provoque toute restitution/tout récit d’une temporalité aléatoire ou événementielle.