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Poésie

La Rumeur le fracas, Jean-Louis Clarac (par Luc-André Sagne)

, le Lundi, 20 Janvier 2025. , dans Poésie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

La Rumeur le fracas, Jean-Louis Clarac, Jacques André éditeur, Coll. Poésie XXI, 2022, 92 pages, 14 €

 

Jean-Louis Clarac est un poète qui éprouve la vie, en fait l’expérience quotidienne, à la fois ébloui et bouleversé par elle. C’est dire s’il est à l’écoute du monde, partout où il se trouve, « entre rumeur et fracas » par exemple, titre de son dernier recueil (*). La rumeur et le fracas des éléments, en particulier de l’océan qu’il observe, mais aussi des activités humaines, dans leur tumulte et leur aveuglement. Poème après poème c’est alors une conscience qui nous parle, celle du poète qui ne sépare jamais la beauté du monde du malheur des hommes.

Quatre parties composent le recueil, quatre portes d’entrée sur le monde tel qu’il est et tel qu’il est regardé par Jean-Louis Clarac. Chacune d’elles reprend trois des quatre éléments traditionnellement constitutifs de l’univers, à savoir l’air (ici, peut-on dire, le ciel), l’eau, la terre, à quoi vient s’ajouter à chaque fois un élément supplémentaire, respectivement la forêt, le vent, le soleil, enfin la nuit le jour, l’alternance du permanent et de l’impermanent, qui est au cœur du recueil.

Le Dauphin, Robert Lowell (par Nicolas Grenier)

Ecrit par Nicolas Grenier , le Jeudi, 16 Janvier 2025. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA

Le Dauphin, Robert Lowell, éditions Réalgar, novembre 2024, trad. anglais, Thierry Gillyboeuf, 120 pages, 21 €

 

Robert Lowell, une poésie à basse fréquence

Robert Lowell signe son chant du cygne, avec le recueil de poésie Le Dauphin, qui paraît en 1973 aux éditions Farrar, Straus et Giroux, couronné en 1974 par le prix Pulitzer. Le poète américain meurt le 12 septembre 1977 d’une attaque cardiaque dans un taxi jaune à Manhattan, à l’âge de soixante ans, en se rendant au domicile d’Elizabeth Hardwick. Fils d’une illustre famille de Boston, dans le comté de Suffolk, dans le Massachusetts, il naît le 1er mars 1917. Robert Lowell étudie à l’université de Harvard, avant d’achever ses études au Kenyon College, dans l’Ohio. Dans l’histoire de la poésie américaine, il appartient à la famille d’Amy Lowell et de James Russell Lowell. Chancelier de l’Academy of American Poets, à partir de 1962, il baigne dans l’univers de la poésie, d’Elizabeth Bishop à William Carlos Williams. Tout au long de son existence de malheur, Robert Lowell a rendez-vous avec la poésie, telle que l’attestent les vers de Juvenilia :

L’évidence de la paix nous enfante, Luminitza C. Tigirlas (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 16 Janvier 2025. , dans Poésie, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Al Manar

L’évidence de la paix nous enfante, Luminitza C. Tigirlas, Editions Al Manar, octobre 2024, 70 pages, 15 € Edition: Al Manar

 

Un nouveau recueil de poésie de l’écrivaine de langue française, d’origine roumaine, Luminitza C. Tigirlas, qui vient s’ajouter à un corpus déjà fort important d’œuvres poétiques.

L’ouvrage comporte trois parties, dont les titres condensent les thèmes fondateurs d’une écriture traversée par les images obsédantes d’un passé constamment en résurgence dans l’ensemble des textes :

– ante bellum : les frontières saignent

– la paix envoie des perce-neige au front

– j’ai vu la terre pondre la faim

Michel Foucault en son Escurial, essai poétique, Vincent Petitet (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Mercredi, 15 Janvier 2025. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Michel Foucault en son Escurial, essai poétique, Vincent Petitet, éditions du Vol à Voile, novembre 2024, 52 pages, 16 €

 

1/ L’essai poétique de Vincent Petitet Michel Foucault en son Escurial, mince mais d’une rare densité, commence là où commençaient Les mots et les choses : par une description et une analyse des Ménines de Velasquez avec la présence/absence de Philippe IV et de Marie-Anne d’Autriche, reflétés dans un miroir, qui donne son vrai sens au tableau. Petitet convoque ensuite Hugo, qui a médité dans La Rose de l’infante sur la « légende noire » de Philippe II, aïeul de Philippe IV, commanditaire de l’Escurial d’où et par où règne le monarque, lieu, symbole et instrument de son pouvoir, puis sollicite Bataille, Heidegger, Musil, Kafka et Dostoïevski au fil d’une réflexion acérée soutenue par un style lumineux comme une neige himalayenne.

Une écharde dans la chair, Réginald Gaillard (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 13 Janvier 2025. , dans Poésie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Une écharde dans la chair, Réginald Gaillard, éditions de Corlevour, décembre 2024, 135 pages, 18 €

 

Témoignage de la perte

Quel sujet difficile que celui de la transcription poétique de la perte d’un être cher (je le sais, ayant perdu à 20 ans d’intervalle deux de mes sœurs, ce qui m’a poussé davantage vers l’écriture poétique). Le recueil de Réginald Gaillard parvient à dresser non pas tout à fait une élégie pathétique, mais un chant de désespoir et de manque. Celle qui a disparu, malgré tout a été une chair aimante, un corps que le souvenir garde en lui-même comme une trace indélébile. Du reste, le poème rend compte de cette corporalité – et encore celle du poète. Ce dernier s’appuie sur une tache violente, intraduisible, je veux dire la mort.

Le texte est sans cesse rôdant sur le seuil de la vie, voyant dans la personne morte celle d’une aimée, y compris dans sa présence sexuelle, l’odeur de cyprine, des jambes qui s’entrouvrent. C’est pour cela que ces poèmes débordent de simples élégies, confiants dans l’anamnèse physique de celle qui est perdue. La mort reste chair.