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Nouvelles

Wendelin et les autres, Lambert Schlechter (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 09 Juin 2022. , dans Nouvelles, Les Livres, La Une Livres, Arts, La rentrée littéraire

Wendelin et les autres, Nouvelles illustrées par Lysiane Schlechter, éditions L’herbe qui tremble, Coll. Trait d’union, janvier 2022, 82 pages, 16 € . Ecrivain(s): Lambert Schlechter

« … il me reste l’inestimable bonheur de trimer dans le cerfeuil, et le matin dans la rosée sortir dans mon jardin pour écouter l’escargot grignoter sa feuille de rubarbe ou le cône du nénuphar fracasser la surface de la mare, … » (Tsung Chih).

« … au-dessus de son lit, Sachka Svetnikov a punaisé la reproduction d’un tableau de Fedorovitch Choultsé, dans le ciel bleu du tableau, Sachka, avec son crayon noir, a ajouté quelques silhouettes d’hirondelles, maladroitement » (Sachka Svetnikov).

Ouvrir et lire un livre de Lambert Schlechter, c’est avoir à l’oreille la voix douce, ouvragée, le rythme, le phrasé de l’auteur, ses lectures qui semblent improvisées, et ses improvisions qui paraissent échappées d’un Murmure du Monde (1), que l’on peut entendre sur les réseaux sociaux, sont de courts romans de vie, de sa vie. Il lit et dit, comme s’il écrivait, pendant que le petit appareil électronique le filme. Ouvrir et lire un livre de Lambert Schlechter, c’est s’aventurer dans un monde romanesque, où les mots rares irradient ses phrases au long court, dans sa librairie qu’il a patiemment reconstituée après que les flammes de l’Enfer, l’aient dévorée, comme elles ont dévoré son épouse.

Les braves gens ne courent pas les rues (A Good Man Is Hard to Find), Flannery O'Connor (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 10 Mai 2022. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Folio (Gallimard)

Les braves gens ne courent pas les rues (A Good Man Is Hard to Find, 1953), trad. américain, Henri Morisset, 231 pages, 8,60 € . Ecrivain(s): Flannery O'Connor Edition: Folio (Gallimard)

La signature de Flannery O’Connor est reconnaissable entre toutes : dans un style proche de la langue des paysans du Sud, dans des situations qui frisent le burlesque, avec des personnages éminemment drôles, elle nous raconte des histoires terribles, proches de l’épouvante parfois. Comment lire le massacre d’une famille entière – de la grand-mère aux jeunes enfants – par des psychopathes sanglants, tout en ne cessant de rire ou sourire ? Eh bien en lisant la première nouvelle de ce recueil, éponyme du recueil, Les braves gens ne courent pas les rues. Le burlesque macabre accompagne toute l’œuvre de O’Connor, comme il accompagne les profonds de la culture sudiste, faite de haine et d’amour dont on ne sait quoi de l’un ou de l’autre est le pire. Faite aussi d’un rapport débile et violent à Dieu, à la religion, dans lequel les cœurs se perdent sans trop savoir où est le bien, où est le mal. Ajoutez à cela les freaks, inévitables dans les pratiques consanguines et incestueuses largement répandues dans le Delta et ses environs : corps malingres, difformes, esprits idiots, égarés, et vous aurez le tableau complet qui fait fond à ces nouvelles. Une mise en scène d’un Sud miséreux, vaincu, perdu.

Le Sentiment du fer, Jean-Philippe Jaworski (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 09 Mars 2022. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, Science-fiction, La Une Livres, Folio (Gallimard)

Le Sentiment du fer, Jean-Philippe Jaworski, février 2022, 272 pages, 7,60 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Dans la préface au présent recueil de nouvelles, Jaworski cite et complète Tolkien proclamant que « la fantasy est une littérature d’évasion, non de fuite ; c’est également une littérature de la consolation, c’est-à-dire un havre imaginaire qui permet de se réenchanter avant de revenir se frotter à l’ennui, aux tracas et aux épreuves du quotidien ». On ne saurait mieux dire. Certes, la fantasy n’est pas un genre littérairement reconnu, et nul doute que d’aucuns la regardent avec mépris, préférant lire « ce qu’il faut », uniquement du sérieux, du didactique, du « qui parle du monde d’aujourd’hui » (ou d’hier, pour donner une leçon à aujourd’hui). À ceci près que la fantasy est un haut lieu de création – on y reviendra – ainsi qu’un genre, qui malgré qu’une partie de la production est clairement de type industriel, dans lequel on rencontre de belles histoires humaines, avec des valeurs transcendantes et des questionnements qui, présentés hors toute lourdeur démonstrative, ont peut-être plus de profondeur que celles présentées dans la littérature « sérieuse » – quiconque a un jour lu le cycle de Lyonesse (Jack Vance) ou celui de L’Assassin royal (Robin Hobb) comprendra – les autres gagneraient à les lire.

Les meilleures nouvelles de Sherwood Anderson, Sept nouvelles inédites (par Mona)

Ecrit par Mona , le Mercredi, 19 Janvier 2022. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA

Les meilleures nouvelles de Sherwood Anderson, Huit nouvelles inédites, Editions Rue Saint Ambroise, édition établie par Bernardo Toro, novembre 2021, 342 pages, 16,50 €

Sherwood Anderson, l’énigmatique

Les Éditions Rue Saint Ambroise publient de nouvelles traductions de vingt-quatre des meilleures nouvelles, dont huit inédites, de Sherwood Anderson. Mentor de Faulkner et Hemingway, encensé par Henry Miller, Amos Oz et Philip Roth pour son art de nouvelliste incisif, souvent considéré à tort comme un écrivain régionaliste avec son recueil, Winesburg-en-Ohio (1926), qui décrit sur un mode intimiste les frustrations et solitudes des petites gens du Midwest américain, Sherwood Anderson demeure assez méconnu en France. Pourtant, au-delà de mettre en scène de pauvres bougres taiseux, l’écrivain évoque sa confrontation au « silence déraisonnable du monde », donne une épaisseur métaphysique à des histoires simples et, par son art de l’allusif et de l’élusif, pose la question de l’écriture. Ses narrateurs mêlent leurs pensées au récit et les personnages vivent une expérience saisissante de révélation : un instant de vérité du moi, prise de conscience bouleversante qui apparaît comme acceptation vitaliste de la totalité du monde.

La femme qui a tué les poissons, et autres contes, Clarice Lispector (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 14 Janvier 2022. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

La femme qui a tué les poissons, et autres contes, Clarice Lispector, décembre 2021, trad. portugais (Brésil) Izabella Borges, Teresa Thiériot, ill. Julia Chausson, 104 pages, 15 € . Ecrivain(s): Clarice Lispector Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

 

Le cafard est aussi une bête

Dans une toute récente traduction de contes, Clarice Lispector (1920-1977) fabrique de courtes nouvelles pour enfants avec ce recueil intitulé La femme qui a tué les poissons et autres contes. Ces contes sont suivis d’un texte inédit, Comme si c’était vrai. Les différentes histoires sont illustrées par une trentaine de gravures sur bois bichromiques et trichromiques (vert olive, émeraude clair et moutarde), de Julia Chausson (née en 1977). Certaines gravures situeraient l’illustratrice du côté de Félix Vallotton ou de Paul Gauguin, au vu des angles, des lignes noires et épaisses et du traitement graphique sans ombres portées.