« Ma bibliothèque intérieure, me suis-je dit, ne prendra ni place ni poussière et si des ouvrages disparaissent de mes souvenirs, elle n’en sera que plus légère. Je m’arrangerai de ces oublis. L’honnête homme que je me pique d’être ne se prend pas pour un érudit ».
Rétrécissement est le roman d’une chute, d’une disparition, d’une perte, d’un effacement, celui de Baudouin Villard, un professeur de philosophie, qui perd pied, après avoir été licencié par sa seconde épouse, avoir perdu son pied-à-terre partagé, sa bibliothèque et son seul ami. Ses grands inspirateurs l’accompagnent et agacent la galerie de ses rares fréquentations : Cioran, ce marathonien du nihilisme dont une citation ouvre ce roman, Vivre, c’est perdre du terrain ; mais aussi ce cher Montaigne, Thomas Bernard, ou encore Schopenhauer, autant de vitamines pour la pensée, dont le narrateur est friand, comme il l’est pour en rire cette fois, de tous les nouveaux bonimenteurs du bien-être, de la joie, et de la fraternité et de la philosophie pour les roublards.