Le temps qui passe, le temps qui rythme l’activité et la vie, la rencontre, la concentration des forces et des vies humaines et de la vie de la nature.
Dans ce microcosme où les distances sont allongées par l’économie des moyens de transport, Marie vit jusqu’à son adolescence avec sa grand-mère jusqu’au jour où, la guerre s’annonçant, la vieille femme est emmenée avec petite-fille et bêtes, un peu contre son gré, tout à fait à contrecœur, chez des cousins lointains. Car ici, l’espace s’enclot, se referme sur êtres et bêtes. L’éternel retour des choses aboli par ce chemin qui s’ouvre peu à peu aux regards de Marie, sonne aussi comme un adieu à l’avant :
« Qu’y avait-il, là-bas au tournant du chemin, dont les hautes herbes semblaient défendre l’approche ? Tout était changé ; ces arbres, ces fougères, ce sentier frais, ces choses si familières, si quotidiennes, Marie croyait les voir pour la première fois. Brusquement elles avaient l’apparence de ces paysages dans les contes de fées que sa grand’mère lui disait parfois ; (…) La voix de Robert qui l’appelait fit rebrousser chemin à Marie » (p.38).