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Les Livres

Hymne à l’amitié, Friedrich Nietzsche (par Marie-Pierre Fiorentino)

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Lundi, 24 Février 2020. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Anthologie, Rivages poche

Hymne à l’amitié, Friedrich Nietzsche, traduction de Nicolas Waquet, 125 pages, 8,50 euros. Edition: Rivages poche

 

« L’un va trouver son prochain parce qu’il se cherche,

l’autre parce qu’il voudrait se perdre.

Votre mauvais amour de vous-même

fait de votre solitude une prison. »

Nietzsche

 

 

Cette anthologie ne passionnera guère les connaisseurs de Nietzsche. Les raisons tentant de la justifier, exposées dans la préface, ne les convaincront qu’à demi.

Pourtant, en balisant un parcours autour d’une notion, l’amitié, cette publication offre aux néophytes l’opportunité de découvrir quelques constantes de l’œuvre sans avoir à surmonter l’obstacle du labyrinthe toujours fascinant mais souvent déconcertant des livres dont sont extraits les textes choisis et rassemblés ici.

Les Sentinelles d’humanité – Philosophie de l’héroïsme et de la sainteté – Robert Redeker (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 14 Février 2020. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Les Sentinelles d’humanité – Philosophie de l’héroïsme et de la sainteté, Desclée de Brouwer – 19,90 € 08/01/2020 . Ecrivain(s): Robert Redeker

 

" Plus que les philosophes, les héros et les saints indiquent à la vie humaine sa direction. Son sens : où elle va, ce qu'elle signifie. Ils la remplissent d'un contenu - c'est pourquoi, feintant le nihilisme par un cadrage-débordement, ils entretiennent quelque parenté avec l'optimisme. Ils sont comme une ouverture dans le ciel, taillée pour nous aspirer. "

En ouverture de cet essai qui comptera, Robert Redeker convoque un gendarme, Arnaud Beltrame, qui a offert sa vie contre celle d’otages retenus par un terroriste islamiste dans le Super U de Trèbes : Fut-il un héros ? Sans doute. Fut-il un saint ? Peut-être. En tout cas, il est mort en martyr de sa foi et de sa patrie, témoignant de la mort de son corps charnel pour elles deux. Le ton est donné, les premiers accords esquissés, la mélodie dessinée, comme pour un opéra de Mozart, le philosophe peut se lancer dans ses admirables démonstrations, et la construction de ses concepts. Il invite héros et saints, qui note-t-il, ont déserté la France, qui en fut pourtant une terre fertile.

Histoire d’une baleine blanche, Luis Sepúlveda, Joëlle Jolivet (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Vendredi, 14 Février 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Arts, Métailié

Histoire d’une baleine blanche, Luis Sepúlveda, Joëlle Jolivet, septembre 2019, trad. espagnol (Chili) Anne-Marie Métailié, 118 pages, 12 € . Ecrivain(s): Luis Sepulveda Edition: Métailié

 

« Si l’art est une force digne de respect, même aux yeux de ceux qui ne s’y intéressent pas, c’est en partie à cause de la facilité avec laquelle le mythe avale la vérité… sans le moindre rot d’indigestion ». La formule de Stephen King manque sans doute d’élégance, mais elle n’en est pas moins exacte. Herman Melville n’a inventé ni les baleines, ni les histoires de chasse à la baleine. Il a même placé au début de Moby-Dick, en une satire à la fois mordante et mélancolique de l’érudition, un florilège de citations anciennes et modernes, de la Bible à Darwin, en passant par Montaigne, Milton et Cuvier. Melville n’a pas davantage inventé le cachalot blanc : comme dans la plupart des espèces animales, les albinos sont rares (a-t-on jamais observé des gorilles blancs ?) ; cependant ils existent. En revanche, Melville a tiré de cette singularité naturelle et des vieux récits de chasse un roman d’une rare puissance, mais dont la postérité fut ténue (on ne recense pas les versions de Moby-Dick comme celles de Don Juan et, malgré les progrès accomplis par les effets spéciaux, le cinéma en est pour le moment resté au film de John Huston).

L’inconnue, Intissar Haddiya (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Vendredi, 14 Février 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Maghreb

L’inconnue, Intissar Haddiya, éditions St Honoré Paris 2019 . Ecrivain(s): Intissar Haddiya

 

Quelle est donc « l’inconnue » d’Intissar annonçant, dès le début de son roman, un veuvage dans une solitude forcée, cette solitude sociale s’accompagnant d’injustice matérielle et consécutive à un décès de l’époux suivant les lois en vigueur dans le pays concerné, son physique atteint parlant pour elle « Son sourire creusa des rides encore plus profondes. Sa peau ressemblait à un sol aride, à l’affût de quelques précieuses gouttelettes d’eau. Quelques années plus tôt, cette pensée aurait été une blessure à son ego de femme accomplie » ?

On frise, pour Layla, héroïne du roman, l’étrangeté annonciatrice, une amie voyante, Yvonne, suscitant l’intrigue d’un « changement de vie ». Ne nous sommes-nous pas déjà, alors, dans le roman, à une intrigue à plusieurs…inconnues ?

L’intrigue va crescendo, avec, pour Layla, la découverte d’un bébé sur le pas de sa porte.

Les Cerfs, Veronika Mabardi (par Delphine Crahay)

Ecrit par Delphine Crahay , le Jeudi, 13 Février 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Les Cerfs, Veronika Mabardi, Esperluète éditions, 2018, 154 pages, 18 €

 

Les voies du silence

Blanche vient de perdre sa mère et la parole – comment parler encore la langue maternelle quand celle qui l’incarnait s’est tue à jamais ? Impuissant, à bout de ressources et d’énergie, son père refuse pourtant d’abandonner sa fille et sa fêlure à l’institution médicale. Alors, sur la foi de recommandations amies, il la confie à Annie, une jeune femme à « la patience d’ange » qui habite une petite maison à la campagne, à l’orée d’un bois, où l’enfant redevenue infans passera une longue et lente convalescence.

C’est d’une voix douce et pénétrante que Veronika Mabardi conte cette histoire de deuil, de silence, de résilience et d’amour. Quelques mots, quelques phrases, et nous sommes captifs de sa parole vive et claire, de cette parole qui tantôt s’égoutte en phrases brèves et simples, tantôt coule en phrases longues et fluides. Nous sommes séduits par cette écriture sobre et dense, qui montre sans afféterie les gestes du quotidien et de l’affection, ceux qu’on pose et ceux qu’on retient ; qui donne corps et vie aux objets et aux lieux ; qui dit sans emphase les sentiments, ceux qui naissent et ceux qui mûrissent, ceux qui consolent et ceux qui déchirent.