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Les Livres

Les veines du réel, Jean-Yves Guigot (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 26 Février 2020. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Les veines du réel, Jean-Yves Guigot, éditions Littérales, 2015

Via cette ardente et rude traversée (ardoyante) dans Les veines du réel, à la recherche de la source en dépit du poids des pierres, le poète Jean-Yves Guigot nous offre par cet opus poétique (Prix Littérales en 2015) une plongée où s’expérimente la quête de l’unité. Quête du Vivre et du Verbe poursuivie malgré « la fatalité du néant », recherche opiniâtre du réel à même « l’ombre » le traversant, au risque encouru et fécond de rencontrer « en chemin le devenir du doute ». Cet opus s’énonce comme un tableau de George de La Tour peut pénétrer et refléter par le nouveau regard qu’il projette sur elle la réalité quotidienne en sa profondeur, jouant son approche du réel dans un jeu de lumière et d’ombres. Tableau en clair-obscur d’entrée, Les veines du réel nous introduit sur cet autre versant, du côté de la nuit, où êtres et choses dévoilent leur mystérieuse présence, révèlent leur plénitude, acquièrent une autre dimension, propageant une lumière réflexive, comme spirituelle, voire mystique.

 

« Je perçois une lampe et sa flamme m’endort,

comme s’éveille à soi-même qui s’éveille la nuit. »

Une vie dans les mots, Paul Auster I.B. Siegmundfeldt (par Jean-François Mézil)

Ecrit par Jean-François Mézil , le Mardi, 25 Février 2020. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Actes Sud

Une vie dans les mots, Paul Auster I.B. Siegmundfeldt, traduit de l’américain par Céline Curiol, 2020, 340 pages, 23,80 € . Ecrivain(s): Paul Auster Edition: Actes Sud

 

 

Ce recueil passe au crible six écrits autobiographiques et dix-sept romans de Paul Auster, le tout présenté sous la forme de vingt-trois entretiens entre l’auteur et Inge Birgitte Siegumfeldt, professeur d’université à Copenhague. Chacun des entretiens porte sur un écrit ou un roman.

Avant eux, un prologue. Paul Auster y explique qu’il n’est guère en mesure de répondre aux questions pourquoi et comment. Il préfère s’en tenir « au quoi, au quand et au ».

Il veut aussi profiter de ce livre pour « éclaircir les choses », voire même « rectifier des erreurs monumentales » (aussi bien sur lui-même que sur Siri Hustvedt), « tant dans la presse écrite que sur Internet ».

Brigitte Fontaine, Benoît Mouchart (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 25 Février 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Le Castor Astral

« Brigitte Fontaine », Benoît Mouchart, 372 pages, 18 euros, janvier 2020. Edition: Le Castor Astral

 

Elle est une figure majeure de la scène underground française, une météore qui depuis un demi siècle fait des apparitions remarquées dans la medias chez lesquels elle a une difficile réputation en raison de ses propos  jugés provocateurs, parfois scabreux, énigmatiques ou agressifs ; elle reste cependant largement méconnue du grand public mais aussi méconnue pour la large palette de ses talents qui s’expriment certes dans la musique, mais aussi en poésie, en littérature, au théâtre…

Brigitte Fontaine est cette artiste protéiforme à laquelle Benoît Mouchart consacre ce livre. Dès les premières pages, l’auteur la compare à une pythie, qui délivre ses oracles à qui veut bien l’entendre, sans pitié, pour dénoncer, rugir, éructer ou adopter un ton plus voluptueux pour déclamer les hontes d’un monde auquel elle peut aussi trouver des charmes évidents. Brigitte Fontaine sait, ajoute-il, adopter un ton espiègle et enjôleur, pour ne pas mâcher ses mots, quitte à mettre son interlocuteur dans l’embarras, voire provoquer un malaise, et ainsi essaime-t-elle « de violents signaux d’alarme contre l’anormalité de la normalité ».

Le tiers temps, Maylis Besserie (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mardi, 25 Février 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard

Maylis Besserie, Le tiers temps Edition: Gallimard

 

Dans ce premier roman défile les épisodes qui ont marqué l'existence et sa vie quotidienne au "Tiers-Temps" maison de retraite de XIVème arrondissement où Beckett attend la mort entouré de femme et en regardant la télévision pour laquelle il aura donné des pièces mémorables ("Quad", "Nacht und Traume", "Trio du Fantôme", "...Quoi Où..."entre autres).

Contrairement à ses héros, Beckett ne va plus avoir longtemps à attendre la fin. L'auteur de Godot est au bout du bout dans ce texte émouvant. Existe soudain le verdict auquel personne n'échappe. Il ne s'agit plus de passer sous silence mais de passer au silence en faisant suite au mot ravalé de Mallarmé.

Dans "L'innommable" il était encore question de "dire des mots tant qu'il y en a" mais tout se referme. Beckett a fait la paix avec sa mère comme le héros de Molloy qui disait ; "Je ne lui en veux pas trop à ma mère. Je sais qu'elle fit tout pour ne pas m'avoir, sauf évidemment le principal, et si elle ne réussit jamais à me décrocher, c'est que le destin me réservait une autre fosse que celle de naissance. Mais l'intention était bonne et cela me suffit".

Gérard de Cortanze, Le goût des arbres ET François Bott, Un amour à Waterloo (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 25 Février 2020. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

 

Gérard de Cortanze, Le goût des arbres, Mercure de France, Le petit mercure, 2019, 128p., 8,20€.

 

La collection « Le goût de » regorge de petites merveilles. Chaque fois, un écrivain recueille des textes d'écrivains autour d'un thème célébré.

L'anthologie, introduite par un auteur qui s'est souvenu des « érables sycomores », propose de fouiller dans la littérature « des arbres ».

S'ils sont, ces arbres, de « la famille » d'un Jules Renard, dont le regard est aussi acéré que certains troncs, ils parsèment les champs littéraires, même si , comme chez Flaubert « ils n'ont plus de feuilles » lors d'une promenade d'automne.