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Les Livres

La certitude des pierres, Jérôme Bonnetto (par Cathy Garcia)

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 02 Mars 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Inculte

La certitude des pierres, Jérôme Bonnetto, janvier 2020, 192 pages, 16,90 € Edition: Inculte

 

Ségurian est un village isolé et perché dans la montagne, dont le saint patron est St Barthélémy, fêté comme il se doit tous les 24 août, avec la sortie du saint en procession et la traditionnelle préparation et dégustation bien arrosée de la soupe au pistou. Tout un symbole si on pense au massacre du même nom et nul doute que l’auteur ne l’a pas choisi par hasard.

Ségurian est un village de chasseur et les chasseurs forment un clan avec un chef qui est aussi le chef, de père en fils, d’une entreprise familiale de construction qui a bâti une bonne partie du village : ce sont les Anfonsso. Joseph Anfonsso est donc un chef : chef de famille, chef d’entreprise, chef des chasseurs. Et plus tard, il passera la main à son propre fils Emmanuel. Tout est bien qui tourne bien, immuablement, dans ce village refermé sur lui-même.

Les aigles endormis, Danü Danquigny (par Christelle D'Hérart-Brocard)

, le Lundi, 02 Mars 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard

Les aigles endormis, Danü Danquigny, Gallimard, janvier 2020, 224 pages, 18 € Edition: Gallimard

 

L’histoire se situe en Albanie, à la toute fin du régime communiste, dirigé par Enver Hoxha, puis par son successeur, Ramiz Alia, et s’étend sur les trois décennies qui ont suivi la chute de la dictature et vu s’installer le Parti démocrate. L’auteur prend son temps pour dresser le portrait désastreux d’un pays gangréné par la misère, la peur et la corruption de ceux qui ont su tirer leur épingle du jeu aux lendemains désenchantés du communisme.

Dans la première moitié du roman, les personnages sont campés par des dialogues et des discours dont la teneur semble davantage servir le panorama socio-économique et politique de l’Albanie que révéler leur existence propre, individuelle : ils participent à ou témoignent de certains épisodes historiques majeurs sans qu’aucun d’eux n’acquière une véritable épaisseur romanesque, saillante ou saisissante. La structure temporelle, qui joue sur l’alternance de deux époques éloignées l’une de l’autre d’une vingtaine d’années, permet de porter un regard rétrospectif et critique sur des événements vécus, au préalable, de l’intérieur.

L’œil du Quattrocento, L’usage de la peinture dans l’Italie de la Renaissance, Michael Baxandall (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Lundi, 02 Mars 2020. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Arts

L’œil du Quattrocento, L’usage de la peinture dans l’Italie de la Renaissance, Michael Baxandall, Gallimard, coll. Tel, janvier 2020, trad. anglais Yvette Delsaut, 240 pages, 14,50 €

Contempler une œuvre d’art

Dans Rome, Naples et Florence, Stendhal rapporte son arrivée à Florence. C’était en 1817. Son cœur, nous dit-il, « bat avec force » à l’approche de la cité des Médicis, là où vécurent les grandes figures de la Renaissance. Il se sent profondément ému, « hors d’état de raisonner » et se livre à sa folie « comme auprès d’une femme qu’on aime ». Un curieux trouble qui resurgira lors de sa visite de la ville et des chefs-d’œuvre qu’elle contient. On se prendrait volontiers pour Stendhal lorsqu’on ressent une émotion aussi intense à contempler les grandes peintures, notamment celles du Quattrocento, Fra Angelico, Masaccio, Botticelli, Piero della Francesca et autres…

D’ailleurs, que contemplons-nous dans une œuvre d’art ? La question n’est pas un sujet de philo au bac mais elle interpelle quiconque fréquente de telles œuvres. La vie est faite d’une succession de sensations toutes aussi éphémères les unes que les autres. Un sourire esquissé est voué à disparaître, la beauté d’un visage est condamnée à flétrir, le charme de toutes choses possède un je ne sais quoi de fugace.

Jean-Claude Izzo – Les vies multiples du créateur de Fabio Montale – Jean-Marc Matalon (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 28 Février 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Les éditions du Rocher

Jean-Claude Izzo – Les vies multiples du créateur de Fabio Montale – Jean-Marc Matalon – 17,90 euros – 02/01/20 Edition: Les éditions du Rocher

 

« Au lycée du Rempart, Jean-Claude s’ennuie. On lui apprend à tordre des bouts de fer alors que ce qu’il aime par-dessus tout, c’est usiner les mots, ciseler les phrases, aiguiser les idées. » Jean-Marc Matalon

« Une brume de chaleur enveloppait Marseille. Je roulais sur l’autoroute, vitres ouvertes. J’avais mis une cassette de B.B. King. Le son au maximum. Rien que la musique. Je ne voulais pas penser. Pas encore. Seulement faire le vide dans ma tête, repousser les questions qui affluaient. Je revenais d’Aix et tout ce que je craignais se confirmait. Leila avait vraiment disparu. » Total Khéops – Jean-Claude Izzo – Série Noire Gallimard – 1995

Il y a vingt ans disparaissait l’écrivain et journaliste Jean-Claude Izzo, marseillais comme l’était Jean-Patrick Manchette, deux comètes de la littérature policière, du nouveau roman noir. Jean-Marc Matalon qui s’est déjà glissé dans la peau romanesque de l’auteur de Chourmo (1), lors d’une talentueuse effraction littéraire, nous offre une biographie fidèle, précise et brillante de l’écrivain, une immersion dans son histoire, ses filiations, ses amours et ses amitiés.

Au bord du monde, Frédérique Dolphijn (par Delphine Crahay)

Ecrit par Delphine Crahay , le Jeudi, 27 Février 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Au bord du monde, Frédérique Dolphijn, éd. Esperluète, novembre 2019, 176 pages, 18 €

 

Fêlures

Mon Rêve est un lieu de vacances banal : un gîte à la campagne, non loin d’une forêt. Il accueille successivement Yann, Clarisse et leurs triplés ; Bernard, Sarah et leur nourrisson ; Nico Mangalini et Elisée, sa nouvelle maîtresse. Tous rêvent d’un séjour qui ressoude, restaure, régénère : Yann et Clarisse aspirent au repos et à la symbiose familiale ; Bernard espère renouer avec sa compagne une intimité perdue depuis la naissance de l’enfant ; Nico Mangalini, séducteur compulsif et maître fabulateur, s’imagine que la jeune femme pourrait être, enfin, celle qu’il recherche.

Mais Mon Rêve n’en est un que pour sa propriétaire, Madame Lacroix, mégère et marâtre, flanquée d’un simplet – l’Enfant – et d’un mari-paillasson, qu’elle accable de ses acrimonies et sur qui elle semble se venger de sa vie avortée. Pour les autres, ce lieu-personnage agit comme un révélateur des dissonances enfouies, des béances tapies : les couples se défont, les familles se disloquent, les départs sont précipités, les faux-semblants s’estompent et les illusions se dissipent.