Quand Colette parle des fleurs, c’est un enchantement et c’est de la littérature, que ce soit dans ses récits, dans des chroniques ou dans Pour un herbier (La guilde du livre de Lausanne, 1953). On pourrait lui reprocher son anthropomorphisme, son maniérisme stylistique et, peut-être, une forme de mysticisme – nous n’y songeons pas, n’étant pas encore délivrée de notre idolâtrie.
Mais tout le monde n’est pas Colette et il n’en va pas de même du livre d’Anne-France Dautheville, bien qu’il ne soit pas, loin s’en faut, dénué d’intérêt.
Il rassemble de brèves chroniques d’un intérêt inégal, qui mêlent botanique, anecdotes, légendes, références littéraires, mythologiques et historiques, considérations étymologiques et notations sur la symbolique et le langage des fleurs. Il y est question des atours et des métamorphoses des fleurs, de leurs inépuisables ressources, de leurs mœurs et de celles des insectes qui les fréquentent, mais aussi de leurs ruses et de leurs tours, des trompe-l’œil et autres subterfuges qu’elles fomentent, retorses, pour abuser la naïveté des butineurs et assurer leur survie et leur reproduction, ce qui témoigne de la sagacité et de l’à-propos de la nature – autant, sans doute, que d’un certain arbitraire dans la distribution de la perspicacité.