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Les Livres

Le Maître du Haut Château, Philip K. Dick (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 20 Mai 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Le Livre de Poche

Le Maître du Haut Château (The Man in The High Castle, 1962), trad. américain, Michelle Charrier, 380 pages, 7,90 € . Ecrivain(s): Philip K. Dick Edition: Le Livre de Poche

 

La pire erreur que l’on pourrait commettre à propos de Philip K. Dick serait de le confiner dans l’espace exclusif de la Science-Fiction – avec la condescendance qui accompagne trop souvent ce confinement. Dick est un grand écrivain et son champ est la SF ou la dystopie ou l’uchronie. Il est, avec JG. Ballard, Clifford Simak, Ray Bradbury et Isaac Asimov, l’un de ceux qui ont érigé un genre considéré auparavant comme mineur en partie intégrante de la grande littérature. Le souffle narratif, l’universalité de la vision, la puissance de l’imagination mettent Philip K. Dick dans la troupe (nombreuse) des plus grands écrivains américains du XXème siècle. Et Le Maître du Haut Château, l’un de ses chefs-d’œuvre majeurs.

Le Maître du Haut Château, écrit en 1962, est une uchronie post deuxième guerre mondiale, qui court de 1948 à vingt plus tard. Les Alliés ont perdu la Guerre, Le Reich allemand et le Japon impérial ont triomphé et se sont partagé le monde. Une ligne de démarcation sépare les ex-USA en trois blocs, l’un dominé par les japonais à l’Ouest, l’autre par les nazis à l’Est et, entre les deux, une zone « neutre ».

Nos conversations célestes, Jean-Christophe Attias (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 19 Mai 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Alma Editeur

Nos conversations célestes, Jean-Christophe Attias, janvier 2020, 344 pages, 18 € Edition: Alma Editeur

Quand un universitaire éminent, professeur à l’École pratique des Hautes-Études, auteur d’un excellent livre sur Les Juifs et la Bible (Fayard, 2012), entreprend un premier roman, il est naturel qu’il prenne comme toile de fond le milieu professionnel qu’il connaît le mieux (ou le moins mal) : le monde académique. C’est donc dans une université parisienne qu’un professeur disparaît, aussi complètement qu’il est possible de disparaître, tranchant tous les fils qui, de nos jours, pendent à la patte d’un individu. Si prestigieux soit-il, un professeur d’université est un fonctionnaire, pourvu de droits statutaires, mais également d’obligations, à commencer par celle de faire ce pour quoi on l’a recruté et pour quoi l’État le paie.

Plutôt que d’avertir la police (disparaître n’est pas illégal), le doyen de la faculté charge un collègue de Ben Halfman – ainsi se nomme le disparu – de le retrouver. Le professeur ainsi promu détective se voit flanqué de la secrétaire du doyen, histoire de former avec elle un improbable tandem cinématographique. Comment retrouver un personnage qui a coupé tous les liens avec ce qu’il est convenu d’appeler la civilisation ? En outre – nomen, omen – Ben Halfman n’était-il que ce qu’il prétendait être, un professeur atypique, ou était-il encore (ou en même temps) autre chose, un ange, par exemple ?

Le Retour d’Arsène Lupin ; Le Noël d’Arsène Lupin ; Frédéric Lenormand (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mardi, 19 Mai 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Le Masque (Lattès)

Le Retour d’Arsène Lupin ; Le Noël d’Arsène Lupin ; Frédéric Lenormand, novembre 2019, 272 et 256 pages, 8,50 € Edition: Le Masque (Lattès)

Le personnage du gentleman cambrioleur a toujours eu beaucoup de succès en France où l’on peut trouver de nombreux lupiniens, lupinologues et autres lupinophiles. Pourtant Maurice Leblanc, l’inventeur du héros fantastique, publié en ses débuts dans le mensuel Je sais tout, a toujours souffert d’être relégué à la place de Conan Doyle français et de ne pas être reconnu par ses confrères à celle qu’il prétendait d’écrivain « à part entière » tels les Flaubert, Maupassant, Daudet, Renard.

L’œuvre de Maurice Leblanc est tombée dans le domaine public en janvier 2012 laissant la possibilité à de nouveaux auteurs de reprendre le fameux personnage de Lupin. C’est ainsi qu’est né sous la plume de Frédérique Lenormand ce Retour d’Arsène Lupin. À noter, pour les lupinophiles qu’un Retour d’Arsène Lupin, sous la forme d’une pièce de théâtre d’une cinquantaine de pages a été écrite par Leblanc lui-même et Francis de Croisset en 1920 et qu’elle fût publiée dans les numéros 177 et 178 de Je sais tout. Qu’a été porté au cinéma en 1938 par George Fitzmaurice, avec Melvyn Douglas en Lupin, un film, et que la télévision avec Jacques Nahum derrière la caméra en a tourné un autre en 1989, François Dunoyer jouant le rôle du gentleman cambrioleur.

J’ai rendez-vous avec toi, Mon père de l’intérieur, Lorraine Fouchet (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mardi, 19 Mai 2020. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

J’ai rendez-vous avec toi, Mon père de l’intérieur, Lorraine Fouchet, Héloïse d’Ormesson, mars 2014, 272 pages, 19 €

 

L’ouvrage porte comme titre premier J’ai rendez-vous avec toi. Si Lorraine Fouchet a choisi comme sous-titre à son récit : Mon père de l’intérieur, c’est en effet à un rendez-vous post-mortem auquel l’auteur nous invite. Ce père célèbre, qui lui a faussé compagnie lorsqu’elle avait dix-sept ans, pour partir définitivement dans un pays où elle ne peut plus le rejoindre, elle va entreprendre un sacré périple pour s’offrir et offrir au lecteur une autre face, plus intime, plus secrète, plus cachée.

« T’écrire me fissure, mais bizarrement ça me répare. Je pivote sur mes axes en retombant sur mes pieds, façon Rubik’s Cube… J’ai commencé ton livre bleu, c’est très troublant, j’entends à nouveau ta voix comme si tu lisais tout haut par-dessus mon épaule ».

« Mon histoire/ c’est l’histoire d’un amour/ Ma complainte/ C’est la plainte de deux cœurs/ Un roman comme tant d’autres/ Qui pourrait être le vôtre… ».

La Bête, son corps de forêt, Perrine Le Querrec (par Jean-Paul Gavard-Perret))

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 18 Mai 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

La Bête, son corps de forêt, Editions Les Inaperçus, juin 2020, 48 pages, 7 € . Ecrivain(s): Perrine Le Querrec

 

 

Les mots de Perrine Le Querrec lorsqu’ils parlent des femmes sont souvent chargés d’ombre. Solidaire de celles qui furent des victimes à diverses époques (femmes tondues à la libération par exemple), elle écrit dans la faille du temps comme dans les espaces d’enfermements en renversant les données de l’asile – il est fait chez elle non pour protéger le dehors de leur dedans, mais leur dedans du dehors.

Pour autant, dans un second volet de son travail, l’auteure quitte les moments de désolation et de dégradation pour oser une écriture de l’éros. Les corps sont là sans fard. Et si Beckett a écrit « Il faut dire des mots », Perrine Le Querrec ramène à la surface de la page non les vestiges mais les vertiges d’un corps qui écrit, et tout tremble.