S’il est encore des réticents qui considèrent le roman noir comme un genre « mineur » de la littérature, alors qu’ils viennent, avec leurs préjugés en bandoulière, lire le dernier opus en date d’Arnaldur Indridason. Ils y découvriront une œuvre magistrale qui compte de manière majeure dans le paysage littéraire d’aujourd’hui.
Ceux qui suivent les œuvres du maître nordique, se rappellent que son dernier livre nous avait privé de notre enquêteur favori, Erlendur. On y avait vaguement et mystérieusement appris qu’il était en « vacances » quelque part vers les fjords de l’Est. Et c’est là que ce livre nous permet de le rejoindre. Erlendur n’est pas en voyage organisé, c’est le moins qu’on puisse dire ! Il est seul, logeant dans une ferme abandonnée battue par les vents glacés, sans mobilier, dormant à même le sol dans un sac de couchage. Jugez donc du confort du séjour d’Erlendur :
« Il s’était mis à pleuvoir, le vent qui s’était levé hululait sur les murs nus qui offraient toutefois un abri suffisant contre ce frimas tout en grisaille. La petite lampe à gaz qu’il avait apportée lui procurait un peu de chaleur, il l’avait réglée au niveau le plus bas, de manière à ce qu’elle dure le plus longtemps possible. Elle projetait autour de lui une clarté blafarde, crépusculaire, et tout autour il faisait aussi noir que dans un cercueil. »