Une biographie de Milon de Crotone ? S’y atteler ne manque pas de courage, étant entendu que « Milon en particulier, et les athlètes en général, n’[en]ont pas fait l’objet » dans l’Antiquité elle-même. Il fallait donc s’armer de patience et de la ténacité du chercheur pour réunir, confronter, commenter tous les textes disséminés des auteurs anciens ayant contribué à dresser son portrait en l’érigeant en symbole. De ce courage, Jean-Manuel Roubineau n’a certes pas manqué, ainsi qu’en témoignent les 763 notes érudites n’occupant à la fin du volume pas moins de 58 pages.
D’emblée, l’Introduction dessine les lignes essentielles. De celui qu’au début du 1er siècle après J.-C., Strabon, situé comme « le plus célèbre des athlètes », il n’existe plus en fait aucune représentation physique tant soit peu contemporaine et notamment plus la statue de l’Altis d’Olympie qui fut le support de Pausanias. Il n’empêche qu’il est devenu un archétype, repris chez Rabelais, Hugo, Alexandre Dumas – variantes modernes laissées volontairement de côté. D’une part, il correspond à l’émergence du « sport » tel qu’on l’entend de nos jours ; d’autre part, son personnage et sa mort tragique ont connu, suscité des interprétations contradictoires.