Innombrables sont les romans, bandes dessinées et films mettant en scène des journalistes ou des envoyés spéciaux (prononcez reporters). Comment ces professions sont-elles parvenues à infiltrer la fiction, ce qui ne s’est jamais produit avec les notaires, les plombiers et les dentistes (pour ne citer que trois métiers indispensables, mais dépourvus de prestige) ? La fiction ne fait que refléter une réalité sociologique, l’évolution de la presse en Europe et dans ses prolongements (Amérique, Israël, Océanie).
Le terme de « presse » est en soi intéressant. Quand, au XVIIesiècle, des pamphlétaires parfois prestigieux (comme Milton) revendiquaient la liberté de la presse, ils pensaient à la liberté d’imprimer en général : des romans, des pièces de théâtre, de la philosophie, de la théorie politique, voire de la poésie, et pas seulement des journaux. Par la suite, le mot « presse » en est venu à désigner le volume chaque jour plus important de papier fraîchement imprimé, destiné à informer ou à manipuler les contemporains. Si les journalistes sont souvent perçus (à tort) comme des héros, les patrons de presse font moins rêver. Randolph Hearst doit sa célébrité hors des États-Unis à la politique et au cinéma.