Identification

Histoire

Éloge de la baleine, Camille Brunel (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 04 Juillet 2022. , dans Histoire, Les Livres, Recensions, Essais, La Une Livres, Rivages

Éloge de la baleine, Camille Brunel, avril 2022, 208 pages, 17 € Edition: Rivages

 

Moby Dick ne commence ni par une épître dédicatoire adressée à un maître ou à un ami de l’auteur, ni par la traditionnelle préface, où Melville expliquerait ses intentions, mais par deux sections avec lesquelles l’auteur prend ses distances, les attribuant à « un pion de collège » et à « un très obscur bibliothécaire ». La première est étymologique et vaguement linguistique, qui se réduit à douze langues (dix en réalité, puisque l’hébreu et le grec pourtant annoncés sont absents) ; la seconde consiste en un relevé (évidemment non exhaustif) de citations, allant de la Genèse aux chansons de marins que Melville avait pu entendre dans les ports américains, en passant par Rabelais, Shakespeare ou Cuvier. Ces pages érudites et borgésiennes avant l’heure rappellent le long compagnonnage de l’être humain avec les cétacés, particulièrement les plus grands d’entre eux, et la fascination qu’ils exercent (Camille Brunel ajoute dans son livre un hommage mérité à Jules Verne, p.153). Mais cette fascination à la fois est récente (il y a moins de trois siècles encore, la mer faisait peur) et n’est plus aussi « innocente » (au sens originel) que celle éprouvée par les écrivains de la Bible ou de l’Antiquité grecque, car l’humanité a fini par se rendre compte du profit économique qu’elle pouvait retirer de ces immenses créatures.

Les enfants martyrs de Riaumont, Ixchel Delaporte (par Martine L. Petauton)

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mardi, 31 Mai 2022. , dans Histoire, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, La Brune (Le Rouergue)

Les enfants martyrs de Riaumont, Ixchel Delaporte, Le Rouergue, La Brune, mars 2022, 373 pages, 22 €


De temps à autre, les colonnes des magazines, ou les sujets d’actu télévisuels éclairent ce qu’on nomme presque pudiquement « un scandale d’enfants abusés » dans le sport, l’enseignement, l’enfer du privé des familles d’accueil, les colonies de vacances… Le mot enfant qu’on voudrait tant associer au bonheur et à la sécurité, semblant aller aussi, depuis le fond des temps, de pair avec l’abus et le malheur. Presque aussi répugnants que les faits eux-mêmes, le déni, le refus d’assumer des agresseurs, et, non moins terribles, les diverses façons des institutions de « couvrir » les accusés ou de passer le tout à l’éteignoir… Qui d’entre nous n’a encore en fraîche mémoire – faits tonitruants toujours en cours judiciaire – les si nombreux enfants abusés par des prêtres catholiques et la difficile acceptation des crimes par la hiérarchie d’une Église aux abois.

Petite encyclopédie du génocide arménien, Denis Donikian (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 24 Mai 2022. , dans Histoire, Les Livres, Recensions, La Une Livres

Petite encyclopédie du génocide arménien, Editions Geuthner, décembre 2021, 661 pages, 75 € . Ecrivain(s): Denis Donikian

 

« A l’origine de ce livre constitué de fiches présida l’idée d’apporter aux profanes autant qu’aux intéressés eux-mêmes, un éclairage précis et fiable sur les événements qui ont préparé, marqué et suivi le génocide des Arméniens en 1915. Comme les travaux universitaires épousant la complexité des faits pouvaient conduire à décourager même les plus curieux, il parut opportun de les rendre assimilables sans pour autant amoindrir leur violence. » Ce sont deux phrases extraites de l’introduction écrite par l’auteur qui précisent la volonté et le contenu de l’ouvrage. Denis Donikian a entrepris la création de fiches, initialement prévues pour Internet, en commençant par celle consacrée au mot génocide. Les fiches se sont ensuite accumulées, abordant les différents aspects d’un génocide demeuré impuni et dont les causes et les conséquences méritaient une approche synthétique.

Le Fantôme de Philippe Pétain, Philippe Collin (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Jeudi, 19 Mai 2022. , dans Histoire, Les Livres, Recensions, Essais, La Une Livres, Flammarion

Le Fantôme de Philippe Pétain, Philippe Collin, Flammarion/France-Inter, mars 2022, 366 pages, 22,50 € Edition: Flammarion


Cet ouvrage est le fruit d’une enquête passionnante de Philippe Collin menée auprès de douze historiens, chacun d’eux ayant travaillé spécifiquement sur un aspect précis relatif au personnage historique et contesté que fut Philippe Pétain, qu’il s’agisse de la première guerre mondiale, de l’entre-deux-guerres, de l’occupation ou de la deuxième guerre mondiale.

A la période trouble que nous vivons (lire ou relire la recension de La falsification de l’histoire de Laurent Joly sur notre site), l’ouvrage veut répondre en une dizaine de chapitres aux interrogations légitimes que pose la présence du personnage dans notre quotidien électoral ou pas.

En effet, comment expliquer le recours à Pétain aujourd’hui encore, pourquoi a-t-on eu recours à lui, qui a pactisé avec le pouvoir nazi, quelles ont été les circonstances de l’entre-deux-guerres qui ont pu favoriser son accession au pouvoir en 1940 ?

Hastings, 14 Octobre 1066, Pierre Bouet (par Vincent Robin)

Ecrit par Vincent Robin , le Jeudi, 07 Avril 2022. , dans Histoire, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Hastings, 14 Octobre 1066, Pierre Bouet, Tallandier Texto, mars 2021, 190 pages, 8,50 €

 

La mémoire du passé conserve parfois avec résonnance ces évènements survenus dans l’Histoire de manière plutôt inopinée, dont l’incidence ne se vit toutefois pas rétrospectivement réduite à de simples bouleversements conjoncturels ou temporaires. Généralement conduites dans la durée, rarement les plus marquantes conquêtes territoriales tentées à travers le monde ne furent autrefois résolues au terme d’une seule journée. Avec sa portée institutionnelle au long court et son influence culturelle non moins durable sur l’Angleterre du cœur moyenâgeux, la bataille dite « d’Hastings » en l’an 1066 compta de la sorte parmi ces inflexions imposées à tout un peuple en moins de vingt-quatre heures. Aujourd’hui fort jaloux de la marque universelle de leur prospérité économique et culturelle, assise sur une monarchie longuement préservée au fil des siècles, nos voisins Britanniques oublient ainsi, quelquefois sournoisement, qu’ils furent eux aussi occasionnellement secoués par un sort subit qu’ils n’avaient pas choisi. En outre restent-ils le plus souvent convaincus que la barrière insulaire s’inscrivit dans le temps comme un allié naturel qui les protégea virtuellement de toute invasion.