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Critiques

Le Pas de la Demi-Lune, David Bosc (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 24 Août 2022. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Verdier

Le Pas de la Demi-Lune, août 2022, 192 pages, 17 € . Ecrivain(s): David Bosc Edition: Verdier

 

« Alentour, ce sont surtout des garrigues, la densité nue, lente, d’un tapis de garrigue où l’herbe haute à peine plus qu’un doigt, quand elle tremble au vent, pince le cœur ».

« Nos années heureuses dans une ville heureuse n’ont pas fait pâlir les heures ni les lumières de l’enfance, elles leur ont au contraire donné un éclat plus vif ».

Voici peut-être le roman le plus profondément original, peut-être le plus romanesque, le plus troublant, le plus éclairant, le plus saisissant, de cette rentrée littéraire. Cela tient à la richesse de son imaginaire, à sa forme, son style, à la matière qu’il travaille, qu’il polit, qu’il fait émerger, sous les frondaisons de l’enfance passée aux portes de la Méditerranée. Car nous sommes à Marseille et dans ses environs dans Le Pas de la Demi-Lune, ou plutôt à Mahashima, capitale désertée d’un Royaume ancestral, nous sommes en Provence et au Japon et parfois en Chine, comme si ce pays que connaît bien l’auteur avait été colonisé par un Royaume guerrier, ou comme s’il se réveillait dans un temps ancien où l’Histoire ne serait qu’un improbable souvenir.

Les Nuages, Juan José Saer (Par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 23 Août 2022. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Amérique Latine, Roman, En Vitrine, Le Tripode

Les Nuages (Las Nubes, 1997), Juan José Saer, éditions Le Tripode, octobre 2020, trad. espagnol (Argentine) Philippe Bataillon, 220 pages, 19 € . Ecrivain(s): Juan José Saer Edition: Le Tripode

 

Nos bien connus Pigeon et Tomatis * ouvrent cet ouvrage – écho à une autre grande œuvre de Juan José Saer, l’enquête, dont nous avons parlé ici-même. Les deux amis, éloignés comme toujours par l’Océan Atlantique – l’un est à Paris et l’autre en Argentine – correspondent toujours et, dans une lettre, Tomatis annonce à Pigeon l’arrivée prochaine d’un envoi mystérieux, de la part de Marcelo Soldi que Pigeon avait déjà rencontré, et qui va prodigieusement l’intéresser. Et « À peu près un mois plus tard, l’envoi était arrivé ! c’était une enveloppe de taille moyenne protégée par une garniture intérieure de plastique à bulles, autocollante mais que Soldi, par précaution, avait fermée avec du ruban adhésif transparent, et qui contenait une lettre assez longue et une disquette d’ordinateur ».

Comme dans L’enquête, le roman va tourner autour d’un manuscrit ancien retrouvé qui va en fait constituer le roman entier, Soldi, l’expéditeur, allant jusqu’à en suggérer le titre en nommant le manuscrit.

Le Seigneur des Anneaux, L’Intégrale, J. R. R. Tolkien (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 22 Août 2022. , dans Critiques, Les Livres, Livres décortiqués, Science-fiction, La Une Livres, Iles britanniques, Pocket

Le Seigneur des Anneaux, L’Intégrale, trad. anglais, Daniel Lauzon, 1600 pages, 18,90 € . Ecrivain(s): J. R. R. Tolkien Edition: Pocket

 

 

Entre 2001 et 2003, le réalisateur néo-zélandais Peter Jackson a proposé au monde une certaine vision du Seigneur des Anneaux en trois films qui ont rencontré l’assentiment de la critique et un vaste succès public, surtout après les sorties en dvd de versions longues qui ont fait les délices d’innombrables soirées entre amis ou en famille. C’était il y a vingt ans, c’est ainsi qu’existe désormais majoritairement dans l’imaginaire collectif la trilogie de Tolkien, du moins pour un grand public à qui l’on propose, au travers d’innombrables adaptations cinématographiques ou télévisées, d’oublier de lire pour regarder, que ce soit un film ou une série n’y change rien, et donc adopter un point de vue spécifique sur un récit. Pour peu, on en oublierait qu’existe un livre, c’est-à-dire une ouverture absolue à l’imaginaire dont les descriptions nécessairement incomplètes incitent à se faire son propre… film.

Essais, Marcel Proust en La Pléiade (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 18 Août 2022. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, La Pléiade Gallimard

Essais, Marcel Proust, Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade (édition dirigée par Antoine Compagnon, Christophe Pradeau, Matthieu Vernet), avril 2022, 2064 pages, 69 € jusqu’au 31/10/2022, puis 75 € . Ecrivain(s): Marcel Proust Edition: La Pléiade Gallimard

 

« Et les ouvrages d’un grand écrivain sont le seul dictionnaire où l’on puisse contrôler avec certitude le sens des expressions qu’il emploie ».

En marge des « Mélanges »

« La couleur que je préfère – La beauté n’est pas dans les couleurs, mais dans leur harmonie.

L’oiseau que je préfère – L’hirondelle »

Marcel Proust par lui-même (1893 ?)

Mais que faisait Marcel Proust, avant qu’il ne se lance dans l’édification d’À la Recherche du temps perdu, cette cathédrale du Temps romanesque ? Il écrivait, il ne cessait d’écrire ! Ce volume de la Bibliothèque de la Pléiade nous offre ses écrits, ses essais, ses courts articles, qui vont d’une façon plus ou moins secrètes irriguer son grand livre.

L’Invention du Diable, Hubert Haddad (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 17 Août 2022. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Zulma

L’Invention du Diable, Hubert Haddad, Zulma, août 2022, 314 pages, 21,70 € . Ecrivain(s): Hubert Haddad Edition: Zulma

 

Hubert Haddad n’aura jamais fini de nous émerveiller. On le sait grand styliste et on le sait métamorphique dans son écriture. Ce roman est un des moments marquants de ces métamorphoses. Il enfourche ici – et ce n’est pas seulement une métaphore car ce roman regorge de cavalcades – la langue de la Renaissance, un peu précieuse, dynamique, profondément poétique pour nous conter la geste baroque de Papillon de Lasphrise à travers temps, champs, villes et moult aventures réjouissantes.

Il faut dire que ses premiers pas en ce monde furent, pour le moins, erratiques et dangereux. Condamné à la naissance par la médecine charlatane de son temps, Papillon fait ainsi connaissance avec la plus fidèle des compagnes des hommes, la plus obstinée, la mort. Et c’est probablement ainsi qu’il devint… immortel. La mort, première ennemie des hommes, celle qui élimine alors la plus large part des enfants qui naissent, machine cynique qui ne rend de comptes à personne, miséreux ou puissant, et joue aux dés la vie des hommes.