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Critiques

Le cri de l’oiseau de pluie, Nadeem Aslam

Ecrit par Victoire NGuyen , le Mardi, 07 Juillet 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Asie, Roman, Seuil

Le cri de l’oiseau de pluie, février 2015, trad. de l’Anglais (Pakistan) par Claude et Jean Demanuelli, 282 pages, 21 € . Ecrivain(s): Nadeem Aslam Edition: Seuil

 

Chronique d’une vie ordinaire

A l’ouverture du roman, il est mercredi et le maulana Hafeez, l’imam d’une des deux mosquées d’une petite bourgade du Pakistan, rentre chez lui après la fin des premières prières. Sa femme l’attend car la journée est spéciale :

« J’ai entendu le chant de papiha, dit-elle. Ça doit être la mousson.

– Il chante depuis l’aube », confirma le mollah en hochant la tête.

Or la présence de cet oiseau au nom étrange est annonciatrice de pluie. La mousson arrive donc. Mais à y réfléchir de près, l’animal est aussi porteur de mauvaises nouvelles : d’abord celle de la mort du puissant juge Anwar et ensuite celle de l’apparition de lettres non distribuées depuis 19 ans après l’accident du chemin de fer.

Traduit du Français, Bernard Pignero

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mardi, 07 Juillet 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman

Traduit du Français, Ed. Encretoile, avril 2015, 172 pages, 18 € . Ecrivain(s): Bernard Pignero

On le sait amateur et connaisseur d’art, notamment de peinture, de musique, mais aussi de vin, de bons moments ; oui, c’est bien ça, de vie donc. Habitué des paysages du Sud et des brumes Picardes, sachant les regarder, les humer, en parler. Sa vie déjà longue, ses valeurs, ses passions, sa famille, ont déjà conduit sa plume à nous titiller l’intérêt de livre en livre, de chronique en chronique… Et ça, jusqu’à ce qu’on se dise : dans ce bonhomme de chemin, se cache un bonhomme,  Bernard Pignero, qui pourrait bien peaufiner d’une belle écriture, sage – pas toujours, « longue en œil » – assurément, des histoires profondes, qui, mine de mine, résonnent – et longtemps – dans nos émotionnels de lecteurs, dans nos vies à nous. Autant dire, un écrivain, un vrai. Et s’il n’en fallait qu’un, ce serait à ce livre de plaider dans ce sens.

Son « Traduit du Français » porte les qualités de ses autres livres, en un « cru » de grande année : récit, façon de le dire en belle langue aboutie, architecture, décor, atmosphère, personnages ! J’oubliais : pas une once d’ennui ; et ça ! Histoire amarrée sur plusieurs générations, autour d’une petite ville du Sud – Cévennes pas loin, qu’on pourrait situer dans Sommières, ou Lodève, dans ce Gard, par exemple, adossé à la montagne, œil vissé vers le sud, éclairé, soleil éclatant, mais zones d’ombres tout autant.

La filière afghane, Pierre Pouchairet

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Lundi, 06 Juillet 2015. , dans Critiques, Les Livres, Polars, La Une Livres, Roman, Jigal

La filière afghane, mai 2015, 272 pages, 18,50 € . Ecrivain(s): Pierre Pouchairet Edition: Jigal

 

Rarement un roman policier a entretenu des liens aussi étroits avec la réalité et l’actualité. Que l’action se situe dans la banlieue de Nice ou en Afghanistan, Pierre Pouchairet, sans sacrifier un seul instant à l’intrigue fictionnelle, sait faire partager au lecteur une expérience de terrain, accumulant les détails et les situations véridiques. Il faut tout de suite préciser que l’auteur, ancien commandant de la police nationale, chef de groupe aux stups, attaché de sécurité intérieure à Kaboul puis au Kazakhstan, possède à merveille son sujet. Son héros, Gabin, capitaine de police d’un groupe de stups au sein de l’antenne PJ de Nice, enquête avec son équipe sur un trafic de stupéfiants dans le quartier de l’Ariane. Des informations vont le mettre sur la trace d’un trafiquant Franco-Afghan qui, sous couvert de diriger une ONG, se livre au commerce du hachich et de l’héroïne en provenance d’Afghanistan. Un travail de longue haleine commence, alors que la France est secouée par une vague d’attentats terroristes.

Shérazade était toquée, Mona Fajal

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 03 Juillet 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Récits, Arts

Shérazade était toquée, Les Itinéraires Editions Gourmandes, avril 2015, 264 pages, 26,90 € . Ecrivain(s): Mona Fajal

 

Quelle merveilleuse idée !

Quelle belle initiative que de réunir en un même livre 10 villes, 10 histoires dont chacune se déroule dans chacune de ces villes, et 10 recettes qui sont chacune en relation avec chacune de ces villes où se passe chacune de ces histoires… Résumer ainsi la trame de l’ouvrage suffirait déjà presque à provoquer le début d’un tournis de mille et une sensations !

Alors, si on ajoute que ce kaléidoscope a pour décors naturels, pour saveurs traditionnelles, pour assaisonnement culturel toute la richesse et la magie de ce pays incomparable qu’est le Maroc, on fait forcément entrer le lecteur avant même qu’il ait soulevé, déjà tout alléché, le couvercle du livre, dans mille et un enchantements, d’où le titre du livre, qui en soi est d’emblée porteur d’un savant et savoureux tajine sémantique d’images et de références intertextuelles épicées d’un humour subtil.

La hauteur de l’horizon, Fabien Pesty

, le Vendredi, 03 Juillet 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Récits, Paul & Mike

La hauteur de l’horizon, mars 2015, 200 pages, 13 € . Ecrivain(s): Fabien Pesty Edition: Paul & Mike

 

Trois Perses en nage en quête d’hauteur

L’homme étant à mi-chemin entre le fait divers et l’animal fatigué, Fabien Pesty invente des histoires à dormir couché. Excellent calcul : de même que la vache est d’une traite, le lit est rature.

Fabien Pesty a décidé de réécrire le corbeau et la cigale parce que La Fontaine c’était pas mal mais ça a vieilli. Mais, comme ce n’est pas un type à fables, il a pondu un recueil d’histoires (18, les a comptées l’éditeur qui n’a que ça à faire et qui a oublié la préface pourtant savoureuse) mi-chèvre, mi-raison, mi-figue Michou.

Certaines sont fort divertissantes : Fabien Pesty a la plume facile et le jeu de mot laid. Sa préface à « lire attentivement (…) avant la première utilisation du livre » en est un parfait exemple : si l’homme est l’animal le plus couard, le plus dangereux et le plus alcoolique c’est aussi « le seul qui sache écrire ». Voilà de quoi clouer le bec à tous ces philosophes sur le plat qui nous bassinent à perdre Allen. Car on ne fait pas d’homme-lettres sans casser Dieu.