Quand le théoricien se raconte
C’est incontestablement à Philippe Lejeune, « le pape de l’autobiographie », ainsi que certains le surnomment à raison, que l’on doit l’intérêt grandissant porté aux écritures de soi. Depuis 1975, date à laquelle il publia son célèbre essai intitulé Le Pacte autobiographique (Seuil, coll. Poétique), il n’a cessé de s’intéresser aux écritures autobiographiques et à offrir à ces textes que l’on méprisait jusqu’alors, l’éclairage et l’attention qu’ils méritent.
C’est son propre parcours que Philippe Lejeune décide de partager dans le premier des cinq textes qui composent le présent ouvrage. L’aventure intellectuelle qui est la sienne n’est pas simplement celle d’un théoricien qui a exploré les chefs-d’œuvre de l’autobiographie (Rousseau, Stendhal, Gide, Sartre, Leiris…) et en a inventé la « grammaire ». Philippe Lejeune, par l’intermédiaire du travail qu’il a mené sur l’autobiographie de son arrière-grand-père paternel, Les étapes de la vie, s’est peu à peu détaché du « canon littéraire » pour étendre ses recherches aux écritures ordinaires. La découverte du texte de Xavier-Edouard Lejeune, son aïeul, a aussi été l’occasion pour lui de s’aventurer sur les chemins de la critique génétique, c’est-à-dire l’étude des brouillons d’une œuvre, aventure que le troisième texte – « Du brouillon à l’œuvre » – relate et explique.