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Critiques

De Perle et de Corail, Tome 1, La Fiancée Varéniane, Mara Rutherford (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 07 Décembre 2022. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Jeunesse, La Martinière Jeunesse

De Perle et de Corail, Tome 1, La Fiancée Varéniane, Mara Rutherford, La Martinière Jeunesse, août 2022, trad. anglais (USA) Céline Morzelle, 496 pages, 20 € Edition: La Martinière Jeunesse

 

Il y a plus d’un siècle, S.S. Van Dine publia dans un article les vingt règles pour écrire des romans policiers, genre alors en plein essor et en vogue aux Etats-Unis ; à charge pour les auteurs talentueux, inventifs, créatifs, de sortir de ces règles, voire de les pervertir – ce sont ceux que l’histoire littéraire a retenus, ceux dont on prend aujourd’hui encore plaisir à lire les romans et nouvelles. Aujourd’hui, nul doute que pourraient être publiées (peut-être le sont-elles, peut-être sont-elles même enseignées durant des séminaires de creative writing) les vingt règles pour écrire un roman de fantasy – et probablement que Mara Rutherford, précédemment journaliste, les aurait imprimées et affichées au-dessus de son bureau avant d’écrire La Fiancée Varéniane, premier tome d’une duologie intitulée De Perle et de Corail.

Monnaie de singe (Soldiers’ Pay), William Faulkner (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 06 Décembre 2022. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, USA, Roman, En Vitrine, Garnier-Flammarion

Monnaie de singe (Soldiers’ Pay, 1926), trad. américain, Maxime Gaucher, 368 pages, 8,50 € . Ecrivain(s): William Faulkner Edition: Garnier-Flammarion

 

Le premier roman de Faulkner laisse voir quelques défauts de ceux que l’on peut trouver dans tout premier roman, mais il montre surtout, en gestation flagrante, la puissance de l’œuvre à venir. Tous les thèmes récurrents du maître du Mississippi apparaissent en éclats aveuglants (sans jeu de mots, la cécité est un des thèmes du livre) tout au long de ce roman.

Comme L’Adieu aux armes d’Hemingway, publié dans la même année 1926, il met en scène la « génération perdue », celle des Américains qui ont combattu pendant la Première Guerre mondiale. Mais à la différence d’Hemingway, Faulkner situe son roman dans l’après-guerre, le « retour à la maison » des soldats. L’art du portrait chez Faulkner fait le reste : ses personnages montrent une complexité, des déchirures intimes bien plus élaborées que les « super-héros » d’Hemingway, toujours assez caricaturaux dans l’héroïsme mâle. Certains personnages de ce roman se rapprochent de cet archétype – l’infâme Januarius Jones et le caricatural George Farr, par exemple – mais certains d’entre eux sont clairement plus complexes et intéressants.

Hana, Alena Mornštajnová (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Lundi, 05 Décembre 2022. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Pays de l'Est, Roman

Hana, Alena Mornštajnová, Les éditions Bleu et Jaune, juin 2022, trad. tchèque, Benoît Meunier, 336 pages, 23 €

 

Hana, personnage mutique, décharné, maladif, d’apparence effrayante, tout de noir vêtue et toujours des mêmes vêtements, traverse ce roman comme une incarnation de la meurtrissure et de la mort.

Hana, Mira sa nièce, les autres, les événements personnels, politiques, effroyables, dévoilent peu à peu cette femme qu’on fuit, qui fuit. Dans son sillage rôdent la déchirure, la mort bien amarrée à elle… jusqu’au plus profond de l’horreur.

A la toute fin du roman cette femme, totalement innocente, entièrement défigurée par la vie se révèle un adjuvant incontrôlable, mû sans aucune sorte de culpabilité que celle de porter l’amour et également le malheur.

Hana, jeune fille a pour elle beauté, vivacité, intelligence du cœur et de l’âme, et une indéniable qualité de brodeuse. Elle ne se raconte pas, elle tisse innocemment la blessure, préside malgré elle au destin des siens, personnage central qui revient d’au-delà de l’horreur – pour encore – la semer.

Les œuvres éternelles suivi de La rose céleste, Thibault Biscarrat (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 01 Décembre 2022. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Les œuvres éternelles suivi de La rose céleste, Thibault Biscarrat, éditions Ars Poetica, septembre 2022, 60 pages, 10 € . Ecrivain(s): Thibault Biscarrat 

« Les voix, les versets me sont choses familières. J’attends au pied de la montagne pour qu’il m’indique Sa royauté. Alors le verbe se fera écriture, encre indispensable » (Thibault Biscarrat, Les œuvres éternelles).

« Voyez l’or, plus vous le faites fondre, plus il s’affine. Quand il est purifié à 24 carats, il ne se réduit plus à quelque chaleur qu’on le soumette, car il n’a plus d’alliage impur qui se puisse consumer. Ainsi en va-t-il de l’âme qui se purifie au feu divin » (Paul Claudel, Journal, Janvier 1924).

Une revue littéraire, comme La Cause bien nommée, sert aussi parfois à accompagner, livre à livre, souffle à souffle, l’itinéraire littéraire d’un romancier ou d’un poète. Les livres sont là, et les recensions suivent mot à mot cette aventure romanesque, poétique, et profondément inspirante pour le lecteur. Elles suivent et accompagnent l’écrivain dans son évolution, ses transformations, ses admirations, ses saisissements littéraires. C’est le cas de celles consacrées à Thibault Biscarrat depuis son premier opus, Dolmancé, puis L’homme des grands départs, ou encore Chant Continu et L’Initié.

Au-dessous du volcan, Malcolm Lowry (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 30 Novembre 2022. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Folio (Gallimard)

Au-dessous du volcan, Malcolm Lowry, 594 pages, 10,60 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Il serait pour le moins présomptueux, et probablement ridicule, de prétendre apprendre quoi que ce soit aux « initiés » à l’occasion de la réédition en Poche chez Gallimard de cette œuvre monumentale, magistralement traduite de l’anglais par Stephen Spriel avec la collaboration de Clarisse Francillon et de l’auteur lui-même. Cette présentation ne s’adresse donc qu’aux lecteurs de notre magazine qui n’auraient pas eu encore l’inappréciable loisir de vivre l’expérience inoubliable que constitue cette journée à passer « au-dessous du volcan ».

L’exercice est d’ailleurs rendu particulièrement ingrat par le fait que le texte de la présente édition est encadré par une préface lumineuse de Maurice Nadeau et, en postface, par une analyse précise et érudite de Max-Pol Fouchet. Si on y ajoute cette autre préface rédigée en 1948 par Malcolm Lowry lui-même, il ne reste guère d’espace critique à un modeste rédacteur de chroniques littéraires, qui se trouvera contraint, au milieu de quelques modestes commentaires personnels, de reprendre entre guillemets convenus et convenables quelques particules élémentaires des décryptages brillamment opérés par Nadeau et Fouchet, et une phrase ou deux de la présentation de l’ouvrage par l’auteur.