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Purity, Jonathan Franzen

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Jeudi, 07 Juillet 2016. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, L'Olivier (Seuil)

Purity, mai 2016, trad. l’anglais (USA) Olivier Deparis, 750 page, 24,50 € . Ecrivain(s): Jonathan Franzen Edition: L'Olivier (Seuil)

 

Les romanciers anglo-saxons ont, par tradition, le sens du récit et de la narration, voilà une assertion que le nouveau roman de Jonathan Franzen ne dément certes pas. Dans cet ouvrage, chacun des personnages se fraye une voie difficile vers le succès, l’amour, la justice, le bonheur et toute forme d’épanouissement qui lui semble accessible et acceptable. Ce cheminement est aussi géographique : nous sommes transportés de la Silicon Valley à Manhattan, en passant par le Berlin-est de la Stasi, un journal d’investigation de la ville de Denver et une ONG, le Sunlight Project, fondée en Bolivie par le célèbre hacker et lanceur d’alerte Wolf.

Les trajectoires des trois personnages principaux, Purity ou Pip Tyler, Andreas Wolf et Tom Aberant, connaissent des similitudes troublantes : dans leur jeunesse, Andreas et Tom tissent une passion amoureuse avec deux femmes aux prénoms parallèles, Annagret et Anabel, dont les déséquilibres s’accordent un temps à ceux de leurs amants ; les mères de Pip et d’Andreas sont un fardeau pour l’un comme pour l’autre, bien que ces relations névrotiques et conflictuelles ne soient pas de même nature. Ainsi, les rapports de Pip avec sa mère sont « totalement pervertis par l’aléa moral, une expression utile apprise en cours d’économie à l’université. Elle était comme une banque trop essentielle à l’économie de sa mère pour faire faillite, une employée qui peut tout se permettre parce qu’elle se sait indispensable ».

20+1 Short Stories, Nouvelles, Collectif

Ecrit par Didier Smal , le Vendredi, 01 Juillet 2016. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles, Albin Michel

20+1 Short Stories, Nouvelles, Collectif, mai 2016, traduit par douze excellents traducteurs, 656 pages, 14 € Edition: Albin Michel

 

La nouvelle, c’est le genre abordé à l’école par le biais de Maupassant, Courteline, Balzac ou Zola – comme si la nouvelle était francophone et datait du dix-neuvième siècle. Parfois, l’un ou l’autre professeur va voir du côté de Romain Gary ou de Joseph Kessel, se risque à faire lire une petite anthologie policière, s’aventure à frotter ses élèves à Kafka – mais tout cela donne de la nouvelle l’impression d’un genre mort, et européen dans son essence. Tout amateur de littérature le sait, rien n’est plus faux : si la nouvelle, en tant que genre publié, a bel et bien périclité en France, faute entre autres de lieux de publication autres que réservés à des connaisseurs (elle est loin l’époque où Maupassant s’affichait en première page du Gaulois), elle connaît encore de belles heures dans le domaine anglo-saxon, en particulier aux Etats-Unis. La présente anthologie, éditée pour célébrer le vingtième anniversaire de la collection Terres d’Amérique chez Albin Michel, démontre la bonne santé de la nouvelle nord-américaine en vingt et un exemples extraits du catalogue de ladite collection.

Retour à Cayro, Dorothy Allison

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 29 Juin 2016. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Belfond

Retour à Cayro, traduit de l’américain par Michèle Valencia, juin 2016, 21 € . Ecrivain(s): Dorothy Allison Edition: Belfond

 

Retour au pays mal aimé

 

Mes yeux ont vu la gloire de la venue du Seigneur ; Il piétine le vignoble où sont gardés les raisins de la colère ; Il a libéré la foudre fatidique de sa terrible et rapide épée ; sa vérité est en marche.

Les raisins de la colère, John Steinbeck

 

Elle sortit sur la véranda et s’adossa au mur de la maison. Le ciel chantait une chanson rouge. Les champs murmuraient une prière verte. Chanson et prière s’éteignaient dans l’ombre et le silence.

Les enfants de l’oncle Tom, Richard Wright

Sylvia, Howard Fast

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 28 Juin 2016. , dans USA, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Roman, Rivages/noir

Sylvia, janvier 2016, trad. anglais (USA) Lucile du Veyrier, 384 pages, 8,50 € . Ecrivain(s): Howard Fast Edition: Rivages/noir

 

Rompons une lance : un bandeau jaune du plus bel effet, signé d’un certain Hervé Le Corre, annonce : « Le premier roman noir féministe. Classique et moderne à la fois ». Pour la deuxième proposition, rien à redire ; pour la première, par contre… Certes, le personnage féminin principal de ce roman est une femme devenue forte, voire puissante, qui est parvenue à se construire un univers matériel protecteur malgré les chausse-trappes de l’existence, mais cela ne fait pas de Sylvia une œuvre féministe, une œuvre militant pour un meilleur statut de la femme en général dans la société, voire pour l’égalité homme-femme ! De surcroît, si chaque roman noir nord-américain présentant une femme forte, parfois dominante, devait être qualifié de « féministe », Chandler et Hammett entre autres deviendraient rapidement des lectures indispensables pour les Femen – et on doute que ce soit le cas. Bref, la promotion d’un roman, aussi excellent soit-il, n’excuse en rien les amalgames anachroniques et les inexactitudes lexicales.

L’Intégrale Illustrée, Edgar Allan Poe

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 22 Juin 2016. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles, Récits, Arts

L’Intégrale Illustrée, Archipoche coll. Bibliothèque des Classiques, trad. anglais (USA) Charles Baudelaire, Stéphane Mallarmé et al., décembre 2015, 850 pages, 32 €

 

Il existe, chez le lecteur vaguement bibliophile, une certaine perversion, qui l’enjoint à profiter d’une nouvelle édition pour replonger dans une œuvre dont au moins une édition précédente orne déjà sa bibliothèque. Va donc pour cette Intégrale Illustrée des œuvres d’Edgar Allan Poe (1809-1849), beau volume d’une taille agréable à manier (dix-huit centimètres sur vingt-cinq), imprimé en deux colonnes facilitant la lisibilité, sur papier-bible, et à la couverture attrayante (une Vanité de 1641 signée Sébastien Stroskpoff), le tout orné d’une trentaine d’illustrations de Harry Clarke (pour les contes et nouvelles), Arthur McCormick (pour les Aventures d’Arthur Gordon Pym) et Gustave Doré. L’objet en soi est attrayant, c’est toujours ça de gagné, et on regrettera seulement qu’il a été imprimé en Chine. Autre regret : l’absence de tout appareil critique, excepté une mince « Préface » et des « Repères biographiques » (illustrés d’une gravure de Félix Vallotton représentant Poe) ; c’est regrettable parce que cela signifie que les expressions grecques ou latines dont Poe se sert à l’occasion, par exemple, ne sont pas traduites, mais la lecture globale n’en est pas rendue impossible. De toute façon, si c’est un appareil critique que l’on désire, on peut se référer à diverses éditions de poche, voire au volume Œuvres en Prose de la Pléiade. Mais dans les deux cas, le présent volume présente des avantages inédits.