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Recensions

Je suis le dernier, Emmanuel Bourdieu (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mardi, 12 Juillet 2022. , dans Recensions, Les Livres, Polars, La Une Livres, Rivages/noir

Je suis le dernier, Emmanuel Bourdieu, février 2022, 172 pages, 18 € Edition: Rivages/noir

 

Madeleine Verdun est experte psychiatre auprès des tribunaux. Madeleine Verdun va mal. En impressionnant par sa rhétorique et la rigueur de son jugement un jury vite acquis à ses thèses, elle a contribué à la libération d’un homme, J. G., condamné pour avoir tenté d’étrangler sa voisine et qui dès sa libération va décapiter sa belle-fille.

J. G., de nouveau déclaré irresponsable, elle va être traînée dans la boue par les médias et devenir persona non grata. Le public va déserter son cabinet de psychanalyste et elle va sombrer dans une profonde dépression qui l’amènera à être hospitalisée. Émergeant à peine de son état mais ayant retrouvé son domicile, elle vit une période de doute qui l’amène à refuser tout dossier concernant un justiciable. Elle se contente de deux patients, la vieille madame Rodin et un petit Jules traversant la puberté pour occuper son temps. Jusqu’au jour où un collègue, ex-amant encore un peu amoureux, Volkov, va lui glisser un dossier, celui de Charles Blancard, agriculteur, accusé d’avoir dépecé une joggeuse, Stéphanie Lacroix.

Passe-passe, Martine Lombard (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Lundi, 11 Juillet 2022. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Nouvelles

Passe-passe (nouvelles), Martine Lombard, Editions Médiapop, 2021, 204 pages, 14 €

 

 

Les douze nouvelles constituant ce recueil ont pour cadre politico-géographique la RDA pour les unes, la RFA ou la France pour les autres, pour contexte historique la période d’avant la réunification allemande ou celle d’après, et pour personnages soit des Ossis évoluant à l’époque du régime socialiste, soit des transfuges passés alors à l’ouest avec un statut d’étudiant ou un contrat de mariage avec un occidental, soit d’ex-Ossis retournant après la chute du Mur sur les lieux où ils ont vécu…

L’une des tonalités dominantes est donnée dans la première nouvelle du recueil (Vacances d’été). Ce récit se déroule plusieurs années après la démolition du Mur.

Hot Stuff, Les Rolling Stones en 18 leçons, Milan Dargent (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Jeudi, 07 Juillet 2022. , dans Recensions, Les Livres, Essais, La Une Livres, Arts, Le Mot et le Reste

Hot Stuff, Les Rolling Stones en 18 leçons, Milan Dargent, mai 2022, 134 pages, 15 € Edition: Le Mot et le Reste


Ce petit ouvrage n’est pas un énième livre sur les Stones, sur lesquels tout a été dit ou presque, il y a là des réflexions qui tentent de comprendre pourquoi tant d’années après, les vieux ados adulent toujours « the greatest rock’n’roll band in the world », pourquoi aussi ce groupe est toujours là, comme hors du temps, pourquoi les « glimmer twins » fascinent encore, pourquoi…

Les réponses sont faites de rappels de certains faits, de certains gestes ou comportements des Stones, mais aussi, avec une dose d’autodérision des raisons plus personnelles que l’auteur esquisse, invoquant la façon dont les mots et les gestes des cinq gaillards entrent en résonance avec nos attentes, nos espérances, notre avidité aussi de se saisir pour un temps, (celui d’une chanson, ou simplement d’un solo, ou d’un refrain) de ce que les musiciens vivent, ne serait-ce que sur scène, puisque c’est là que tout se joue, que tout se montre, que les excellences mais aussi les carences se font jour.

Éloge de la baleine, Camille Brunel (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 04 Juillet 2022. , dans Recensions, Les Livres, Essais, La Une Livres, Histoire, Rivages

Éloge de la baleine, Camille Brunel, avril 2022, 208 pages, 17 € Edition: Rivages

 

Moby Dick ne commence ni par une épître dédicatoire adressée à un maître ou à un ami de l’auteur, ni par la traditionnelle préface, où Melville expliquerait ses intentions, mais par deux sections avec lesquelles l’auteur prend ses distances, les attribuant à « un pion de collège » et à « un très obscur bibliothécaire ». La première est étymologique et vaguement linguistique, qui se réduit à douze langues (dix en réalité, puisque l’hébreu et le grec pourtant annoncés sont absents) ; la seconde consiste en un relevé (évidemment non exhaustif) de citations, allant de la Genèse aux chansons de marins que Melville avait pu entendre dans les ports américains, en passant par Rabelais, Shakespeare ou Cuvier. Ces pages érudites et borgésiennes avant l’heure rappellent le long compagnonnage de l’être humain avec les cétacés, particulièrement les plus grands d’entre eux, et la fascination qu’ils exercent (Camille Brunel ajoute dans son livre un hommage mérité à Jules Verne, p.153). Mais cette fascination à la fois est récente (il y a moins de trois siècles encore, la mer faisait peur) et n’est plus aussi « innocente » (au sens originel) que celle éprouvée par les écrivains de la Bible ou de l’Antiquité grecque, car l’humanité a fini par se rendre compte du profit économique qu’elle pouvait retirer de ces immenses créatures.

La femme à la jupe violette, Natsuko Imamura (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 30 Juin 2022. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman, Mercure de France, Japon

La femme à la jupe violette, Natsuko Imamura, avril 2022, trad. japonais, Mathilde Tamae-Bouhon, 117 pages, 15,80 € Edition: Mercure de France

Court roman ou longue nouvelle, La femme à la jupe violette met en scène le personnage éponyme du titre que la narratrice, elle-même actrice intradiégétique du récit, croise d’abord dans son quartier comme le fait aléatoirement un quidam d’un autre avant de fixer son attention sur cette inconnue avec un intérêt croissant, une curiosité de plus en plus exclusive, jusqu’à l’obsession.

La narratrice, Gondó, qui raconte à la première personne, et qui se dénomme elle-même, en opposition à « la femme à la jupe violette » (dont on apprendra furtivement qu’elle s’appelle Mayuko Hino), « la femme au cardigan jaune », est cheffe d’une escouade de femmes de ménage dans un grand hôtel.

Agissant dans l’ombre, à l’insu de celle qu’elle épie constamment et dont elle parvient à connaître tous les aléas d’une existence singulièrement solitaire et d’une vie professionnelle précaire, faite de courts contrats entrecoupés de périodes de chômage, réussit à faire en sorte, par un stratagème ignoré de Mayuko Hino, que celle-ci se présente à un entretien d’embauche suite à quoi elle obtient un emploi de femme de ménage dans ledit hôtel.