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Le Tripode

 

Le Tripode est une maison d'édition de littératures au service d'auteurs dont elle admire la seule liberté possible : privilégier la sensibilité aux doctrines, le cheminement de l’imaginaire à l'immédiateté du discours. Le lyrisme de Jacques Abeille, l'exigence de Robert Alexis, l’irrévérence d’Edgar Hilsenrath, l’iconoclasme d’Andrus Kivirähk, l'espièglerie de Jacques Roubaud, la virtuosité de Juan José Saer, le désir sans limite de Goliarda Sapienza, la rigueur de Jonathan Wable, la lucidité de Louis Wolfson ou encore la fantaisie de Fabienne Yvert ?... voilà quelques-uns des regards rassemblés ici qui, de façon salutaire, nous sortent de la marche ordinaire du monde.

 

Après, Raphaël Meltz (par Gilles Cervera)

Ecrit par Gilles Cervera , le Jeudi, 03 Avril 2025. , dans Le Tripode, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Après, Raphaël Meltz, éditions Le Tripode, janvier 2025, 133 pages, 16 € Edition: Le Tripode

 

Dur et doux deuil

Raphaël Meltz interroge l’énigme absolue et il l’interroge depuis un point de vue inédit.

L’auteur ôte la pesanteur, nous livre à l’onde, à ses mouvements, ses flux et nos fluctuations. Sans esbrouffe ni artifice, sans morale non plus. Lire Meltz enseigne au dur et doux du deuil !

L’énigme absolue dont il est question plus haut, l’avez-vous deviné, l’énigme de l’énigme, n’est autre que la mort.

Que de questions dans la question ? Non, non !

La mort, point c’est tout.

Celle occasionnée par l’accident archi con, au bout de la rue, vélo en carbone, un matin, frein droit qui pète, camionnette latérale. Point final.

Moi, le glorieux, Mathieu Belezi (par Gilles Cervera)

Ecrit par Gilles Cervera , le Lundi, 06 Mai 2024. , dans Le Tripode, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Moi, le glorieux, Mathieu Belezi, éd. Le Tripode, mars 2024, 329 pages, 21 € Edition: Le Tripode

 

Baraka, la fin

Moi, le Glorieux sort aux éditions le Tripode qui ont remis toute l’œuvre de Mathieu Belezi sur l’établi.

Il n’y a pas de majuscule dans ce texte, en début de paragraphe ni aux initiales des nom et prénom de l’auteur sur la couverture, mais le titre est en capitales.

MOI, LE GLORIEUX.

Ce livre est fou comme la folie furieuse, de bout en bout. Entre un Louis Ferdinand Céline déjanté, qui racle au fond nos estomacs avec la plume et un Garcia-Marques qui embarque en baroque, Mathieu Belezi nous offre un roman de ouf.

Les Nuages, Juan José Saer (Par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 23 Août 2022. , dans Le Tripode, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Roman, En Vitrine

Les Nuages (Las Nubes, 1997), Juan José Saer, éditions Le Tripode, octobre 2020, trad. espagnol (Argentine) Philippe Bataillon, 220 pages, 19 € . Ecrivain(s): Juan José Saer Edition: Le Tripode

 

Nos bien connus Pigeon et Tomatis * ouvrent cet ouvrage – écho à une autre grande œuvre de Juan José Saer, l’enquête, dont nous avons parlé ici-même. Les deux amis, éloignés comme toujours par l’Océan Atlantique – l’un est à Paris et l’autre en Argentine – correspondent toujours et, dans une lettre, Tomatis annonce à Pigeon l’arrivée prochaine d’un envoi mystérieux, de la part de Marcelo Soldi que Pigeon avait déjà rencontré, et qui va prodigieusement l’intéresser. Et « À peu près un mois plus tard, l’envoi était arrivé ! c’était une enveloppe de taille moyenne protégée par une garniture intérieure de plastique à bulles, autocollante mais que Soldi, par précaution, avait fermée avec du ruban adhésif transparent, et qui contenait une lettre assez longue et une disquette d’ordinateur ».

Comme dans L’enquête, le roman va tourner autour d’un manuscrit ancien retrouvé qui va en fait constituer le roman entier, Soldi, l’expéditeur, allant jusqu’à en suggérer le titre en nommant le manuscrit.

L’Enquête, Juan José Saer (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 12 Avril 2022. , dans Le Tripode, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Roman

L’Enquête (La Pesquisa, 1994), trad. espagnol (Paraguay) Philippe Bataillon, 190 pages, 16 € . Ecrivain(s): Juan José Saer Edition: Le Tripode

 

C’est un polar. Ah l’attrape-nigaud parfait pour qui prendrait ce livre en main avec cette seule affirmation en tête ! Et pourtant c’est bien un polar, mais écrit par Juan José Saer, un polar devient un étourdissant labyrinthe littéraire. Un dédale. Une toile d’araignée.

A propos de l’ouvrage des arachnides, la toile, la première qui saute aux yeux du lecteur c’est celle qui est tissée autour de la place Léon-Blum à Paris XIème. A vrai dire, une place à l’étrange topographie, un peu désordonnée : du Boulevard Voltaire partent, dans des directions complexes, la Rue de La Roquette (des deux côtés de la place), l’Avenue Parmentier, la Rue Sedaine derrière la mairie du XIème, l’avenue Ledru-Rollin vers le sud. Surtout, tout autour, un dédale serré de petites rues étroites et alambiquées. Une fausse place qui trompe son monde, qui décale un concept, qui sert de métaphore à un roman qui veut perdre le lecteur en l’emmenant au cœur de la magie de la littérature. Où est ce roman ? Dans nos mains ? Écrit par un paraguayen nommé Saer ? Ou bien dans ce mystérieux dactylogramme retrouvé par un groupe d’amis au Paraguay qui raconte – quoi ? – un épisode de la Guerre de Troie ou une histoire de meurtres en série de petites vieilles dans les rues qui étoilent la Place Voltaire dans le Xième ?

L’Ancêtre, Juan José Saer (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 16 Mars 2021. , dans Le Tripode, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Roman

L’Ancêtre (El entenado), Juan José Saer, trad. espagnol (Argentine) Laure Bataillon, 173 pages, 10 € Edition: Le Tripode

 

Un roman de voyage sur les conquistadores du XVIème siècle ? Un reportage anthropologique sur les premières tribus indiennes découvertes ? Ce pourrait être ça, mais voilà, ça ne l’est pas du tout. Juan José Saer propose dans la plongée du héros-narrateur – le mousse du navire-amiral de trois galions en quête de la route des Indes – dans une tribu d’Indiens quelque part vers le Rio de la Plata, une véritable expédition archéologique dans l’histoire de l’être humain, une expédition qui, très au-delà de la géographie ou de l’anthropologie, nous entraîne dans un tourbillon vertigineux jusqu’au cœur de l’absence d’être qui scelle l’humaine condition.

Tout le début du roman évoque Moby Dick. Ce jeune mousse qui parcourt les ports pour trouver à embarquer, assoiffé de large et d’aventure, est le frère littéraire d’Ismaël et, comme lui, il va connaître la rencontre avec l’inconnu absolu. Comme lui, il va connaître l’effroi et la révélation. Comme lui, il est le narrateur.