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Le Cherche-Midi

Le Cherche midi éditeur (ou Le Cherche midi) est une maison d'édition française fondée en 1978 par Philippe Héraclès et Jean Orizet, dans une librairie de la rue du Cherche-Midi, à Paris.

Sa production est axée sur un choix précis de thématiques : documents, littérature française et étrangère, poésie, humour, livres pratiques et beaux livres.

En 2005, la maison d'édition comptait 27 salariés, 10 directeurs de collection, des collaborateurs extérieurs et un rythme de publication de 120 titres par an ; elle fut rachetée en avril par le groupe d'édition Editis puis en 2008 par le groupe Planeta.

En 1991, avec le concours de la société Schering et sous le Haut patronage du Ministère de l'Agriculture, le Cherche midi a créé le prix littéraire sur manuscrits Olivier de Serres. En 2005, et dans le même esprit, est lancé le prix Terra, du nom de la collection créée en 1991, destiné à récompenser les meilleurs ouvrages inédits traitant « de l'agriculture, de l'alimentation et des territoires ».

 


Le Ciel est à nous, Luke Allnutt

, le Mardi, 08 Mai 2018. , dans Le Cherche-Midi, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman

Le Ciel est à nous, mars 2018, trad. anglais, Anne-Sophie Bigot, 448 pages, 21 € . Ecrivain(s): Luke Allnutt Edition: Le Cherche-Midi

 

Si certains pensent que le bonheur est inaccessible à la prose romanesque et que le roman ne peut fonctionner sans drame, Le Ciel est à nous pourrait constituer un parangon de ce principe littéraire. De bout en bout, le récit est habité par le drame, et les rares moments d’accalmie nous laissent hébétés, incrédules, courbant presque l’échine, prêts à accuser le coup suivant, que nous craignons toujours être le dernier, le fatal.

Pourtant, Rob et Anna sont l’incarnation du couple parfait : beaux, riches et intelligents, ils vivent et travaillent dans les quartiers cossus de Londres. Tout leur réussit, et, pour parfaire leur bonheur, il ne leur manque qu’un enfant. Bien qu’une première tentative échoue (comme un funeste présage), la suivante aboutit. Les voici donc les heureux parents du petit Jack, un jeune garçon épanoui, plein de vie, d’amour, et de candeur. Seulement la vie peut se montrer cruelle, injuste, et parfois même immonde, une vraie saleté. C’est sans doute ce que Rob et Anna ont ressenti le jour où ils ont appris le cancer de leur fils, puis tous les jours qui ont suivi, à compter de la minute où leur a été annoncé le caractère incurable de la maladie.

Voyage à reculons en Angleterre et en Écosse, Jules Verne

Ecrit par Gilles Banderier , le Vendredi, 06 Avril 2018. , dans Le Cherche-Midi, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits

Voyage à reculons en Angleterre et en Écosse, février 2018, édition établie par Christian Robin, 256 pages, 21 € . Ecrivain(s): Jules Verne

 

 

La ville de Nantes a fait en 1981 l’acquisition d’un lot de manuscrits de Jules Verne, pour la somme de six millions de francs (environ un million d’euros). Il y a toujours quelque chose d’excitant dans les manuscrits d’écrivains, surtout lorsqu’ils recèlent des textes inédits de quelque étendue. C’était le cas, puisqu’on trouvait, parmi ces papiers, une œuvre inconnue, le Voyage à reculons en Angleterre et en Écosse, rédigé après que Jules Verne s’est rendu dans les îles britanniques en 1859. Ce Voyage à reculons en Angleterre et en Écosse n’est certes pas un chef-d’œuvre oublié, mais il se lit sans déplaisir et on y retrouve l’ironie froide du romancier (ainsi cette remarque sur sa cité natale : les voyageurs « essayèrent de tuer le temps en visitant la ville ; mais le temps a la vie dure à Nantes, et ne se tue pas facilement », p.19. On voit que l’édilité nantaise n’a pas été rancunière en acquérant ce manuscrit).

Une Mère, Alejandro Palomas

Ecrit par Gilles Brancati , le Mercredi, 28 Juin 2017. , dans Le Cherche-Midi, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Espagne

Une Mère, mars 2017, trad. espagnol Vanessa Capieu, 310 pages, 21 € . Ecrivain(s): Alejandro Palomas Edition: Le Cherche-Midi

 

C’est un voyage en émotions. Un mille-feuille. Chaque fois qu’une feuille se détache, un personnage se découvre un peu plus. Le principal, en fil rouge, est celui de la mère de deux filles et d’un garçon. Elle n’a plus pour famille que ses enfants et un frère quelque peu hâbleur. Une amie, aussi, qui lui sert tour à tour d’alibi ou de justification.

Le soir de la Saint-Sylvestre, ils sont tous réunis autour de la table familiale. Le couvert est dressé pour tous plus un autre, à une place qui reste vide. On apprendra pourquoi.

La mère pourrait paraître fantasque, mais en vérité elle détourne d’un revers de main (elle est assez maladroite) ou par un biais de langage tout ce qui pourrait contrarier l’équilibre de sa famille. Elle sait, comme une mère, les souffrances de ses enfants, leurs difficultés, plus celles qu’elle découvre ce soir-là, ce que jusqu’à présent on ne lui avait pas dit. Son devoir est de les aider à se restaurer, sans jamais tomber dans un méli-mélo dramatique, car le sujet s’y prête (et l’auteur a été très attentif à ce piège), sans jamais aller vers l’excès. Cette femme est attachante et touchante dans son efficace simplicité !

Je n’ai pas tué mon père Euthanasie, en finir avec l’hypocrisie, Philippe Catteau

Ecrit par Mélanie Talcott , le Jeudi, 01 Juin 2017. , dans Le Cherche-Midi, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Je n’ai pas tué mon père Euthanasie, en finir avec l’hypocrisie, mars 2017, 142 pages, 14,50 € . Ecrivain(s): Philippe Catteau Edition: Le Cherche-Midi

 

Si l’on ne se préoccupe guère de vivre heureux et de savourer chaque instant de la vie, trouvant toujours matière à nous plaindre, à stresser et à regretter, ou encore à hésiter entre une chose et une autre, fuyant même la décision, il n’en va pas de même pour notre fin de vie que l’on souhaite, pour la plupart, paisible et entourée de ceux que l’on aime. La vision des mouroirs médicalisés nous effraie, que ce soit dans le silence feutré des hôpitaux ou dans la triste solitude des résidences pour vieillards, où dépérissent à petit feu celles et ceux qui ont perdu leur autonomie et dont la famille ne peut plus ou ne veut pas assumer la dégénérescence. La mort, dans nos sociétés condomisées, on la planque. On la veut discrète et qu’elle passe son chemin sans nous perturber. Souvent, c’est la souffrance de l’autre, celle de notre compagne ou compagnon, d’un père, d’une mère ou d’un enfant, qui nous renvoie nez à nez avec nos garde-fous et agit sur nous comme un puissant révélateur. La question surgit alors : « et si j’étais à sa place ? »

Portrait craché, Jean-Claude Pirotte

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 07 Mars 2017. , dans Le Cherche-Midi, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Poésie

Portrait craché, 191 pages, 16,50 € . Ecrivain(s): Jean-Claude Pirotte Edition: Le Cherche-Midi

 

Un homme attablé. À son bureau. Sans la mer qui, habituellement, lui ouvre la perspective et l’enroule dans ses ressacs. Un homme seul et malade. Soutenu par sa bibliothèque. Accroché aux mots – aux sot-l’y-laisse – ; rattrapé par ses désillusions (« Il s’est cru poète, longtemps, mais ne s’accommode plus de pareille illusion. Il se sait condamné, mais est-ce bien nouveau ? J’aurai vécu en compagnie de la mort depuis ma prime enfance (…) »). Car l’homme, le poète Jean-Claude Pirotte, chroniqueur du Journal d’un poète dans Lire, auteur de recueils de poésie et de romans au Temps qu’il fait et à La Table Ronde, entre autres, lecteur fervent et fidèle de Joubert (« (…) Joubert le tant aimé, qu’il convient de relire sans cesse ») écrit ici dans Portrait craché l’inventaire testamentaire d’une vie consacrée à la littérature. « Les livres sont des analgésiques », écrit-il, et ceux des écrivains qu’il s’est choisis dressent leur suaire de salive et de sueurs pour ériger un viatique de soin palliatif, afin de résister une dernière fois « à cette humanité moribonde où le silence et la mort sont siamois. La littérature comme remède ».