Identification

La Une Livres

Un temps pour mourir, André Masson (par Yann Suty)

Ecrit par Yann Suty , le Vendredi, 05 Mars 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Editions du Typhon

Un temps pour mourir, André Masson, réédition janvier 2021, 350 pages, 18,90 € Edition: Editions du Typhon

 

Le genre post-apocalyptique ne se déroule pas forcément dans le futur. Il convient parfaitement au monde contemporain, voire, dans le cas du livre d’André Masson, Un temps pour mourir, il y a quelques années.

Faut-il croire aux prédictions ? On pourrait y être tenté de répondre par l’affirmative quand elles se réalisent. Depuis des années, une légende prétend que le petit village montagneux de Verfeuille, situé sur l’île Maurice, sera détruit par les forces de la nature. Et cela pourrait bien se concrétiser très prochainement puisqu’un cyclone est annoncé.

Pour le père Hildefonce, cela a tout d’un châtiment divin. Les gens ne croient plus assez, ne croient plus, ne font pas assez miséricorde. Le dernier sermon qu’il professe dans son église n’a que deux spectateurs. Il rappelle les paroles du Christ, « Vous verrez les signes dans le ciel. Relevez la tête et regardez » (p.28).

Tihya, La légende des papillons aux ailes déployées, Nadia Chafik (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 05 Mars 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Maghreb, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Tihya, La légende des papillons aux ailes déployées, Nadia Chafik, février 2021, 396 pages, 18 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Cavalière et guerrière

Dans La légende des papillons aux ailes déployées, roman au très beau titre, Nadia Chafik, née à Casablanca, titulaire d’un Master et d’un PhD de l’université de Montréal, enseignante à l’Université Mohammed V à Rabat, peint un tableau à la « Dhurmer ou Dutey » de la célèbre cavalière et guerrière Tihya/Dihya/Al-Kāhina (en arabe) – la Kahéna, reine juive, ou tout simplement une reine Berbère d’une grande beauté, d’une très grande intelligence et animée d’un immense courage. Une statue a été érigée à Benghaï pour perpétuer l’existence de cette femme exceptionnelle. Un puits porte son nom dans la région de Tébessa, Bir El Kahina, et à une vingtaine de kilomètres de la ville de Kenchela, des ruines sont désignées pour avoir été le palais de la Kahina. Elle régna sur plusieurs tribus berbères de l’Aurès, dont la sienne propre, celle des Djarawa, de 685 environ à 704 ou 705, et combattit les Omeyyades lors de la conquête musulmane. Elle fut tuée au combat. Les Berbères (Imazighen) forment un ensemble d’ethnies autochtones d’Afrique du Nord, ayant occupé un vaste territoire allant de l’Ouest de la vallée du Nil jusqu’à l’Atlantique et l’ensemble du Sahara.

Certains cœurs lâchent pour trois fois rien, Gilles Paris (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 05 Mars 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Flammarion

Certains cœurs lâchent pour trois fois rien, janvier 2021, 224 pages, 19 € . Ecrivain(s): Gilles Paris Edition: Flammarion

 

Voilà un récit qui, d’emblée, aligne les pires tracas et les bouffées de vie. Gilles Paris, à plus de soixante ans, et huit romans et nouvelles, décide d’évoquer les affres d’une adolescence, l’incompréhension par son père, les difficultés aussi d’aimer quand on est différent.

Traversant huit dépressions sur une trentaine d’années, l’auteur décrit, par le menu, ces saisons où il a dû composer avec le mal, renaître dans ses activités et auprès de son entourage. Père exclu, absent, éloigné, il reste à Gilles ces êtres proches, son mari Laurent, sa sœur Geneviève, sa mère.

Le départ de sa mère par la Covid-19, la sénilité de son père ont peut-être attisé l’écriture de ce livre, bouleversant, nu, dense, jamais racoleur, toujours juste.

Et pourtant, son cœur, à force d’être bousculé par les hospitalisations, aurait pu flancher. Une rare énergie de rescousse et de secours est là pour l’enjoindre, chaque fois, à rebondir. Le récit s’articule autour de ces nombreuses hospitalisations, à Paris, en province, à Montpellier, et autour de ses activités.

Le Fou et la Licorne, Éric Poindron (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 04 Mars 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Le Fou et la Licorne, éditions Germes de barbarie, février 2020, postface Pierre Michon, 240 pages, 17 € . Ecrivain(s): Eric Poindron

« Certains poètes n’écriront jamais le moindre vers, d’autres deviendront des météores ou des planètes dans la galaxie littéraire. Chaque destin reste à écrire » (Liminaire de l’éditeur).

« Revues, livres et dictionnaires s’entassent tandis qu’entre crépitement et silence, le sculpteur astronome rêve à Saturne. Il boit un whisky et lit Paul-Jean Toulet, Si tu as peur de la mort, n’écoute pas ton cœur battre la nuit (Le sculpteur du temps, Éric Poindron).

Éric Poindron ressemble à s’y méprendre (heureuse méprise) au cinéaste franco-chilien Raoul Ruiz (1) : même imaginaire foisonnant, même fascination pour les livres magiques, le fantastique facétieux, même passion pour les boîtes à musique, les machines à remonter le temps, les pirates, les magiciens, les collections, les cabinets de curiosité et L’esprit de l’escalier (2), ce qui n’est pas dit, finit par être écrit. Il suffit pour s’en convaincre, de voir ou de revoir les films du réalisateur voltigeur, par exemple : L’Hypothèse du tableau volé, Les trois couronnes du matelot, La ville des pirates, Trois vies et une seule mort, ils ne ressemblent à aucun autre film de cinématographe, par leurs trouvailles, leur originalité, l’effervescence baroque qui les illumine, la croyance qu’ils portent aux images animées, 24 éclats par seconde, comme au tout début du cinématographe.

Ce qui n’existe plus, Krishna Monteiro (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 04 Mars 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Amérique Latine, Langue portugaise, Nouvelles

Ce qui n’existe plus, Krishna Monteiro, Le Lampadaire, février 2020, trad. portugais (Brésil) Stéphane Chao, 100 pages, 10 €

 

Un recueil de sept nouvelles de longueur inégale, le titre de la première étant éponyme de celui du livre.

 

Ce qui n’existe plus

La première fois que je t’ai vu après ta mort, tu te tenais debout dans le salon.

Cet incipit annonce, en accord avec le titre, ce qui sera le fil infra-textuel de l’ensemble des sept nouvelles. Le narrateur personnage de ce premier texte, à partir de cette vision initiale, remonte, en un erratique et onirique voyage dans le temps, les années jusqu’à son enfance et sa relation bibliophile avec un père lettré dans la bibliothèque de la grande et labyrinthique maison familiale de style colonial de la rue Varzea, dont les décors apparaîtront plus ou moins furtivement dans d’autres nouvelles.