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La Une Livres

Madame Edwarda, Georges Bataille (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 30 Septembre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

Madame Edwarda, Georges Bataille, éd. Jean-Jacques Pauvert, 1956, 71 pages, 10 €

 

Ce curieux petit récit érotique de Georges Bataille initialement publié en éditions clandestines en 1941 sous le pseudonyme de Pierre Angélique n’est sorti en librairie qu’en 1956 chez Pauvert, Bataille n’ayant alors accepté d’y faire figurer son vrai nom qu’au bas de la préface.

Dans cette préface, l’auteur présente ainsi la thématique du texte :

« Un ensemble de conditions nous conduit à nous faire de l’homme (de l’humanité), une image également éloignée du plaisir extrême et de l’extrême douleur : les interdits les plus communs frappent les uns la vie sexuelle et les autres la mort, si bien que l’une et l’autre ont formé un domaine sacré, qui relève de la religion. Le plus pénible commença lorsque les interdits touchant les circonstances de la disparition de l’être reçurent seuls un aspect grave et que ceux qui touchaient les circonstances de l’apparition – toute l’activité génétique – ont été pris à la légère ».

Contes de la rue Broca, Pierre Gripari (par Olivier Verdun)

Ecrit par Olivier Verdun , le Jeudi, 29 Septembre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Grasset, Jeunesse

Contes de la rue Broca, Pierre Gripari, ill. Claude Lapointe, 25 € . Ecrivain(s): Pierre Gripari Edition: Grasset


Les Contes de la rue Broca, qu'ont réédité pour notre plus grand bonheur les Éditions Grasset-Jeunesse et qui sont superbement illustrés par Claude Lapointe, est sans conteste l’œuvre la plus célèbre du truculent Pierre Gripari. Traduite dans le monde entier, elle paraît pour la première fois en 1967 aux Éditions de la Table Ronde et passe étrangement inaperçue à cette époque. En 1982, quatre de ces contes sont adaptés pour la télévision par Patrick Le Gall et Alain Nahum.

Il s’agit d’une anthologie de treize histoires (La sorcière de la rue Mouffetard, La Fée du robinet, La patate est une star, L’idiot deviendra une star…) guidée par l’humour facétieux, la fantaisie, le sens du rythme, la magie des mots. Chaque récit a pour toile de fond la rue Broca qui est située dans le cinquième arrondissement de Paris, près des Gobelins, mais qui, note l’auteur dans la préface, n’est pas une rue comme les autres : « Tel l’univers d’Einstein, Paris, en cet endroit, présente une courbure, et passe, pour ainsi dire, au-dessus de lui-même […] la rue Broca, comme la rue Pascal, est une dépression, une rainure, une plongée dans le sub-espace à trois dimensions ».

Le Premier Rayon de Soleil, Alain Millet (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 29 Septembre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Jeunesse

Le Premier Rayon de Soleil, Alain Millet, éditions L’étagère du bas, juin 2022, 31 pages, 11 €

 

Jours de sécheresse

Le Premier Rayon de Soleil annonce l’arrivée du printemps, de la douceur, somme toute du renouveau. Ce bel album moderne, de format carré, maniable pour les petites mains, est entièrement conçu par Alain Millet, diplômé des arts Décoratifs de Paris, enseignant dans une école d’art à Aix-en-Provence. La couverture offre une scène de jeu et d’acrobatie. Les pages de garde présentent des reflets sur un mur sablé. L’image de la couverture n’est autre qu’une photographie d’une famille d’une espèce particulière, entre le loup, le renard, le chien et le lapin (à cause de leurs grandes oreilles). Les parents, Lila, Lino et leur fils Léo doivent quitter leur lieu d’origine. Un soleil brûlant a asséché la terre de leur ferme, leur rendant la vie impossible.

George Steiner, l’hôte importun, Entretien posthume et autres conversations, Nuccio Ordine (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 28 Septembre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Les Belles Lettres

George Steiner, l’hôte importun, Entretien posthume et autres conversations, Nuccio Ordine, Les Belles-Lettres, mai 2022, trad. italien, Luc Hersant, 116 pages, 15 € Edition: Les Belles Lettres

 

George Steiner est mort le 3 février 2020 à son domicile de Cambridge et le monde est désormais un endroit moins intéressant. Puisque les mathématiciens et les astrophysiciens postulent l’existence d’une infinité d’univers infinis dans une infinité de dimensions, il n’est pas exclu que dans l’un d’eux ou l’une d’elles, Steiner poursuive le dialogue entamé en sa prime jeunesse avec les grands créateurs du passé (il affirmait pour sa part ne pas croire à une forme de vie après la mort). Mais, dans notre monde et notre dimension, c’est hélas fini, même s’il n’est pas impossible que les années à venir apportent la publication de cours, de textes oubliés, voire d’authentiques inédits, comme dans le volume du Pr. Nuccio Ordine. La première partie est constituée d’une série de chapitres brefs, où le savant italien parcourt les grands thèmes de l’œuvre de Steiner. La seconde partie s’ouvre sur un « Entretien posthume ». L’exercice consistant à faire parler les morts se pratique couramment depuis l’Antiquité, mais il s’agit en l’occurrence de la transcription d’un entretien que Steiner a réellement donné à Nuccio Ordine en 2014 et dont le texte ne devait être divulgué qu’après son décès.

Nous nous aimions, Kéthévane Davrichewy (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Mercredi, 28 Septembre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Sabine Wespieser

Nous nous aimions, Kéthévane Davrichewy, août 2022, 145 pages, 19 € Edition: Sabine Wespieser

 

Le titre même du roman fait appel au sentiment de nostalgie et de durée, par l’emploi de l’imparfait. Kéthévane Davrichewy décrit dans ce roman sensible le parcours de deux sœurs, Kessané et Tina, qui se sont établies en France mais retournent régulièrement en Géorgie passer leurs vacances sur la terre de leurs ancêtres caucasiens. Leur mère, Daredjane, tient à la préservation de ce lien, de ces racines ; elle espère que son époux, Tamaz, les rejoindra dans leur résidence du Vésinet, pour y couler des jours heureux avec elle et ses filles.

C’est la force et l’omniprésence des souvenirs de l’enfance et de l’adolescence qui marquent de leur empreinte les vies de Kessané et de Tina. La première se confronte aux premières épreuves humaines, teste les qualités et défauts de son propre corps : « Elle fait l’apprentissage de la solitude. Elle y tient et aime de plus en plus s’endormir seule. (…) Elle s’examine sans complaisance, de la tête aux pieds. Elle aime bien ses épaules, pas ses bras. Ses jambes, pas ses pieds. Ses seins, ça dépend des jours et des poses qu’elle prend ».