J’ai connu mes premiers émois charnels devant une statue de Notre-Dame-de-la-Salette. La beauté féminine sacrée cachait déjà mon dévoiement, mon démon et ma honte. J’imaginais derrière les plis bleus de la longue robe de la Vierge ses cuisses.
En ce lieu saint et au moment de la messe, je me plaçais toujours derrière une même femme qui semblait porter dieu en elle juste un peu plus haut que ses cuisses en partie recouvertes. Sans doute aurait-elle pu être ma mère. Cela n’enlevait rien à ses charmes. Au contraire. Il y avait belle lurette qu’en moi Œdipe s’abîmait.
Je me mettais toujours derrière la paroissienne afin de regarder la couture de ses bas lors de la génuflexion. J’imaginais leur impossible seuil que jouxtaient sans doute deux porte-jarretelles. En de telles perspectives il était peu probable que la féminité ne contienne qu’elle-même.
Et si certaines religions prescrivaient la représentation humaine ce n’était pas par hasard. Il y avait dans la femme le venin sublime – substance créée par Dieu lui-même. Et chez ma pieuse cela s’accompagnait du parfum « Soir de Paris » de Bourjois, avec un J comme joie.