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La Une CED

Ours, Olivier Deschizeaux, par Marc Wetzel

Ecrit par Marc Wetzel , le Vendredi, 13 Juillet 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

Ours, Olivier Deschizeaux, éditions Rougerie, avril 2018, 64 pages, 12 €

 

Ours, c’est, semble-t-il, un surnom d’orphelin. La fin de ce recueil dit très nettement pourquoi et comment :

« Avec ses yeux d’amour battu, avec son salut bafoué, et son corps épais comme les cieux, je la pleure en toutes mes nuits, en toutes mes enfances, puisque maman est un rêve devenu rive de spectres, une chambre d’hôpital d’où je m’enfuis la gorge nouée… » (p.58).

« Maman n’est plus là, la mort peut-être, l’amour sans doute, elle n’est plus dedans ni dehors, brisée par la démence, elle nous a quittés en claquant la porte d’un revers de la raison, elle est loin maintenant, assise en pleurant quelque part dans une grande maison aux murs blancs, gueulant dans les ténèbres avec pour seul souvenir cette étrange violence, maman est partie sans même nous adresser un regard, le visage défait par la folie, elle qui nous aimait tant. Je ne suis plus qu’errance et solitude, orphelin de tes bougies saintes, de tes mots cousus dans l’arbre noir qui s’enroule en moi » (p.59).

L’adescendance, Anne Fleury-Vacheyrout, par Carole Darricarrère

Ecrit par Carole Darricarrère , le Jeudi, 12 Juillet 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

L’adescendance, Anne Fleury-Vacheyrout, 5 Sens Editions, coll. Belles Plumes, avril 2018, 162 pages, 13 €

 

Premier tableau, compressif hors d’haleine par paliers d’atteinte, en nage de ressort à sec, « ce rythme incisif », ce dispositif filmique à partir duquel le script installe le motif, le caméraman trace la protagoniste, l’écrivain ferre le lecteur. « Ta », « tu », « tes » : le discours intérieur installe une figure centrale, je, avant de la faire s’évader par la fenêtre, de l’autre côté de la rue, du côté de la mer, s’évaser sans s’envaser dans la quête platonique de son miroir consanguin, vrai premier amour « à tâtons dans l’escalier car tu le sais, pour monter il faut descendre ».

Si ce livre était un film, il serait filmé quasiment en mode pause, in utero, composé de ralentis et de flash-back, émaillé de scènes liquides aimantant tant de détails, tous ces petits détails autobiographiques qui collent à la peau, à la toile, fichés dans la rétine, ineffables autant qu’indépassables. S’agissant de portraitiser une idole, un idéal consanguinément inatteignable servi par une prose poétique pastellisée de nappes élusives flirtant avec l’autofiction, d’une surface réfléchissante aquatique halogène débordant du côté du ciel, ce livre on dirait d’aquarelles, tout en miroirs à facettes, une autopsie à cœur ouvert de confesse à confession.

Le Canal de Suez, 4000 ans d’histoire, par Nadia Agsous

Ecrit par Nadia Agsous , le Jeudi, 12 Juillet 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

Jusqu’au 9 août, l’Institut du monde arabe propose une exposition-rétrospective de l’histoire du canal de Suez – qanat as-suwès. Plans, maquettes d’époque, vidéos, extraits de films, photographies, gravures, dessins de presse, reproductions de peintures, sculptures, cartes géographiques, extraits de journaux de l’époque, maquettes de bateaux, modèles réduits des machines et objets divers, reconstituent les moments-clés de cette voie de communication stratégique.

A l’entrée de l’exposition, un rideau en velours rouge. Un prélude au spectacle. Levée du rideau. Un air de fête et de réjouissances trotte dans l’air. Des sons de trompettes de Aïda, opéra créé par Giuseppe Verdi à la demande du khédive égyptien, Ismaïl Pacha (1830-1895), donne à l’événement célébré une dimension solennelle. Des écrans animés reconstituent ce moment historique grandiose. Le 17 novembre 1869. Port Saïd. L’Egypte inaugure le canal de Suez, symbole de son renouveau. Trois tribunes accueillent des invités prestigieux venus assister à cet événement qui hisse l’Egypte au rang de nation moderne. Cet événement faste est raconté par Frédéric Mitterrand. Sa voix vibre d’émotion. Elle nimbe l’espace et donne à l’événement une dimension réaliste, comme si les visiteurs assistaient à l’inauguration. Cette section est l’un des temps forts de l’exposition.

À Jérôme Ferrari (3), par Marie-Pierre Fiorentino

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Vendredi, 06 Juillet 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques, Ecrits suivis

 

« Ce qui protège la philosophie,

c’est son masque élitiste et conceptuel »

Variétés de la mort

 

En mars est paru un essai collectif qui vous est consacré : Chute, rupture et philosophie. Les romans de Jérôme Ferrari.

Emmanuelle Caminade, sur ce site, a rendu compte de façon claire et complète de cet ouvrage que je n’ai, pour ma part, pas lu, non plus que Où j’ai laissé mon âme.

« Quoi ? Et elle se prétend admiratrice de Jérôme Ferrari ! »

Jean-Jacques Lebel : De la Transgression de l’Art à l’Art de la Subversion, par Mustapha Saha

Ecrit par Mustapha Saha , le Vendredi, 06 Juillet 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

A quatre-vingt-deux ans, œil bleu nimbé de la malice d’éternel potache, le dernier surréaliste demeure un agitateur culturel sans pareil, présent sur tous les fronts artistiques, infatigable porte-drapeau de la Beat Generation, mouvement littéraire assoiffé de libertés dans une Amérique imbue de ses victoires, fière de ses déboires, toujours discriminatoire et puritaine. Dans cette société de surabondance matérielle, dévorée par la cupidité et la stupidité de l’avoir, où l’être n’existe que par son paraître, la Beat Generation replace le vivant au centre de l’univers, prêche le pacifisme en plein militarisme, prône le mépris des besoins superficiels, proclame la libération des désirs essentiels, prêche le chamanisme régénérateur, le bouddhisme purificateur, la créativité permanente, le salut par l’art et la littérature.

 

Nostalgie 68