Identification

Héloïse D'Ormesson

Héloïse Le Fèvre d'Ormesson, née le 10 octobre 1962, est éditrice et a donné son nom à sa maison d'édition.

Elle est la fille de Jean d'Ormesson.

 


Les Murmures du ciel, ou quand revient Jeanne, Erik L’Homme (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 12 Septembre 2023. , dans Héloïse D'Ormesson, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Les Murmures du ciel, ou quand revient Jeanne, Erik L’Homme, Éd. Héloïse d’Ormesson, mars 2023, 224 pages, 19 €

 

Chaque écrivain, même le moins doué des épigones, se considère à tort ou à raison comme unique (c’est fondamentalement vrai, comme pour tout être humain) et n’apprécie pas toujours qu’on le compare à un autre. Au risque assumé de le vexer (alors qu’il s’agit d’une comparaison flatteuse), Erik L’Homme évoque en sa dernière œuvre le Jean Raspail de L’Anneau du pécheur, ce roman magnifique sur une lignée spectrale et parallèle de Souverains Pontifes qui se serait déroulée depuis les papes d’Avignon et aurait survécu jusqu’à Jean Paul II. Mais, comme le demandait Raspail, qui peut dire si ces « antipapes », rejetés dans les limbes par l’historiographie pontificale, n’auraient pas été en des époques troubles les dépositaires authentiques de la succession apostolique (on sait que Jean XXIII Roncalli se divertissait à envoyer des cartes postales représentant la tombe de Jean XXIII Cossa, déposé par le Concile de Constance) ?

Le Monde qui reste, Pierre Vergely (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 01 Octobre 2021. , dans Héloïse D'Ormesson, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Récits

Le Monde qui reste, Pierre Vergely, août 2021, 256 pages, 18 € Edition: Héloïse D'Ormesson

 

C’est un récit étonnant que nous livre Pierre Vergely : il restitue les épreuves subies par son père Charles Vergely. Celui-ci, âgé de dix-sept ans, s’engage dans la Résistance en 1940. Il est dénoncé après avoir effectué une mission en Normandie et arrêté par la police militaire allemande le 10 mars 1941. Ce pourrait être un livre, un de plus, écrit par un ancien résistant sur son action, ses décisions, ses convictions. C’est le fils, Pierre Vergely, qui écrit au lieu et place du père, pour lui rendre hommage, bien sûr, mais aussi pour expliciter les raisons de son engagement, et décrire les états moraux successifs par lesquels peut passer un détenu entre les mains des nazis et de la Gestapo. Tout commence à la prison du Cherche-Midi, dont les conditions de détention sont décrites par Pierre Vergely : « La prison est une déclaration de guerre aux règles élémentaires qui, au monde, donnent un cadre. Entre quatre murs, ce cadre est réduit à un point de compression dans lequel l’espace et le temps s’annulent ». C’est l’univers carcéral lui-même qui est remis en cause : « Et sans se salir les mains, l’exécutif peut y exécuter. Sans compassion et sans cœur, l’ordre judiciaire est en place ».

Punto Basta, Lionel Froissart (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mercredi, 07 Avril 2021. , dans Héloïse D'Ormesson, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Punto Basta, Lionel Froissart, janvier 2021, 192 pages, 17 € Edition: Héloïse D'Ormesson

 

Comme elle le fait presque chaque semaine, Jocelyne, employée au service des cartes grises à la préfecture de police, exécute un tour de Paris au volant de sa Fiat Uno blanche, qu’elle a baptisée Paulette. Elle s’offre les « beaux quartiers », seule, ou presque, puisque que son gros chien en peluche Mike (en souvenir de Mike Brant, un verseau comme elle) est installé sur le siège-arrière. Elle passe par le XVIe arrondissement, roule non loin de la Tour Eiffel, prend les voies sur berges avec attention et décontraction. C’est son plaisir, un petit luxe qu’elle s’accorde, elle qui ne part pas en week-end mais rentre ensuite sagement à son domicile de Bobigny2. Jocelyne est heureuse. Sa voiture va bientôt être avalée par le grand tunnel du Pont de l’Alma, elle entend des moteurs de Piaggio qui la dépassent puis, tout à coup, un choc du côté arrière gauche la déstabilise, et tandis qu’elle essaie, les mains crispées sur son volant, de maintenir la trajectoire de son véhicule, elle aperçoit furtivement dans son rétroviseur une grosse Mercedes s’encastrer dans un pilier avec un fracas d’enfer. Choquée, les mains moites, elle sort du tunnel tout en s’appliquant à garder sa droite. Il y a encore relativement peu de véhicules, nous sommes le samedi 30 août 1997. Elle rejoint avec moult précautions Bobigny.

La Conférence de Wannsee, Peter Longerich (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mardi, 09 Juin 2020. , dans Héloïse D'Ormesson, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Langue allemande

La Conférence de Wannsee, Peter Longerich, octobre 2019, trad. allemand, Raymond Clarinard, 233 pages, 20 € Edition: Héloïse D'Ormesson

Le 20 janvier 1942, quinze hommes, presque tous des personnalités de haut rang de l’État national-socialiste, du parti et de la SS, parmi lesquels quatre secrétaires d’État, deux hauts fonctionnaires de poste équivalent et un sous-secrétaire d’État se réunissent à l’invitation de Reinhard Heydrich, chef de la direction générale de la sécurité du Reich, dans la luxueuse villa Marlier sur le lac de Wannsee, transformée en pension pour la SS, et située en périphérie occidentale de Berlin.

On peut voir autour de la table : Josef Bühler, gouverneur-adjoint de Pologne, Roland Freisler, du ministère de la Justice, Otto Hoffmann, chef du RSHA, Gerhard Klopfer et Friedrich Wilhelm Kritzinger, secrétaires à la chancellerie du parti nazi et à la chancellerie du Reich, Rudolf Lange et Karl Eberhard Schöngarth, de la SiPo et du SD, Georg Leibbrandt et Alfred Meyer, du ministère des territoires occupés de l’Est, Martin Luther, du ministère des Affaires étrangères, Heinrich Müller, chef de la Gestapo, Erich Neumann, représentant les ministères de l’Économie, du Travail, des Transports et de l’Armement, Wilhelm Stuckart, représentant du ministère de l’Intérieur qui fut à l’origine des Lois de Nuremberg et jadis en charge de la politique juive.

Reflets des jours mauves, Gérald Tenenbaum (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 31 Mars 2020. , dans Héloïse D'Ormesson, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Reflets des jours mauves, Gérald Tenenbaum, octobre 2019, 200 pages, 17 € Edition: Héloïse D'Ormesson

Existe-t-il des affinités aussi mystérieuses que subtiles entre la musique et le code génétique qui, à partir de quarante-six chromosomes, fait qu’aucun être humain ne ressemble exactement à un autre ? Ce même code génétique forme-t-il la figure moderne (mais en réalité éternelle) du destin, du fatum antique ? Se contente-t-il – ce serait déjà beaucoup – de déterminer la couleur de nos yeux, de nos cheveux, la forme de notre nez, ou régit-il également nos goûts, nos actions ? Existe-t-il des affinités plus mystérieuses et plus subtiles encore entre le code génétique et la Kabbale, ce très ancien courant du judaïsme, qui scrute non seulement les mots du texte sacré, mais encore les lettres de chaque mot à la recherche d’un sens caché ? Dieu a créé le monde par un acte de langage.

On le sait, les « littéraires » s’intéressent peu aux avancées scientifiques. George Steiner a écrit à ce sujet une page amère. Au rebours, non seulement les scientifiques cultivent souvent les arts en amateurs éclairés, mais ils nous donnent parfois des œuvres à part entière, comme ces Reflets des jours mauves, dont l’auteur enseigne les mathématiques à l’université de Nancy (on lui doit des ouvrages sur les fascinants nombres premiers, ainsi qu’une Introduction à la théorie analytique et probabiliste des nombres).