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Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

 

Les éditions Des femmes sont une maison d'édition lancée en 1972, principalement par des femmes du collectif « Psychanalyse et politique » animé par Antoinette Fouque, avec d'autres militantes du MLF, et financée par la mécène Sylvina Boissonnas. Elles proposent des œuvres rédigées par des femmes, sur les femmes ou pour les femmes centrées sur les problématiques liées à l'émancipation des femmes, la création et la réflexion féminines, et proposent également des livres audio.

La maison d'édition appartient à la société Soc Des femmes.

« C'est un pari, un risque pris, que des textes écrits par des femmes, fassent travailler la langue, y fassent apparaître, pourquoi pas, une différence sexuelle. »

— Antoinette FouqueLe Débat

 

Correspondance, Édition intégrale, Clarice Lispector (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 21 Janvier 2022. , dans Editions Des Femmes - Antoinette Fouque, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Amérique Latine, Correspondance

Correspondance, Édition intégrale, Clarice Lispector, décembre 2021, trad. portugais, Didier Lamaison, Claudia Poncioni, Paulina Roitman, 400 pages, 26 €

Confidences

Un choix important de la correspondance de 1940 à 1977, nous fait traverser une part du destin de la grande figure des lettres brésiliennes, Clarice Lispector. Ces archives privées contiennent des formes confidentielles d’écrits, et ce qui en résulte est tour à tour une activité d’écrivain qui écrit pour se dire que « ce qu’il offre est un trop-plein qui gonfle sa propre vie (…) qu’il trouve en lui-même ou autour de lui », et d’écrivant, selon la terminologie de Barthes, « lequel est un homme transitif, “celui qui pose une fin de témoigner, expliquer, enseigner”, dont la parole n’est qu’un moyen », une communication (Falardeau, J.-C. (1961), Écrivains et écrivants in Liberté). Corroborant cette analyse, en cela, Clarice Lispector se parle à elle-même, se répond, interroge et s’interroge, se livre et se délivre du trop-plein de son existence d’écrivaine. Par ailleurs, elle se positionne en écrivante quand elle rédige son courrier professionnel. Elle s’adresse à des poètes, dramaturges, romanciers influents tels Lúcio Cardoso, José Lins do Rego, Natércia Freire, Fernando Sabino, Érico Veríssimo, auxquels elle demande des avis sincères.

La femme qui a tué les poissons, et autres contes, Clarice Lispector (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 14 Janvier 2022. , dans Editions Des Femmes - Antoinette Fouque, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Nouvelles

La femme qui a tué les poissons, et autres contes, Clarice Lispector, décembre 2021, trad. portugais (Brésil) Izabella Borges, Teresa Thiériot, ill. Julia Chausson, 104 pages, 15 € . Ecrivain(s): Clarice Lispector Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

 

Le cafard est aussi une bête

Dans une toute récente traduction de contes, Clarice Lispector (1920-1977) fabrique de courtes nouvelles pour enfants avec ce recueil intitulé La femme qui a tué les poissons et autres contes. Ces contes sont suivis d’un texte inédit, Comme si c’était vrai. Les différentes histoires sont illustrées par une trentaine de gravures sur bois bichromiques et trichromiques (vert olive, émeraude clair et moutarde), de Julia Chausson (née en 1977). Certaines gravures situeraient l’illustratrice du côté de Félix Vallotton ou de Paul Gauguin, au vu des angles, des lignes noires et épaisses et du traitement graphique sans ombres portées.

Le Courage des rêveuses, Jacqueline Merville (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 30 Septembre 2021. , dans Editions Des Femmes - Antoinette Fouque, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Poésie, Récits

Le Courage des rêveuses, Jacqueline Merville, octobre 2021, 80 pages, 10 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

« Ainsi l’enfant dormait sans un mot, sans un pli. Il allait commencer l’énorme inscription. Il allait essayer l’énorme exception, le long resurgement de l’homme enseveli » (Péguy, Ève)

 

La boucle du temps

Le Courage des rêveuses, de Jacqueline Merville, texte court, dense, profond, illustré d’une encre de Valentin Hauben, se lit comme un « récit-poème ». Une circularité se constitue à travers des gestes répétitifs et surtout la mémoire. L’eau est l’élément ennemi, invasif, liquide dévorateur, soit provoqué par l’orage, la crue naturelle ou le dérèglement climatique. L’ancien monde disparaît, un nouveau surgit, plane, dévasté, abrasé. L’on retrouve un peu l’ambiance de La Jetée de Chris Marker, un fort contenu imagé, la face d’une réalité (terrible), des moments de vie partiels, dans lesquels les souvenirs viennent dans le désordre avec de nombreux sauts dans le temps. Au bout du souvenir, des visages de femmes émergent… L’écrit renâcle, piaffe, fait du surplace puis repart, attrape des mots comme des papillons, au vol, ou des fleurs rares, au ralenti, dans la quête d’une « survivante chanceuse ».

La mélodie sans les paroles, Catherine Benhamou (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 30 Août 2021. , dans Editions Des Femmes - Antoinette Fouque, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

La mélodie sans les paroles, Catherine Benhamou, juin 2021, 80 pages, 12 €

 

Emily Dickinson : des vérités

Cette pièce de théâtre a pour sujet la vie d’Emily Dickinson, en prenant le parti non pas d’une vérité biographique mais d’une vérité intérieure à la poétesse américaine. De fait, ce sont deux vérités qui s’affrontent : la vie de l’autrice et le féminisme de Catherine Benhamou. Ainsi le petit nombre de personnages susceptibles d’incarner un raisonnement féministe se retrouve autour de la mort du père. Et aussi dans le rapport de genre. Donc : deux explications, deux tentatives de véridicité, personnelles et interprétées. Le but visé, je crois, étant de faire de l’existence de l’autrice un exemple de défense de la condition féminine, en tout cas dans le prisme de la dramaturge.

Voyage littéraire à deux vitesses : celle de la dramaturge et celle d’Emily Dickinson, qui se rencontrent ici dans un même projet intellectuel – plus sans doute que celui de restituer la phrase de la poétesse. C’est une découpe socio-politique, l’histoire des combats des femmes à quoi nous assistons.

En pays assoiffé, Emna Belhadj Yahia (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 02 Juillet 2021. , dans Editions Des Femmes - Antoinette Fouque, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Maghreb

En pays assoiffé, Emna Belhadj Yahia, juin 2021, 250 pages, 18 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

 

Polydipsie

Emna Belhadj Yahia, née à Tunis en 1945, philosophe, écrivaine, membre de l’Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts Beït El Hikma et du Parlement des écrivains francophones, signe ici son nouveau roman, En pays assoiffé. Le récit débute à la manière d’un journal de bord, où une femme mûre, Nojoum, rapporte ce qu’elle a vu, fait et ressent, « moi qui rétrécis de jour en jour ». Dans les premiers temps de l’Indépendance, les femmes bourgeoises, parées, parfumées, vêtues de « satin cyclamen ou vert bouteille » vont au concert, ne travaillent pas, mais restent séparées de la gent masculine. « L’« immobilité forcée », « les portes (…) closes », « le rideau tombé », sont les termes de l’auteure pour planter le décor dans lequel elles évoluent, ou plutôt subissent le joug de la tradition. Pourtant, durant les heures où la Tunisie reprend ses droits et son autonomie, les femmes jettent leur voile et s’affirment. Le pays renaît, s’émancipe de l’odieuse tutelle coloniale, et en principe, les femmes profitent de ce vent de liberté.