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Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

 

Les éditions Des femmes sont une maison d'édition lancée en 1972, principalement par des femmes du collectif « Psychanalyse et politique » animé par Antoinette Fouque, avec d'autres militantes du MLF, et financée par la mécène Sylvina Boissonnas. Elles proposent des œuvres rédigées par des femmes, sur les femmes ou pour les femmes centrées sur les problématiques liées à l'émancipation des femmes, la création et la réflexion féminines, et proposent également des livres audio.

La maison d'édition appartient à la société Soc Des femmes.

« C'est un pari, un risque pris, que des textes écrits par des femmes, fassent travailler la langue, y fassent apparaître, pourquoi pas, une différence sexuelle. »

— Antoinette FouqueLe Débat

 

Maï, une femme effacée, Geetanjali Shree (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 29 Août 2024. , dans Editions Des Femmes - Antoinette Fouque, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Asie, Roman

Maï, une femme effacée, Geetanjali Shree, éditions Des femmes Antoinette Fouque, mai 2024, trad. du hindi, Annie Montaut, 250 pages, 22 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

 

La résignation

Dans son roman récent, Maï, une femme effacée, Geetanjali Shree (née en 1957, auteure de langue hindi basée à New Delhi, lauréate de L’International Booker Prize 2022) aborde la destinée et le conditionnement moral de la femme indienne – voilée même à l’intérieur de sa demeure, muette, vouée à toutes les tâches de la domesticité : « Quand on voyait le pardah de maman, on ne se posait même pas la question de ce qu’il y avait derrière. Le voile, symbole des bonnes manières et de son effacement ». La famille ici, une communauté, une famille élargie, une famille conjointe de nature patriarcale, est placée sous l’autorité incontestée des aïeux auxquels les descendants doivent obéissance absolue et respect – ce qui équivaut à une sorte de dictature. Le « modèle féminin de vertu dévouée aux siens » est imposé, le mariage considéré comme une institution sacrée. Les unions arrangées sont encore nombreuses en Inde et rompre avec la tradition, pour les jeunes couples, demeure un grand risque, celui de se retrouver sans ressources et isolés.

Chanson pour bercer de grands garçons, Conceição Evaristo (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 11 Juillet 2024. , dans Editions Des Femmes - Antoinette Fouque, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue portugaise

Chanson pour bercer de grands garçons, Conceição Evaristo, éditions Des femmes Antoinette Fouque, juin 2024, trad. portugais (Brésil) Izabella Borges, 140 pages, 14 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

 

Saudade

Pour son « écrit-vie », Chanson pour bercer de grands garçons, Conceição Evaristo convoque la réalité des conditions d’existence du peuple noir du Brésil, des femmes multipliant les grossesses –, épouses légitimes ou maîtresses attitrées ou encore compagnes de passage. Fio Jasmin, à l’origine d’une nombreuse descendance, est le fruit de l’invention de l’écrivaine. Elle le met au monde, sur papier, lui et ses nombreuses liaisons, comme autant de masques du moi, du ça et du surmoi – la conscience des siens qui l’habite, la réserve pulsionnelle de l’amour passion, et le ça, le « prince noir », l’acteur de prédilection adulé par la gent féminine. Or, Fio Jasmin est né sur un continent, le Brésil, où la racialisation par la couleur de peau discrimine les individus, les ghettoïsant dans une société eugéniste.

Elles étaient neuf, Gwen Strauss (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mardi, 11 Juin 2024. , dans Editions Des Femmes - Antoinette Fouque, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Histoire

Elles étaient neuf, Gwen Strauss, éditions Des femmes-Antoinette Fouque, février 2024, trad. anglais (États-Unis) Catherine Delaruelle, 264 pages, 22 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

 

L’échappatoire

Gwen Strauss, franco-américaine née en 1963, est autrice de livres pour enfants, poétesse, directrice d’une résidence d’artistes et d’un programme culturel à la Maison Dora Maar. Son ouvrage est important à plus d’un titre, édifiant, car il dénonce le régime vichyste de collaboration avec l’idéologie hitlérienne et l’instauration d’un antisémitisme d’État, qui ont servi de socle au génocide des Juifs d’Europe, des Tziganes, des communistes, des témoins de Jéhovah, des homosexuels, des malades mentaux, des résistants, dont tous portaient des étoiles de couleurs distinctes.

Neuf jeunes femmes – dont la grand-tante de l’autrice, Hélène Podliasky, brillante mathématicienne – témoignent des arrestations par la police française, des tortures et des meurtres de masse, à la limite de l’imaginable et du supportable.

Dis-moi de vivre (Bid Me to Live), Hilda Doolittle (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 14 Mars 2024. , dans Editions Des Femmes - Antoinette Fouque, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Récits

Dis-moi de vivre (Bid Me to Live), Hilda Doolittle, éd. des femmes-Antoinette Fouque, janvier 2024, trad. anglais (États-Unis) Claire Malroux, 228 pages, 9 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

 

Dislocation

IV

Hilda Doolittle (H.D.) emprunte pour le titre du 4ème tome de son cycle autobiographique et féministe, écrit en 1947 : Portrait d’aujourd’hui – après Dis-moi de vivre, Le Don, Hermione – les premiers mots des vers du célèbre poète anglais Robert Herrick (1591-1674, vicaire dans le comté de Devon) : « Dis-moi de vivre, et je vivrai / pour être ton Champion : / Ou dis-moi d’aimer, et je me ferai / Pour toi un cœur aimant… ». Ce nouvel ouvrage campe la génération « de moins ou d’à peine plus de trente ans [qui plongeait] encore des racines dans un passé lointain ». Cette génération ayant survécu à deux guerres mondiales, intellectuels, suffragettes et artistes, élevés entre deux siècles, entre des courants artistiques divers, de l’art nouveau, du symbolisme, de l’orientalisme au dadaïsme et au cubisme, jusqu’à l’expressionnisme abstrait.

Le Don (The Gift), Hilda Doolittle (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 07 Mars 2024. , dans Editions Des Femmes - Antoinette Fouque, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Biographie, Récits

Le Don (The Gift), Hilda Doolittle, dite H.D., éd. des femmes-Antoinette Fouque, 2024, trad. anglais (États-Unis) Claire Malroux, 168 pages, 9 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Scènes d’enfants

III

Dans Le Don, écrit en 1941, à nouveau l’histoire des États-Unis prend forme au sein des ressouvenances d’H.D. petite fille, constitutifs de sa chair même de descendante d’émigrants et de pionniers : « C’était la vie dans sa plénitude, une vie qui n’était pas destinée à sécher dans la mémoire comme la mousse pressée (…) ».

Le don, c’est le legs biologique et psychologique d’Hilda Doolittle, l’héritage du père astronome, la délicatesse de la mère musicienne, les litanies, les chants bibliques, les légendes de la parentèle et les lectures de contes de fées. À ces valeurs s’ajoutent celles de l’abolitionnisme, de l’idéal de liberté et de fraternité d’une famille éduquée. L’enchantement passe par la vision, par « le regard fasciné de ces enfants américains » bouleversés par une pièce de théâtre ambulant sur l’esclavage, regard venu de « leurs ancêtres visionnaires de l’Europe centrale et leurs aïeux de l’Angleterre élisabéthaine ».