Thomas McGuane, on le savait grand romancier. On le savait rattaché au courant dit du Montana et, par conséquent, proche souvent du « Nature Writing » (The Longest Silence (Le long silence, Bourgois), An Outside Chance (Outsider, Bourgois). Le volume qui nous intéresse ici est tout en contraste avec nos certitudes concernant McGuane : des nouvelles, fort éloignées de la tonalité montanienne. Des nouvelles, d’une finesse, d’une puissance, d’une pénétration psychologique de chaque instant.
Le lecteur avisé reconnaîtra évidemment les grands thèmes des romans de McGuane : l’absurdité des hommes, de leur vie et de leur destin. La cocasserie des relations interpersonnelles. Un goût immodéré du surgissement de l’inattendu, de l’invraisemblable, de l’outrance souvent. Et, bien sûr, le tout traversé par un regard ironique, distancié. L’humour de Thomas McGuane tient lieu de passeur littéraire. Il permet à des moments et des tableaux pitoyables et tristes de faire triompher, malgré tout, l’intelligence humaine. Les pitres, les salauds, les pleutres restent, sous la plume de McGuane des êtres intéressants, presque toujours pardonnables. Et les malheurs accentuent encore cette empathie. « Des chasseurs de canards » (un des thèmes récurrents de ce recueil) ouvre, de façon terrible, la galerie des humains trop humains de ce livre.