Depuis, au moins, Midnight Express (1978), les prisons turques traînent une réputation détestable et justifiée. Il est visible qu’en quarante ans les choses n’ont pas changé, comme s’il s’agissait d’une tradition dont le pays pût se déclarer fier, au même titre que les derviches tourneurs. Notons, sans la dénoncer, évidemment, l’étonnante passivité des organisations qui défendent les droits de l’homme, si chatouilleuses lorsqu’il s’agit d’autres pays de la région.
Au premier abord, le roman de Burhan Sönmez, Maudit soit l’espoir, est un réquisitoire accablant contre le système pénitentiaire turc, où la torture se pratique en dehors de toute extorsion d’aveux, sur des détenus aussi bien politiques que de droit commun, à qui les interrogateurs n’ont guère de questions à poser. La torture semble y être ce que sont les viols dans les prisons de femmes : une façon comme une autre de passer le temps. Burhan Sönmez connaît de première main la police et les geôles turques.