Toute la puissance – impressionnante – de ce roman est dans la véritable oppression que subit son principal personnage. Une oppression qui, parce qu’elle est volontaire et choisie, se déploie narrativement comme un cauchemar.
Gurdweil est un petit Juif viennois, sans envergure, sans importance, sans ambition. Il a quelques amis, dont la très jolie Lotte, qui de toute évidence et on ne sait trop pourquoi, l’aime secrètement. Un jour, dans un des cafés de la Vienne flamboyante des années vingt, Gurdweil aperçoit une dame non moins flamboyante, une femme qui d’emblée provoque chez lui un trouble immense.
« Il se sentit soudain pris d’une indéfinissable sensation de malaise, comme à l’annonce d’un malheur proche ».
Cette étrange sensation née lors de la rencontre avec la femme qui sera sa femme, sonne comme un sombre avertissement de ce que sera cette relation faite de haine pure. La Baronne Thea von Takow – c’est ainsi que se présente la dame – sera le bourreau quotidien – cruel jusqu’au pur sadisme – du malheureux Gurdweil, écrasé par une passion masochiste qui le dépasse.