Identification

Babel (Actes Sud)

Australia Underground, Andrew McGahan

Ecrit par Yann Suty , le Jeudi, 25 Avril 2013. , dans Babel (Actes Sud), Les Livres, Recensions, Science-fiction, La Une Livres, Roman

Australia Underground, traduit de l’anglais (Australie) par Laurent Bury (2006), Babel Noir, 370 pages, 8,50 € . Ecrivain(s): Andrew McGahan Edition: Babel (Actes Sud)

 

Une dystopie. Après le 11 septembre 2001, l’Australie a elle aussi été profondément bouleversée. Un attentat à la bombe atomique a rayé de la carte la capitale, Canberra. Dans la foulée, le gouvernement a fait alliance avec les Etats-Unis. L’état d’urgence a été déclaré. Un état quasiment totalitaire a été mis en place. Tout le pays est sous contrôle, quadrillé par les milices et les militaires. Les musulmans ont été persécutés. Les libertés sont bafouées. Mais, ainsi que l’explique le gouvernement, c’est pour le bien du plus grand nombre…

L’Australie d’Andrew McGahan pourrait presque exister en vrai. L’auteur ne fait finalement qu’exagérer certains éléments. C’est l’Australie. Ça pourrait tout aussi bien être les Etats-Unis. Ça pourrait aussi être la France. Ça pourrait être le futur qui s’annonce très prochainement. Tout a l’air tellement si familier…

Au début du roman, Leo James, un promoteur véreux se retrouve au beau milieu d’un cyclone qui ravage le Queensland. Les éléments se déchaînent. Cette fois, il se dit qu’il ne va pas pouvoir s’échapper. Lui qui a toujours trouvé de quoi se sortir de toutes les situations entrevoit clairement la fin…

La chasse au renne de Sibérie, Julia Latynina

Ecrit par Grégoire Meschia , le Mardi, 29 Janvier 2013. , dans Babel (Actes Sud), Les Livres, Recensions, Polars, La Une Livres, Russie, Roman

La Chasse au renne de Sibérie, trad. du russe Yves Gauthier. 2008, 665 pages, 11,50 € . Ecrivain(s): Julia Latynina Edition: Babel (Actes Sud)

 

 

Moins connue pour sa production littéraire que pour son journalisme politique, Julia Latynina s’intéresse tout particulièrement aux relations (souvent compliquées) entre crime et politique, entre économie et mafia. Quoi de mieux, pour parler de ces thèmes, que la Russie, pays fascinant et troublant s’il en est ? A travers l’histoire d’un combinat métallurgique de Sibérie qui trouve des implications jusqu’à Moscou, Latynina nous propose une description de la situation sociale en Russie, pays inégalitaire qui met en opposition les nouveaux riches du secteur de la banque et les pauvres prolétaires.

L’enjeu de cette intrigue majoritairement financière n’est pas réductible à une dénonciation politique du gouvernement de Poutine (l’instance politique est le grand absent du roman). Dans ce roman noir, on observe plutôt un empire en désintégration. Mais plus qu’aux aspects politiques et économiques (affaires bien souvent de spécialistes et Julia Latynina en est une), intéressons-nous prioritairement à des considérations littéraires.

Nulle part dans la maison de mon père, Assia Djebar

Ecrit par Stéphane Bret , le Mercredi, 17 Octobre 2012. , dans Babel (Actes Sud), Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Maghreb

Nulle part dans la maison de mon père, 452 p. 9,50 € . Ecrivain(s): Assia Djebar Edition: Babel (Actes Sud)

 

Peut-on prendre congé de son existence, dire adieu à sa propre personne, à son passé ? C’est la voie apparemment décrite par Assia Djebar dans un roman, autobiographique, Nulle part dans la maison de mon père. Ce père, instituteur, seul indigène de son village ayant accédé à cette fonction, est immensément sévère, rigoriste. Il élève l’héroïne en l’entourant d’une protection qui entraîne, bien vite, l’apparition de toutes sortes d’interdits : vestimentaires, relationnels. Le puritanisme est de rigueur.

Pourtant, l’héroïne du récit parvient à échapper, un peu, à cette atmosphère familiale pesante ; elle est admise dans un internat, y fait la connaissance de camarades musulmanes comme elle, et de pensionnaires européennes. Elle y découvre les joies de la lecture, de la complicité intellectuelle avec Mag, Jacqueline, Farida. Elle goûte à la liberté de mouvement, ayant la faculté de retourner dans son village à chaque fin de semaine.

Cette jeune femme est torturée par toutes sortes d’interrogations : l’émancipation intellectuelle va-t-elle de pair avec l’émancipation des mœurs si étroitement contrôlés dans cette Algérie coloniale ? Que représente son père, censeur omniprésent dans sa conscience d’enfant, dans sa vie : un protecteur ou un castrateur impitoyable ?

Badawi, Mohed Altrad

Ecrit par Stéphane Bret , le Mercredi, 19 Septembre 2012. , dans Babel (Actes Sud), Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman

Badawi, 254 p. 6,60 € . Ecrivain(s): Mohed Altrad Edition: Babel (Actes Sud)

 

A quel prix se paye la conquête de la liberté ? Cette dernière doit-elle passer par l’effacement de sa vie, de ses origines, de ses racines ?

Mohed Altrad, dans son roman Badawi pose cette question, sans que celle-ci ne revête jamais un caractère inactuel ou passéiste.

Un jeune bédouin, Maïouf, est en bute aux contraintes imposées par sa famille, qui lui interdisent l’accès à l’école, une liberté de mouvement minimale, le libre choix de sa conjointe. Pour conquérir cette liberté, Maïouf fréquente l’école presque clandestinement, se joue de l’influence néfaste exercée par sa grand-mère, personnage habité par la volonté de nuire et de répandre le mal autour d’elle. Cette libération passe pour le jeune Maïouf, par l’excellence scolaire. Il l’atteint, se fait remarquer par ses enseignants, qui lui offrent une place dans un pensionnat, à Raqqah, localité de Syrie pas comparable à Damas ou Alep dans ses dimensions, mais qui lui ouvre les portes vers le monde extérieur. Sa situation de fils d’une femme répudiée entretient également sa révolte intérieure.

Millenium 2. La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette, Stieg Larsson

Ecrit par Yann Suty , le Mardi, 28 Février 2012. , dans Babel (Actes Sud), Les Livres, Recensions, Polars, La Une Livres, Pays nordiques, Roman, Actes Sud

Millénium 2, La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette, (Flickan som lekte med elden, 2006), traduit du suédois par Lena Grumbach et Marc de Gouvenain, Babel Noir, 796 p. 10 € . Ecrivain(s): Stieg Larsson Edition: Babel (Actes Sud)


Millénium, épisode 2. Le travail est prémâché pour l’auteur qui s’attaque à une suite. Le terrain est familier. On connaît déjà les personnages, on n’a pas besoin de perdre son temps en présentations, on peut tout de suite plonger dans l’action. Force est de constater que Millénium 2 n’y parvient pas. Il faut s’avaler près de deux cents pages avant que l’intrigue démarre, et alors elle le fait au rythme d’un tracteur diesel rouillé qui n’a pas servi depuis des décennies.

Le livre souffre d’un gros problème de rythme. Les personnages se multiplient et chacun analyse la situation, mais en ne faisant quasiment que répéter ce que le précédent a dit. Ça tourne en rond. Les pages défilent et rien de nouveau n’apparaît. Le livre fait 800 pages, il n’en aurait pas mérité plus de 400. A croire que l’auteur tire à la ligne.

Millénium 2 est beaucoup plus faible que le premier opus, à tel point qu’il pourrait presque faire passer son aîné pour un chef d’œuvre. Ce qui est pourtant loin d’être le cas.