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Babel (Actes Sud)

Zabor, ou Les psaumes, Kamel Daoud (par Marie-Pierre Fiorentino)

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Jeudi, 11 Juillet 2019. , dans Babel (Actes Sud), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Maghreb

Zabor, ou Les psaumes, 330 pages, 21 € . Ecrivain(s): Kamel Daoud Edition: Babel (Actes Sud)

 

« Le vieillard était devenu une poignée de chair dans la main froissée du drap »

Zabor ou Les psaumes est d’abord un splendide livre d’images écrit dans les parages de la mort. L’histoire de Zabor, pauvre de tout sauf de ses mots, est celle d’une défaite triomphalement équivoque. Même le nom du village où Zabor vit, Aboukir, est beau de l’éclat de ses trois syllabes en branches, soleil dessiné par l’enfance dans des odeurs et des bruissements dont l’angoisse et les rêves se nourrissent.

Mais l’histoire de Zabor est aussi celle de l’émancipation par une langue que l’on décide de faire sienne. Car « Tout baiser se fait dans le silence de la langue ».

 

« L’orgasme n’est pas un complot occidental »

Au Pays des choses dernières, Paul Auster (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 04 Juillet 2019. , dans Babel (Actes Sud), Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman

Au Pays des choses dernières (In The Country Of Last Things), trad. américain Patrick Ferragut, 267 pages, 7,70 € . Ecrivain(s): Paul Auster Edition: Babel (Actes Sud)

 

Où est Anna Blume ? Elle a assurément quitté ses pénates pour aller se perdre – à jamais ? – dans une ville effrayante, lieu des plus grands désordres qu’elle ait jamais connus, un quelque part de terreur, de douleur et de misère. L’épigraphe du roman, signée Nathaniel Hawthorne, est seule à donner nom à cette ville sans nom.

 

« Il n’y a pas si longtemps, ayant fran-

chi les portes du rêve, j’ai visité cette

Région de la terre où se trouve la

Célèbre Cité de la Destruction ».

La Destruction du Parthénon, Christos Chryssopoulos

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 02 Mars 2017. , dans Babel (Actes Sud), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Roman

La Destruction du Parthénon, Christos Chryssopoulos, trad. grec Anne-Laure Brisac (O βομβιστής τον Παρθενώνα, 2010), 96 pages, 5,80 € . Ecrivain(s): Christos Chryssopoulos Edition: Babel (Actes Sud)

 

Difficile d’imaginer une image qui colle plus à Athènes que celle de l’Acropole et du Parthénon. Même mangé par la pollution et l’urbanisme depuis des décennies, le monument reste l’emblème de la Grèce, ignorant du cours de l’histoire, il semble avoir figé une fois pour toutes la Grèce dans son antiquité en dépit des nationalismes, des guerres, de la dictature des colonels, comme des crises socio-économiques endémiques. On peut aisément concevoir qu’un tel monument puisse aussi être une charge et un poids qui pèse de toute son histoire sur les épaules des grecs, alors qu’il ne leur appartient plus vraiment. Rien de vraiment surprenant alors que lors de la période trouble de la deuxième guerre mondiale finissante, alors que vacille la dictature en place et que s’annonce une guerre civile, des voix se fassent entendre appelant à faire table rase du passé, et à commencer par mettre à bas le Parthénon. Cet appel fut lancé en 1944, par un certain Yorgos Makris, alors âgé d’une vingtaine d’années. Un appel entendu quelques décennies plus tard par Ch. K. qui décide de passer à l’acte.

Le cocher, Selma Lagerlöf

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mercredi, 07 Décembre 2016. , dans Babel (Actes Sud), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays nordiques, Fantastique, Récits

Le cocher (Körkalen, 1912), trad. suédois Marc de Gouvenain, Lena Grumbach, 152 pages . Ecrivain(s): Selma Lagerlöf Edition: Babel (Actes Sud)

 

 

Ce récit publié peu avant la « grande guerre » est sans doute de ceux qui témoignent des derniers éclats du romantisme et du post-romantisme avant la grande bascule. Il peut aujourd’hui nous sembler vraiment appartenir à un autre temps qui serait si révolu qu’il en deviendrait pour nous exotique, quasiment incompréhensible. C’est qu’il y a quelque chose dans ce récit des danses macabres, celles mises en images par nombres de peintres au cours des siècles (de Jérôme Bosch à Holbein, pour n’en citer que deux), par des musiciens au cours des grandes années du romantisme (Saint-Saëns ou Franz Liszt, par exemple). S’y ajoute la touche moraliste propre à cette époque, que l’on peut aussi trouver désuète et bien mélodramatique, et qui n’est pas sans rappeler le ton d’une autre grande plume scandinave, celle d’Andersen.

Danser les ombres, Laurent Gaudé

Ecrit par Zoe Tisset , le Samedi, 03 Décembre 2016. , dans Babel (Actes Sud), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Danser les ombres, 250 pages, 7,80 euros. . Ecrivain(s): Laurent Gaudé Edition: Babel (Actes Sud)

 

Laurent Gaudé à travers ce roman  rend hommage à Haïti et à sa population. Il en trace une cartographie emplie d’humanité, de courage, sans pour autant tomber dans le misérabilisme. Ici, ce sont encore les liens humains qui priment, malgré les manœuvres et les turpitudes politiques. Lucine, arrive de Jacmel à Port-au-Prince pour y annoncer un décès. Mais très vite, elle prend conscience qu’elle ne pourra plus repartir de cette ville où elle a vécu les révoltes estudiantines. « Elle était là, elle, au milieu de tout cela, et elle sentait qu’elle retrouvait non seulement sa ville, puante, grouillante, frénétique, mais aussi sa propre existence. » Gaudé montre aussi à travers des vies et des personnages qui se croisent les différences sociales énormes de ce pays. «La grande porte du grillage s’ouvre enfin et Saul découvre ce qu’il ne pensait pas possible à Port- au-Prince : un vaste parc en terrasse, verdoyant, où des petites allées de graviers serpentent à travers les manguiers, descendent en escalier jusqu’à une immense villa qui domine la ville (….). Le vrai luxe pense t-il à cet instant, c’est d’échapper aux regards. Dans cette ville où tout le monde vit dehors, où l’on peut assister- le temps d’une promenade- à des disputes, des parties de cartes entre amis, des bains de nourrissons, le vrai pouvoir, c’est se soustraire aux yeux des autres. »